Vers la banalisation du racisme

6 novembre 2013

Aujourd’hui, comme il semble normal d’expérimenter sur l’humain que sur l’animal, il est aussi normal que l’on se montre raciste publiquement sans aucune crainte. On peut librement critiquer et juger de la couleur noire de la peau comme on peut porter des injures racistes sur une ministre de la République sans avoir peur de la justice. Cela peut venir d’un militant de parti comme d’une jeune collégienne “mineure”, car l’impunité est totale.

Où va notre civilisation européenne, quand nous sommes dépassés par nos homologues américains qui élisent au 21ème siècle un Noir pour Président de cet immense territoire ? Sommes-nous aveugles ou attardés dans nos connaissances des humains et du monde pour penser encore à la supériorité d’une race sur une autre ? Est-ce une ignorance de la part de certains qui côtoient au quotidien ces Noirs du monde entier, sur leur lieu de travail, dans leur quartier de ville ou dans les écoles ? Ce qu’on ne comprend pas, c’est qu’ils étaient sur les mêmes bancs d’école, qu’ils ont reçu les mêmes instructions, les mêmes formations quasiment, et ont fini par obtenir in fine les mêmes diplômes qui leur donnent accès à égalité à l’emploi. Il y a donc quelque chose qui ne tourne pas rond dans notre Pays la France, et on pourrait dire que tout semble aller à vau-l’eau.

Le pire ici, il s’agit d’une Domienne d’un département français comme la Guadeloupe, qui plus est avant tout juriste et un ministre d’État, la troisième personnalité du gouvernement, et on ne veut pas lui reconnaitre ses origines. Ne sont-elles pas bonnes peut-être ? Celles que tous ne souhaitent pas inclure dans la Nation comme composante française ?

Autrement, ce n’est pas la faute de ces personnes car longtemps on veut les comprendre et les dédouaner. A commencer par ce même gouvernement auquel appartient la ministre, qui ne s’est pas levé comme un seul homme pour traduire en justice ces ultra-républicains. La ministre elle-même n’ose pas, ainsi que les politiques des autres partis. Quand de jeunes militants de Manif pour tous, dont une encore jeune d’une dizaine d’années pouvait oser, en présence de ses parents, lancer à la ministre, Garde des Sceaux : « C’est pour qui la banane ? C’est pour la guenon ! » , nous pouvons dire que tout reste à faire, que toutes nos valeurs sont bafouées. On a aussi « Taubira, tu sens mauvais » entendu d’un autre militant. Nous estimons que les propos sont extrêmement graves, qu’ils ne méritent pas de simples indignations. Ces comportements intolérables montrent le niveau atteint par certains citoyens encore incultes de leur histoire. Cela constitue un délit, qui ne doit rester sans suite judiciaire. Cela nécessite que les auteurs mineurs ou majeurs s’expliquent devant la juridiction compétente du délit commis. Ne rien dire ou ne rien faire, nous en doutons, provoquerait des réactions incontrôlables des personnes noires qui se sentiraient humiliées dans la République. Ce que nous espérons serait encore loin d’être pensé et qu’il n’y arriverait pas un jour. Les responsables de la Manif pour tous, même en se désolidarisant de ces manifestants dont les propos sont contraires à la charte publique et officielle de leur association, ils ont failli en ne remettant pas ses personnes aux mains de la justice. En ne se mettant pas au premier rang pour intenter une action en justice contre ces personnes bien identifiées et identifiables, on est en droit de penser que leur responsabilité est engagée.

C’est la honte de la Nation qui se veut le pays des droits de l’Homme. Plus personne ne peut croire aux droits que nous estimons défendre, car ils ne sont qu’écrits noir et blanc sur du papier, mais ne s’observent et ne s’appliquent réellement dans les faits, comme on souhaiterait qu’on le dise au quotidien.

Il n’est jamais trop tard, et il n’est pas tard que ceux qui ne veulent pas de cette France de la division, de la haine gratuite et du racisme s’installent et s’étalent. L’État lui-même, et les politiques, au premier rang, doivent quitter leur immobilisme, leur mutisme et défendre la République en danger par l’application sans concession des lois existantes en la matière, ou en les renforçant.

Bienvenu H. Diogo


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