100 noms pour le 10 mai avec la MCUR

100 combattants pour la Liberté

13 avril 2010

Dans le cadre de la Journée de commémoration nationale des mémoires de la traite négrière de l’esclavage et de leurs abolitions du 10 mai, l’équipe scientifique et culturelle de la MCUR a dressé cent portraits de femmes et d’hommes de divers pays qui, par leurs actions, ont défendu les idéaux d’égalité et de liberté. Chaque jour “Témoignages” publiera quelques fiches.

• Joseph Cinque/Sengbe Pieh 1813(?)-1879 (Afrique)

Sengbe Pieh, fils d’un chef local, naît en 1813 dans la ville de Mani, dans le haut-pays mendé, en Sierra Léone (Afrique).
Agriculteur, il est attaqué et capturé, un jour de janvier 1839, par quatre hommes, puis est vendu à un négrier espagnol.
A bord d’un navire appelé Amistad, il est transporté, avec de nombreux autres captifs également originaires du Pays de Mendé, à destination de l’Amérique.
Alors que le navire est en pleine mer, les esclaves se révoltent. Sengbe Pieh prend la tête de la révolte et réussit à maîtriser le navire pour le faire accoster, en 1839, à Long Island, dans l’État de New York.
Sengbe Pieh et les autres captifs obtiennent leur liberté en 1841, après deux ans de détention passés aux États-Unis à attendre le verdict des tribunaux sur leur “révolte”. Grâce à leur ténacité, et grâce à des fonds collectés par les abolitionnistes, Senghe Pieh ainsi que les autres captifs regagnent la Sierra Léone.
Ce combat aura un impact considérable aux Etats-Unis en faisant avancer la lutte anti-esclavagiste.

• Peter Clark - 1829-1925 (Etats-Unis)

Peter Humphries Clark est né à Cincinnati, d’un père affranchi et d’une mère métisse, d’origine irlandaise.
Son père, barbier, l’envoie dans des écoles privées où il fait des études brillantes.
Il devient enseignant, publie de nombreux ouvrages abolitionnistes et créé une revue abolitionniste hebdomadaire, “The Herald of Freedom”. Clark est particulièrement actif dans le combat pour l’accès des “noirs” à l’éducation, créant en 1866 le premier lycée public pour les Afro-américains. L’éducation est à ses yeux essentielle car elle permet d’obtenir de meilleurs emplois et de devenir actifs dans le combat pour l’égalité des chances.
Clark a été l’un des écrivains et orateurs abolitionnistes les plus connus de l’État de l’Ohio.

Thomas Clarkson - 1760-1846 (Angleterre)

Thomas Clarkson est né à Cambridgeshire (Angleterre) le 28 mars 1760. Politicien anglais, il est abolitionniste et protestant.
En 1784, dans “Le Cri des Africains contre les Européens leurs oppresseurs”, Thomas Clarkson pose la question suivante : « Est-il juste de faire contre leur volonté des hommes des esclaves ? ».
Avec Granville Sharp, il créé un Comité pour l’Abolition de la Traite des Noirs, relayé au Parlement par William Wilberforce. Ce mouvement devient populaire et se réorganise en 1787 en Society for Effecting the Abolition of the Slave Trade. L’abolition de la traite en est l’objectif concret. Ce mouvement se veut, comme la traite elle-même, international. Il cherche à diffuser auprès de l’opinion populaire des images fortes, capables de mobiliser les esprits.
Clarkson révèle ainsi au public britannique, en 1789, la vérité concernant la traite des “noirs” : pour dénoncer les traitements abusifs faits aux esclaves, il dessine un navire négrier, le Brooks.
Ainsi, les horribles conditions d’entassement dans les cales négriers sont pour la première fois visibles. Cette image est devenue l’une des plus fortes images de l’abolitionnisme.

« Quand Mirabeau vit [la gravure], il fut tellement impressionné qu’il demanda à un ouvrier de lui en faire un modèle réduit en bois, dépense considérable. Il conservait ce modèle dans sa salle à manger. C’était un bateau long d’environ un yard. On y voyait à leurs places respectives de petits personnages, hommes et femmes, peints en noir, figurant des esclaves ».
Extrait des mémoires de Thomas Clarkson

Gravure du navire négrier le "Brooks", cette image qui a marqué les esprits a beaucoup agi pour la cause des abolitionnistes.

• Lévi Coffin - 1798-1877 (Etats-Unis)

Marchand prospère, Lévi Coffin devient président de l’Underground Railroad (chemin de fer clandestin), nom donné au réseau abolitionniste dont la mission est d’aider les esclaves dans leur fuite des États du Sud vers les États ou l’esclavage a été aboli, ceux du Nord ou le Canada.
Les historiens estiment à 100.000 le nombre d’esclaves qui, entre 1810 et 1850, ont réussi à fuir les États du Sud grâce à ce réseau secret.
Pendant 35 ans, avec l’aide de son épouse, Lévi Coffin aidera plus de 2.000 esclaves à s’échapper. Tous deux ouvriront également une école d’alphabétisation pour les esclaves, organisée par un pasteur et ouverte le dimanche.

Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise

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