Les Français lisent de moins en moins, tandis que les écrans gagnent encore du terrain

Baromètre 2025 « Les Français et la lecture » (Etude CNL)

9 avril, par Rédaction Témoignages

Mardi 8 avril 2025, le Centre national du livre (CNL) a rendu publics les résultats de la sixième édition de son baromètre bisannuel « Les Français et la lecture », réalisé par Ipsos.

Mesurer, comprendre et identifier les pratiques des Français vis-à-vis du livre et de la lecture.

Mis en œuvre depuis 2015 par le Centre national du livre (CNL) et confié à Ipsos, ce baromètre bisannuel porte sur un échantillon de 1 000 personnes, représentatives de la population française (dès 15 ans et plus) et interrogées par téléphone. Il a pour objectifs de mesurer, sur la durée, les pratiques et les perceptions des Français vis-à-vis du livre et de la lecture, mais aussi de mieux comprendre ce qui favorise ou au contraire freine la lecture.

Les principales conclusions à retenir de la 6e édition de ce baromètre :

Globalement, les Français lisent de moins en moins

La part des Français se déclarant spontanément lecteurs diminue sur toutes les catégories, en particulier sur les lecteurs réguliers (-5 pts vs 2023). En effet, au cours des 12 derniers mois, 63 % des Français déclarent avoir lu au moins 5 livres (-6 pts vs 2023) et la part de lecture quotidienne baisse (-4 pts vs 2023), pour atteindre son niveau le plus bas depuis 10 ans. Les Français lisent également de moins en moins au format papier (-4 livres vs 2023). En revanche, la lecture au format numérique a progressé en 10 ans (+3 livres vs 2015) et désormais environ la moitié des 15-34 ans lit au format numérique. De la même manière, l’écoute de livres audios continue sa progression (+2 pts vs 2023), en particulier chez les grands lecteurs (+8 pts).

L’attention des lecteurs est régulièrement distraite

27 % des lecteurs font autre chose en même temps qu’ils lisent (notamment envoyer des messages ou aller sur les réseaux sociaux), en particulier les 15-24 ans (53 % des lecteurs de 15-24 ans font autre chose en lisant) et les 25-34 ans (42 % des lecteurs de 25-34 ans font autre chose en lisant).

Les librairies généralistes sont moins sollicitées

Les acheteurs de livres se tournent moins vers les librairies généralistes (-7 pts vs 2023) et ceux qui n’achètent pas en librairie invoquent plus qu’avant l’impossibilité d’y acheter d’autres articles.

Les modes de prescriptions sont redéfinis

Les acheteurs de livres estiment que la présence d’un livre ou d’un auteur sur Internet leur donne envie d’acheter le livre évoqué (55 % chez l’ensemble des acheteurs et jusqu’à 91 % chez les acheteurs de 15-24 ans). Pour les lecteurs, des conseils ou des discussions sur les réseaux sociaux peuvent également leur donner envie de lire (47 % chez l’ensemble des lecteurs ; 79 % chez les 15-24 ans ; 60 % chez les 25-34 ans), tout comme le visionnage d’une série ou d’un film adapté sur une plateforme (43 % chez l’ensemble des lecteurs ; plus de 60 % chez les moins de 35 ans). En revanche, chez les non-lecteurs, peu de raisons sembleraient déclencher leur envie de lire.

La concurrence des autres loisirs, en particulier en ligne et sur écrans, freine la lecture.

Pour leurs loisirs, les Français se tournent de plus en plus vers Internet pour différentes activités (+7 pts vs 2023), en particulier les moins de 35 ans : tous (100 %) pratiquent des activités sur Internet. Sur leur temps libre, les Français consacrent ainsi presque une journée par semaine aux écrans (23h27 ; +49 minutes vs 2023 hors études/travail) et jusqu’à plus de 35h par semaine chez les moins de 25 ans, soit quasiment autant de temps aux écrans chaque jour (3h21 par jour) qu’à lire des livres chaque semaine (3h40 par semaine ; -1h07 par semaine vs 2023).

Alors que, concernant la pratique de la lecture, tous les indicateurs sont au rouge et révèlent, a contrario, combien les écrans phagocytent notre vie, seules des actions claires et volontaristes peuvent contribuer à la préservation d’un temps, pour chacun, propice au livre et à la lecture et donc au calme, à la réflexion, aux récits qui s’apprécient sur le temps long.

Pour Régine Hatchondo, présidente du CNL : « Les écrans sont là, au quotidien dans nos vies, notamment celui du smartphone avec ses applications, et un bon usage du numérique peut apporter beaucoup. Mais pour la première fois dans son histoire, l’espèce humaine est confrontée au fait d’avoir une sorte de « doudou » greffé au bout de son bras, dernière fenêtre caressée avant de s’endormir pour reprendre les mots d’Alain Damasio, et la première ouverte au réveil. Face à cette omniprésence des écrans dans nos vies, à l’enfermement algorithmique et à la fragmentation de l’attention créés par les réseaux sociaux, la lecture est menacée. Les données révélées par notre baromètre sont inquiétantes. Une prise de conscience individuelle et collective est aujourd’hui nécessaire pour l’avenir de nos sociétés et celui de la filière du livre. C’est là tout le sens de l’action du CNL, déployée sous l’impulsion du ministère de la Culture, grâce notamment au maintien des crédits alloués à la grande cause nationale depuis 4 ans qui lui permet de déployer ses opérations nationales, ses programmes et ses manifestations littéraires visant à placer le livre au cœur du quotidien des Françaises et des Français. »


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