10 Lignes pour le 10 mai

10 mai 2008

“Témoignages” a sollicité différents auteurs pour écrire une dizaine de lignes pour le 10 Mai. Voici les envois qu’ils ont bien voulu nous transmettre pour publication dans notre journal.

Di amoin ankor
Konmsa na gingn alé di partou
Di amoin ankor
Koman té i apèl sak

- Madam azot, marmay azot, bonom azot, granmoun azot -
La tienbo sèktèr
La sobat
La lèv debout
La pa larg lo kor.
Di amoin ankor zot non
Episa di amoin kosa zot la fé
Sak

- Partou ninportousa ninpotékèlfason -
La dépotol lésklavaz la
La dézarbout lésklavaz la
La mèt ali vantranlèr.
Di amoin ankor

- Pou nou mèt sanblani pou zot
Pou nou bat tanbour pou zot
Pou nou fé servis pou zot
pou nou plant piédboi pou zot -.
Di amoin ankor
Pou nou lèv debout konm zot.

Carpanin Marimoutou, fonnkézèr


Di mé... ke c... une date ? non... di mé... c koi ? koné pa. Di mé oussa i sort ? di mé réponn a moin... lèsss pa moin dan fénwar... di mé ou réponn ou koué... di mé ou anfout moin ou la... di mé... ééé alé marshé dann bordaz la mèr don... di mé koué to la po di mé ti plann ou koué... nartrouvé lo 20 ou kan vi ve... mé... di... fète nout liberté kan vi ve... hein... di mé... mi rajout zis vive nout liberté.

Jean-Yves Hoarau, chanteur musicien


Chanson anonyme

O mer moire mémoire du peuple noir
mer mer plus amère que margose amère
redis-moi les têtes crépues de l’innombrable
têt kaf enfouies sans nom dans l’abîme

Patrice Treuthardt paru dans “Les Manèges de la Terre”


I di domoun lani domoun akoz nou la komans, rire, révé, maziné, kréé, pinn, shanté, dansé ; ziska rakonte zistwar, bann konte, afors nou la fé in konte sanm nout lavnir, ousanousava ? kisanoulé ? par konmsa minm nou la ni diféran bann zanimo.
Dann tan lésklavaz zisteman la tir tout, kansréti in ti misik, in shanté, in kréasion artistik, NON, ou travay, travay, travay ;
rézman bana la pa pèrd lo kèr, dann fonnkèr la sobat ensanm la nirbou trouv la libérté, fé pèt la shinn.
Zordi si ou gard byin, nana in not kolomb i gard anou, kolomb la sosiété, li tonm komandèr pouvwar larzen, travay, travay, travay ;
pi bézwin révé sinonsa shanté, dansé, nonva, travay, travay, travay ; rire pi, rakonte pi, pinn pi, NON, travay, travay, travay si talèr nou bat lo zyé, fini, anou minm i anbalatir anou sanm biyé larzen.
Domoun la sobat pou nou awar lo drwa viv, rire, dansé, révé, mèrsi azot, anou zordi èt digne bann KONBATAN.

Beurty Dubar, conteur


50 millions de déportés

Que les mains cou
Pées de nos pères
Étranglent les commer
Çants de la traite hu
Maine.
Et que les fantômes des chiens jadis lancés à la pour
suite des marrons
dévorent les cadavres de ces trafiquants i
Gno
Bles.

Honte à leurs enfants des anciens et nouveaux mondes qui conservent des
richesses acquises sur ce crime contre l¹humanité.
Julien Blaine, poète


La commémoration de la mémoire des esclavages et de leurs abolitions, que ce soit à La Réunion, aux Antilles ou dans les Amériques, est une victoire de la pensée humaine sur des restes de barbarie qui traînent encore dans nos sociétés modernes, raison pour laquelle cet événement doit faire époque. Mais on sait aujourd’hui qu’une commémoration ne suffira pas à éclairer les consciences, ni une date d’anniversaire, et qu’il faut réfléchir chaque jour pour que les droits de l’Homme ne soient plus bafoués, ici ou ailleurs.
Je pense à ces millions de personnes qui souffrent de la faim dans le monde, plus particulièrement en Afrique (quel scandale au XXIème siècle !), et me revient en mémoire cette phrase d’Edouard Glissant qui s’interroge très justement sur les mémoires des peuples qui se dissipent rapidement dans les exagérations de l’actualité... « La paix dans le monde ne sera une réalité que s’il y a un véritable partage des biens de grande nécessité pour la survie, une véritable égalité des chances, une véritable solidarité entre les peuples, cela suppose qu’on cesse, sous le couvert de la mondialisation, de piller la Terre et les océans au profit d’une minorité multi-milliardaire ».

Jean-François Samlong, écrivain


Quand j’étais esclave à plein temps, je bossais du matin au soir, la semaine tout le temps, je dormais dans ma cage, et je rêvais de rien jamais, j’avais pas de rêves à réaliser, je réalisais déjà trop, je comprenais bien le souci de mon maître, ses objectifs et ses concurrents, je faisais de mon mieux pour son bien, et même si je vieillissais plus vite à travailler autant, j’avais l’impression de servir à quelque chose.
Puis le 10 mai est arrivé.
Mon maître a disparu dans la nuit, je me suis retrouvé seul, au milieu des commandes et des ateliers, sans savoir. J’ai repris le travail jusqu’au moment où la porte s’est ouverte sur le jardin de mon maître. Sur l’herbe et les arbres de mon maître. Les fruits sur les branches et le soleil dessus. Les cris des enfants et des autres esclaves qui approchaient. Les chants des oiseaux. J’ai posé mes outils. J’ai passé la tête dehors. Il faisait beau. Je sentais le parfum du printemps, et ma sueur, et mon coeur. Je suis sorti.

Sébastien Joanniez, auteur

10 mai

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