Nout mémwar

Un double 8 mai 45 : celui de la libération de la France et de la répression coloniale

8 mai 2015

Ce vendredi 8 mai 2015, on célèbre le 70ème anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, avec la victoire des forces alliées dans le monde contre les fascistes et en particulier la libération de la France occupée par l’Allemagne nazie. Afin de cultiver notre mémoire historique, nous ne devrons jamais oublier toutes les horreurs vécues par une grande partie de l’humanité durant cette guerre entre 1939 et 1945, avec notamment des dizaines de millions de morts.
Et dans cet esprit, en tant que Réunionnais, nous devons notamment rappeler que des centaines de nos compatriotes — femmes et hommes — ont contribué avec de nombreux autres peuples colonisés à la libération de la France. D’où cette question : l’État français respecte-t-il aujourd’hui les droits fondamentaux de ces peuples ?
La question mérite d’autant plus d’être posée que le 8 mai 1945 est aussi une autre date historique qui ne doit pas être oubliée : celle d’une violente et criminelle répression par les colonialistes français en Algérie contre le peuple algérien qui s’est soulevé pour la libération de son pays. C’est pourquoi nous reproduisons ci-après de larges extraits d’une déclaration que vient de publier en France le Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires (FUIQP) à ce sujet.

En ce 8 mai 2015, soixante-dixième anniversaire des massacres du 8 mai 1945 commis par l’armée française contre le peuple algérien, le FUIQP salue la mémoire des victimes : l’Histoire a donné raison à nos aînés et à tous ceux qui ont combattu la colonisation et le colonialisme ! Puisse cette mémoire nous aider à tirer enseignements et énergie militante pour lutter contre les injustices présentes, lesquelles sont dans une filiation chronologique et idéologique des injustices passées : guerres impérialistes contre les peuples, domination par des mécanismes économiques, guerres sociales contre les quartiers populaires, racisme d’État…

Le FUIQP est conscient des moyens considérables mobilisés par les offices et médias au service de l’impérialisme, du sionisme et du capitalisme pour javelliser l’Histoire, pour détruire la mémoire historique et populaire, dans le but de faciliter ainsi l’imposition de ses propres vues et mots d’ordre.

Il est aisé d’observer qu’aucune des guerres d’hier comme d’aujourd’hui n’apporte la moindre once de « civilisation » et que toutes sans exception n’ont comme seul résultat que de faire couler des rivières de sang des peuples. Elles n’ont hier comme aujourd’hui qu’un objectif : la maîtrise et la possession des matières premières (pétrole, uranium…) par les classes dominantes à l’échelle mondiale.

Comme l’écriture de l’Histoire est une bataille qu’il faut aussi mener, rappelons les faits sur lesquels un consensus de plus en plus large des historiens semble se construire : les massacres, qui se sont étalés de mai à juin 1945, ont été le fait des unités militaires et non d’affrontements civils.

Les victimes algériennes sont des civils, pour l’essentiel des paysans pauvres (dépossédés illégalement et par la force militaire de leurs terres) et des ouvriers : ce sont donc des crimes de classe, des crimes contre l’Humanité, des crimes de guerre ; c’est un génocide !

Ces massacres dits du 8 mai 1945 sont dans la continuité des crimes coloniaux depuis le début de la colonisation de l’Algérie (ainsi que de celles de l’Afrique et de l’Asie).
L’Association du 8 mai 1945 fournit des éléments édifiants à ce propos : « L’armée coloniale expérimenta l’extermination par le gaz un bon siècle avant l’Allemagne nazie » avec les enfumades et emmurements dans le Dahra en juin 1844 par le colonel Cavaignac et des Ouled Riah le 19 juin 1854 par le colonel Pélissier.

Il est utile aussi de citer les propos des acteurs même de cette colonisation, comme le général Camou : « Tous les villages des Benni-Immel ont été pillés et brûlés. On quittait des villages en feu par des sentiers semés de cadavres. Plus de trois cents villages avec leurs mosquées, écoles et zaouias ont été détruits ». Ou encore le général Bugeaud : « Plus de cinquante beaux villages, tout en pierre, ont été pillés et détruits ».
Tout cela en dit long sur « les bienfaits de la colonisation » !

Le FUIQP revendique et se mobilise pour une reconnaissance politique : c’est-à-dire une condamnation sans équivoque de la colonisation et du colonialisme, l’abrogation de la loi de février 2005, l’enseignement de ces faits historiques dans les institutions scolaires...

Pour le FUIQP, cela passe par l’édification d’un front populaire en France contre le racisme et les guerres impérialistes. Car, comme hier, ces guerres sont menées sur une base raciste : apporter la civilisation ‘’supérieure’’ du ‘’Nord’’ à celles, ‘’inférieures’’, du ‘’Sud’’ ! Enfin, le FUIQP n’omet pas la responsabilité des gouvernements des pays hier colonisés, aujourd’hui indépendants mais toujours dominés en raison (entre autres) de la soumission de leurs dirigeants aux injonctions des officines OTAN, FMI, Banque Mondiale, OMC, USA, UE, ....

Vive la lutte des peuples contre l’impérialisme !


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus