
Assemblée générale de la section PCR de Sainte Suzanne
2 juillet, parC’est dans une ambiance chaleureuse avec un état d’esprit fraternel que les délégués de la Section PCR de Sainte-Suzanne se sont réunis en (…)
4 juin 2013
Le 4 février dernier, sous l’impulsion du professeur d’histoire Sudel Fuma était créé par une quarantaine de personnes le Comité pour le 350ème anniversaire de la naissance du peuple réunionnais.
Quelques mois plus tard, le 30 mai 2013 précisément, était lancé le colloque international de commémoration du 350ème anniversaire du peuplement de La Réunion.
La situation de crise politique et, par voie de conséquence, les crises sociales et économiques que vit une grande partie du peuple réunionnais appellent de nous une exigence dans tous nos actes et a fortiori quand il s’agit de s’exprimer sur des concepts voire de (dé)livrer des messages incitatifs à la mobilisation du peuple pour aller de l’avant.
Comment expliquer que le mot peuple soit devenu en quelques mois le mot peuplement ? Comment expliquer que la discipline Histoire soit omniprésente dans ce colloque qui, en filigrane, se veut novateur dans une démarche de « réhabilitation de la politique culturelle ». Est-ce la fatalité des peuples colonisés de répéter les rituels commémoratifs sans jamais réinterroger leur sens et leur portée ? Est-ce une condamnation à l’errance intellectuelle que doit subir notre peuple entre peur, fourberie, vanité, approximation, complaisance, show médiatique et déclarations incantatoires ?
Il est toujours intéressant d’organiser des colloques sur l’histoire de La Réunion parce qu’ils peuvent participer à la réparation, peu à peu, du long silence et de l’ignorance organisée. Le silence sur les violences de la colonisation a été comme une double peine infligée aux victimes, un mensonge par omission pour maintenir lâchement sa domination. Mais qu’est-ce qui nous garantit que le colloque de commémoration du 350ème anniversaire du peuplement est autre chose qu’une énième vitrine dépourvue d’effets réels et efficients sur la société réunionnaise ? Nous avons déjà eu, si l’on peut ainsi s’exprimer, le 150ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage. Vivons-nous mieux depuis ? Existe-t-il une dynamique collective réunionnaise ? Faisons-nous mieux ensemble ? Assistons-nous à un engagement politique pérenne lors du 20 décembre ? Y a-t-il des actes et des discours de portée générale soutenus par les dirigeants ? Le peuple s’y reconnaît-il collectivement ? Finalement, ne sommes-nous pas « en train de passer du marron au col blanc. Détournement » ainsi que le constatait dès 1981, dans un édito du journal “Fanal”, l’intellectuel réunionnais Alain Lorraine à propos des célébrations du 20 décembre (n°6, 7-13 nov. 1981) ?
Ce colloque nous amène à interroger la manière d’envisager la place de l’histoire dans une démarche dynamique de développement du peuple réunionnais. La pratique historique elle-même ne doit-elle pas être interrogée dans ses objectifs ? Quel est le type de savoir visé et quelle fonction lui attribue-t-on ?
Il y a plusieurs conceptions de l’histoire dont les effets pratiques diffèrent. L’histoire peut être perçue comme un récit factuel, une suite narrative d’événements passés et datés, disposés de manière linéaire, proposant un enchaînement de causes à effets. Ce temps historique reproduit une représentation du temps parmi d’autres : celle de la flèche chronologique. Dans cette optique, l’objectif consiste à préciser et vérifier, par des méthodes propres, telle ou telle donnée événementielle.
Mais l’histoire vit ailleurs que dans les livres d’histoire. Elle est incarnée dans la vie des sociétés dans la mesure où elle habite les mémoires humaines, où elle a forgé des représentations, conscientes et inconscientes, où elle a inspiré des pratiques, transmises de génération en génération, fidèlement ou non. Cette conscience historique permet à chacun et chacune de donner sens à son existence individuelle, intergénérationnelle, collective. Elle permet de se comprendre à la fois comme héritier de ce qui a eu lieu et capable de transformer ses héritages. Là, le passé n’est pas chose morte, il donne matière à agir dès aujourd’hui, avec l’horizon de demain en perspective.
Pour que l’histoire réunionnaise prenne sens, tout son sens, dans nos vies présentes, ne devrions-nous pas ouvrir le savoir historique à la diversité des expériences ? Ne serait-il pas pertinent de le tisser à d’autres savoirs. Le philosophe Edgar Morin a maintes fois souligné la nécessité de faire éclore une pensée complexe capable de capter les interactions multiples entre les phénomènes. Il préconisait une "pensée de la reliance" apte à briser les cloisonnements stériles. La spécialisation est nécessaire, mais elle s’enrichirait de la rencontre avec d’autres approches. Dans ce colloque, même si la géographie et la psychopathologie sont également présentes, nous avons besoin du concours de toutes les sciences humaines.
Nous avons besoin aussi d’entendre les voix de celles et ceux qui ne sont spécialistes de rien, seulement experts du vivre, porteurs d’expérience, et sans doute les plus désireux d’un changement vital. Tant il est vrai que ceux qui ont le pouvoir ne se sentent pas nécessairement concernés par les urgences sociales et politiques. Inversement ceux qui aspirent à transformer le réel ne disposent pas toujours des ressources matérielles pour accomplir leurs potentialités.
Le partage des savoirs
Lors de l’annonce à la presse du colloque sur les 350 ans du peuplement de La Réunion, les organisateurs ont énoncé l’objectif "d’informer et de former" la population. Mais quand et comment ? Rien n’est précisé. Cela ne pouvait-il se faire en amont ? Il y a déjà eu tellement de déclarations d’intention jamais suivies d’effets ! Prévoir des rencontres sur le terrain après coup revient à distribuer le savoir d’en haut, depuis les sachants aux “ignorants”. Dans une société structurée par la colonisation, une rupture individuelle et collective est fondamentale pour éviter de reproduire le schéma colonisateur/colonisé. Le risque est permanent que le colonisé imite le comportement du colonisateur. Nous avons besoin d’une approche transversale où le savoir populaire vaut le savoir savant. Nous avons besoin d’une approche où la dimension émotionnelle vaut la dimension rationnelle. L’enjeu d’une démarche de « réhabilitation" se situe dans notre capacité à radicalement changer de paradigme à la fois dans la visée de notre analyse et dans la mise en forme de ce qui favorise le développement.
Quant au contenu, tel qu’il se révèle dans le programme des interventions, on retrouve l’habituelle perception de la réalité réunionnaise comme étant le découpage "en parts" multiples. Evoquer le peuplement de La Réunion reviendrait à énumérer les origines géographiques de celles et ceux qui ont abordé l’île, une énumération non exhaustive d’ailleurs si on s’en tient au programme. Tant qu’à faire l’inventaire, il vaut mieux penser à tout le monde ! Du coup, l’histoire de La Réunion est figurée, à l’instar de ce programme, comme une liste comptabilisant et valorisant les apports des diverses populations. Pas d’annonce d’une réflexion sur les modalités de contacts, de conflits éventuels, d’influences réciproques, sur les non-dits, les rapports de genre, les inégalités sociales et économiques, qui donnent à la culture réunionnaise sa complexité, sa richesse, sa plasticité, son art des métamorphoses, en somme sa consistance.
On est en présence d’un discours à double face. En glorifiant, souvent dans un style marketing, l’originalité de la société réunionnaise, on plaque sur cette singularité une grille classique. Or, elle est impuissante à en rendre compte. La notion tellement galvaudée du "vivre ensemble" relève de la paresse intellectuelle. Elle découle de l’idée maîtresse d’une société réunionnaise de métissage et de tolérance. Or, la tolérance, à connotation paternaliste, indique qu’il existe un "maître étalon", un standard au regard duquel la différence est tolérée, hypocritement, sans véritable connaissance mutuelle, vécue et respectée. Ce "vivre ensemble" traduit en slogan l’expression créole "dann wi na pwin batay". On vante une harmonie de surface de peur de faire émerger les remises en cause possibles. En réalité, le véritable enjeu c’est de "faire ensemble", invitation à la conscience des différences et à la volonté, voire le plaisir, d’assumer la responsabilité de notre devenir en qualité de peuple.
Or, nous ne pourrons "faire ensemble" et agir collectivement que dans une confrontation courageuse à la réalité réunionnaise dans toute sa complexité, dans une fidélité à sa singularité effective. C’est dans le frottement perpétuel entre les théories, les concepts d’une part et le flux du réel d’autre part que doivent se former les récits et discours qui font sens, qui permettent de voir clair sur nous et notre environnement, qui donnent envie de faire autrement mieux, d’aller plus loin, plus haut. N’est-ce pas là la tâche des intellectuels, s’ils veulent s’impliquer dans la vie de leur société et travailler pour elle ? Mais "briser les stéréotypes et autres catégories réductrices pour la pensée et la communication" (Edward W. Saïd, Des intellectuels et du Pouvoir) exige que les intellectuels s’interrogent sur leur place et leur rôle dans la société : aux côtés de qui et en vue de quoi ?
Glisser du peuple au peuplement est inquiétant quant à leur capacité à assumer la responsabilité à laquelle ils prétendent. Serions-nous encore en 1965, date alors choisie pour commémorer le 300ème anniversaire du peuplement de La Réunion ? Le Père René Payet s’était attiré les foudres des autorités religieuses et politiques pour avoir osé parler du "peuple réunionnais" dans son sermon. (cf. Quel diable de prêtre, p. 57).
"Commémoration des 350 ans du peuplement de La Réunion" : quelle belle opportunité ! Pas seulement pour regarder en arrière, mais pour prendre conscience de la jeunesse de notre histoire ; pas seulement pour se souvenir ensemble, comme nous y invite le terme de commémoration, mais pour agir ensemble ; pas seulement pour parler du peuplement, mais du... peuple.
Le peuplement évoque un processus démographique, un mécanisme décrivant le déplacement de diverses populations, plus ou moins nombreuses. Le peuple est porteur d’une volonté collective tendue vers l’espoir d’un autrement. Notion politique dira-t-on ? Sans doute, et fort heureusement, mais également éthique, parce que vivre en société, c’est vivre avec l’autre, tous les autres. Le vivre ensemble doit être en réalité un "bien vivre ensemble", ce qui implique le souci, la sollicitude pour les autres, en particulier ceux qui sont dans la détresse, comme nous y invite le philosophe Paul Ricoeur.
Et si on s’émancipait !
Le peuple réunionnais n’est pas seulement une affaire de peuplement, mais une dynamique sans cesse en mouvement de ce que des êtres humains, plongés dans l’enfer de la colonisation, de l’esclavage et de l’engagisme réussissent à inventer pour devenir. Il ne s’agit plus de considérer platement l’expression « un peuple qui ne connaît pas son passé est comme un arbre sans racines ». Il s’agit davantage de comprendre et d’accompagner le développement d’une société en crise de conscience, de valeurs et de projets vivifiants à partager pour l’intérêt collectif.
Savoir oui, mais savoir pour mieux être, savoir pour mieux agir, savoir pour s’émanciper des mensonges, des viols et des violences, des fourberies et des choses que nous nous racontons pour ne pas agir et qui ont caractérisé l’histoire coloniale. Sans cela, nous resterons inconscients et prisonniers, nous perpétuerons la colonisation sous de nouvelles formes, mais tout aussi perverses que celles qui sévissent sur nos pays aujourd’hui encore.
Brigitte Croisier et Eric Alendroit
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