Daniel Minienpoullé, représentant de la Fédération tamoule, a rappelé l’importance de cette initiative commune pour donner davantage d’écho aux hommages autrefois célébrés séparément par les différentes communautés cultuelles et culturelles de l’île. « Le Lazaret est un lieu ouvert à tous, et dans toutes les composantes de la société réunionnaise, le respect des ancêtres est essentiel », a-t-il souligné. « Jusqu’à récemment, chacun commémorait de son côté, mais cette date revêt une signification particulière pour l’ensemble de notre patrimoine culturel. »
Jessica Play, directrice scientifique et culturelle du Lazaret, a présenté le programme de cette journée commémorative, qui sera précédée d’un cycle de conférences sur l’engagisme. Ces conférences, organisées au centre culturel départemental Le Sud, à Saint-Pierre, se tiendront dès le vendredi 8 novembre pour les scolaires, puis le samedi 9 novembre pour le grand public. Le 11 novembre, la cérémonie inclura une procession des différentes communautés vers la mer, un repas partage, des activités culturelles et des balades en « ti train lontan ».
Le vice-président du Département, Gilles Hubert, a souligné l’importance de cet événement : « Cette cérémonie ravive la mémoire de l’engagisme et célèbre le vivre-ensemble réunionnais. Elle met en lumière la richesse et la diversité de notre île métisse, tout en témoignant de la résilience d’un peuple qui, malgré les douleurs passées, s’est uni autour des valeurs de solidarité et de bienveillance. Voilà la Réunion que nous voulons transmettre aux générations futures, celle que nous devons protéger pour qu’elle perdure. »
Situé à la Grande-Chaloupe, le lazaret est un ensemble de plusieurs bâtiments qui servait de lieu de quarantaine obligatoire pour toutes les personnes qui voulaient entrer à La Réunion depuis la fin de la période de l’esclavage jusqu’au début du 20e siècle. La quarantaine est en effet le moyen le plus sûr pour protéger une île de maladies venues d’autres pays. Elle concernait même les Réunionnais qui allaient en France et revenait ensuite dans leur pays.
Le lazaret était donc un lieu de passage obligé pour de nombreux ancêtres des Réunionnais, venus notamment d’Inde et de Madagascar.
La date du 11 novembre commémore l’abolition de l’engagisme indien. Pour remplacer les esclaves libérés par l’abolition de 1848 dans les plantations, les anciens esclavagistes faisaient venir des travailleurs d’Inde pour cultiver la canne à sucre. L’Inde était une colonie du Royaume-Uni. En raison des mauvais traitements infligés aux travailleurs venus d’Inde, le Royaume-Uni décida d’interdire l’émigration d’Indiens vers La Réunion.