Rythmes : « Ce qui fatigue l’enfant, d’abord et avant tout, c’est l’échec »

26 octobre 2013

(photo © mag - Fotolia)

« … Ce dont il a besoin plus que tout, ajoute le chercheur en éducation Philippe Meirieu , c’est d’une pédagogie qui l’aide à focaliser son attention, qui lui propose des contenus de savoirs mobilisateurs, qui l’accompagne dans son travail pour qu’il en améliore sans cesse la qualité, qui valorise ses réussites et lui permette d’accéder, grâce à des médiations adaptées, aux grandes œuvres de notre culture ».

C’est dire que la question des rythmes de vie de l’enfant est inséparable d’une refonte globale à la fois des programmes scolaires et des stratégies pédagogiques à mettre en œuvre. Telle doit être l’ambition de la loi d’orientation et de programmation sur la refondation de l’École.

Depuis les premiers travaux scientifiques à l’orée des années 60, on a au moins deux certitudes concernant l’organisation de la semaine scolaire :

- l’interruption de deux jours en fin de semaine perturbe gravement les rythmes chrono-biologiques de l’enfant,

- les périodes de moindre vigilance de l’enfant, au moins jusqu’à la fin de l’école primaire, se situent en début de matinée et d’après-midi.

Si l’on s’en tient à une semaine de quatre jours et demi de travail, ces constats entraînent les conséquences suivantes :

- libérer le mercredi et travailler le samedi matin,

- organiser une entrée progressive dans le travail scolaire en début de matinée,

- allonger la pause méridienne pour reprendre ensuite des activités scolaires plus intenses.

Enfin, chacun s’accorde à dire, au moins sur le principe, que le temps de sommeil chez l’enfant est une donnée fondamentale : le Dr Turquet rappelait récemment dans ces colonnes que les enfants réunionnais dormaient en moyenne 30 à 45 minutes de moins que ceux de métropole.

Tous les acteurs du champ éducatif connaissent ces données de base : sont-ils prêts à en tirer les conséquences, y compris s’il est parfois nécessaire de composer avec des spécificités locales ?

Comment s’y prendre pour que chacun d’entre eux, parents d’élèves, enseignants, personnels d’éducation, monde associatif, collectivités territoriales et même… élèves suivant l’âge, qui détiennent chacun une parcelle de temps éducatif, scolaire ou non scolaire, ait voix au chapitre ?

Un outil existe : le Projet éducatif de territoire (PEDT), qui a vocation à réunir tous ces acteurs autour d’une élaboration partagée des projets de territoire visant à repenser l’articulation de l’ensemble des apprentissages, dans et à côté de l’école.

Mais à plusieurs conditions : que chacun soit reconnu par l’autre comme un partenaire à part entière, que chaque représentant du champ éducatif soit associé dès l’origine à la construction de ce projet, à son suivi, à ses bilans d’étape, à ses évolutions, que l’ensemble de la communauté éducative soit régulièrement informé des travaux et des décisions, que des consultations soient périodiquement organisées pour valider ou infléchir les préconisations issues du projet.

Cela suppose enfin une réelle exigence pour que les temps éducatifs non scolaires bénéficient d’un encadrement qualitatif et quantitatif bien plus ambitieux qu’actuellement : il s’agira sans doute de repenser des cadres où des professionnels mieux formés et reconnus cohabiteront avec des acteurs bénévoles et volontaires mieux accompagnés qui permettront de valoriser toutes les ressources d’un territoire au profit d’une meilleure cohésion sociale et intergénérationnelle.

Ligue de l’enseignement - Fédération de La Réunion


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