A propos d’un nombre et d’un chiffre

12 et 7

30 octobre 2017

Après avoir appris par le JIR qu’une députée avait vu dans les étoiles du drapeau européen une représentation des 12 apôtres, je me suis demandé : « pourquoi pas les 12 travaux d’Hercule ? » au vu de ce qui se passe dans cette docte assemblée.

Le nombre 12 se trouve dans beaucoup de domaines. Ne parle-t-on pas :

des 12 tribus d’Israël,
des 12 signes du zodiaque occidental (alors qu’il y a 13 constellations zodiacales),
des 12 animaux de Bouddha (à l’origine du zodiaque chinois),
des 12 syllabes d’un alexandrin,
des œufs qui étaient vendus par 12 avant l’arrivée des conditionnements pour les grandes surfaces, et des grosses (12 douzaines),
des 12 heures de jour et 12 heures de nuit (heures inégales des anciens),
 [1]
et, enfin, des 12 mois de l’année.

Ce dernier point est le plus ancien et à l’origine de tous les autres. Il y a, en effet, presque 12 lunaisons dans une année solaire. Quand, pour les besoins de l’agriculture et de la vie en société, les hommes ont voulu créer un calendrier, ils se sont tournés naturellement vers les deux grands luminaires : la Lune pour les mois et le Soleil et la Lune pour l’année (lunaire, solaire ou luni-solaire).

Une deuxième explication donnée à « l’importance » accordée au nombre 12 est à rechercher en Mésopotamie. 12 est en effet multiple des 4 premiers nombres entiers et facilite ainsi certains calculs. Pour avoir un nombre multiple des 5 premiers nombres entiers, il faut aller jusqu’à 60, d’où le choix du système sexagésimal par cette civilisation. C’est elle qui est à l’origine des 60 minutes et des 60 secondes, jeu de l’esprit puisque même leurs heures étaient imprécises.

Le nombre 60 se retrouve aussi dans la civilisation chinoise : c’est le cycle de 60 ans obtenu en combinant les 12 signes du zodiaque chinois et les 5 éléments associés aux planètes, aux 5 directions du ciel (les 4 points cardinaux et le pôle céleste ou le zénith).

Et le nombre 7 ?

On le trouve presque partout :

atteindre le 7e ciel,
dans la Genèse, Dieu travailla 6 jours et se reposa le 7e pour admirer son œuvre,
les chandeliers à 7 branches des Hébreux,
7 = 4+3, 4 pour les 4 éléments des occidentaux, 3 pour la Trinité (= la Terre + le Ciel),
les 7 filles d’Atlas et de sa femme Pléioné (= les Pléiades)
les 7 notes de musique,
les 7 couleurs de l’arc-en-ciel (on a ajouté l’indigo pour faire 7 alors qu’on a un continuum de longueurs d’onde),
Blanche-Neige et les 7 nains,
les bottes de 7 lieues,
les « 7 à 77 ans » des lecteurs de Tintin ou des fans de Michel Sardou (La maladie d’amour),
 [2],
et enfin, et surtout les 7 jours de la semaine.

Quand les Anciens ont observé attentivement le ciel, ils ont vu, non seulement le Soleil et la Lune se déplacer, mais également 5 points lumineux qui ne pouvaient qu’être des dieux qu’il convenait d’honorer. Ce que firent les astronomes-astrologues-grands-prêtres mésopotamiens en créant la semaine de 7 jours, chaque jour étant dédié à un dieu. De là découle l’importance exagérée accordée au nombre 7.

Les révolutionnaires français voulurent casser ces croyances en transférant le succès du système métrique aux unités de durée. Ils gardèrent les 12 mois mais les égalisèrent à 30 jours. Chaque mois fut divisé en 3 décades (similitude avec les décans des Égyptiens). Chaque heure fut divisée en 100 minutes, elles-mêmes partagées chacune en 100 secondes. Ces modifications furent majoritairement refusées par la population et le calendrier grégorien fut rétabli par Napoléon le 1er janvier 1806.

Les nombres 7 et 12 nous montrent comment des croyances et superstitions peuvent se développer à partir d’éléments objectifs. Les mathématiciens savent qu’on peut faire dire ce qu’on veut aux nombres : il suffit d’un peu de manipulations. Ne vous laissez pas abuser.

Michel Vignand
Association Astronomique de La Réunion
Observatoire des Makes


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