Commémoration du 20 décembre

20e édition d’Atidamba au Dimitile

15 décembre 2023, par Manuel Marchal

Ce dimanche 17 décembre au Kan Maron du Dimitile se tiendra la 20e édition d’Atidamba. Cette cérémonie sera l’occasion de rendre hommage à des ancêtres morts sans sépulture, ainsi qu’aux guerriers qui combattirent les milices esclavagistes pendant près de 200 ans à La Réunion. Près de 300 participants sont prévus selon Miaro et Zangoun, les organisateurs.

Ce 17 décembre aura lieu la 20e édition d’Atidamba, au Kan Maron du Dimitile. « Cette modeste cérémonie d’une petite association, MIARO, Atidamba, s’inscrit dans la dimension socio-culturelle la plus profonde des réparations des séquelles de l’esclavage. C’est un acte commémoratif qui permet la reconnaissance des douleurs du passé pour les personnes les plus concernées », précise Charlotte Rabesahala de MIARO qui ajoute : « Atidamba invite tous les Réunionnais quelle que soit leur origine sociale et ethnique à reconnaître les maux subis par les esclaves, dont la question grave, primordiale, des morts violentes et du manque de sépulture des combattants de la liberté, les marons. L’hommage de Atidamba est une mise en commun du désir de redonner leur dignité à ces personnes bafouées dans leur droit, avilies, traitées et abattues comme des bêtes et qui sont nos ancêtres ! »

Hommage aux guerriers qui combattirent l’esclavage pendant près de 200 ans

Atidamba rappelle que La Réunion ne se résume pas à l’historiographie officielle basée sur le fait que La Réunion serait une création du colonialisme français d’une part, et que d’autre part la fin de l’esclavage serait un acte de générosité de Paris envers les opprimés.
Depuis l’installation à La Réunion de réfugiés venus de Fort-Dauphin dans le Sud de Madagascar au milieu du 17e siècle, la majorité de l’histoire de notre pays eut lieu sous le régime de l’esclavage. L’esclavage importé par le colonialisme français à La Réunion était un esclavage européen, qui s’appuyait sur le racisme pour justifier l’exploitation d’êtres humains au profit de la puissance coloniale.
Pour l’honneur du peuple réunionnais, des prisonniers de ce système concentrationnaire s’échappaient et arrivaient à recréer à l’intérieur des terres l’organisation sociale qu’ils connaissaient à Madagascar. Ils avaient des rois, et ils luttaient en permanence contre le régime colonial. Les affrontements étaient fréquents avec les milices esclavagistes qui tentaient de préserver l’ordre colonial. Cette guerre entre les royaumes de La Réunion et les esclavagistes durèrent jusqu’à l’abolition définitive de l’esclavage dans notre pays, en 1848.
Ces résistants ont laissé définitivement leur empreinte dans notre pays. De nombreux noms de lieu portent un nom d’origine malgache, lié à leur utilité sociale notamment, ou pour rappeler la mémoire d’un guerrier qui combattait le colonialisme français et une de ses conséquences : l’esclavage.

Nombreuses séquelles de l’esclavage à La Réunion

Le maintien de La Réunion dans un système néo-colonial ne favorise par la prise de conscience de cette histoire. Ceci est responsable de séquelles nombreuses dans la société réunionnaise d’aujoud’hui. « Quand Sarda Garriga le 20 décembre 1848 a proclamé l’abolition de l’esclavage à La Réunion, il n’y a eu aucune mesure d’accompagnement de l’esclave nouvellement libéré sur aucun plan ni matériel et financier, ni surtout psychologique et spirituel. Alors même qu’il a subi de graves préjudices », rappelle Charlotte Rabesahala, « or, aujourd’hui encore, 175 ans plus tard, les séquelles de l’esclavage sont toujours là pour de nombreux descendants. Parents et jeunes désorientés, difficulté de faire face à l’avenir, propension aux addictions, manque d’assurance et de combativité sont des conséquences d’une ancestralité d’esclave mal assumée puisque marquée du sceau de l’infamie. Qui peut nier aujourd’hui encore ce « racisme » latent, silencieux et destructeur qui tait l’ancêtre malgache par exemple, le voue aux oubliettes ? Faute de pouvoir l’évoquer sans honte ! »
Pour cette 20e édition, près de 300 personnes sont attendues par les organisateurs.

M.M.

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