Culture et devoir de mémoire

À Bois-Rouge, édification d’une stèle et plantation d’un banian dans la cour de l’usine

2ème journée de célébration du 121ème anniversaire de la fin de l’engagisme

17 novembre 2003

Après les cérémonies de mardi dernier aux Lazarets de la Grande Chaloupe pour célébrer le 121ème anniversaire de la fin de l’engagisme à La Réunion le 11 novembre 1882, entre deux cents et trois cents personnes sont venues hier de toute l’île sur le site historique de Bois-Rouge. Cette seconde journée de célébration d’une date importante de notre Histoire fut marquée par de nombreux moments riches en symboles et en émotions.
La matinée s’est déroulée suivant le programme suivant : concert de tambours, poudja par les pousaris et gouroukkal à la mémoire des ancêtres. Un banian a été planté tout près de l’usine, et juste à ses côtés a été installée une stèle commémorative, qu’ont dévoilé ensemble le président de la Fédération des Associations et Groupements Religieux Hindous et Culturels Tamouls de La Réunion (FAGRHCTR), Marc Cadivel, et le président de la Sucrerie de Bois Rouge, Guy Dupont.
Toute la foule s’est ensuite dirigée de l’autre côté de l’usine où se trouvaient différents stands consacrés à une exposition sur l’engagisme, une présentation du travail du GRAHTER, mais aussi des livres, de la calligraphie, des produits indiens, des objets d’art décoratifs... Et une scène où Michèle Marimoutou-Oberlé a présenté un exposé complet et synthétique sur l’engagisme.
Si aucun élu n’était présent mardi dernier, cette fois-ci il y avait plusieurs élus, des maires, des représentants de la Région, du Département, de l’Etat, du Consul de l’Inde. Tous ont rendu hommage aux ancêtres indiens venus travailler la terre réunionnaise sous contrat d’engagés dans des conditions souvent proches de celle des esclaves.

Fidèle à l’héritage familial ancestral

Selon la Fédération le choix du site s’imposait : « L’Histoire de nos aïeuls passe par les cours d’usine où la vie, sociale, professionnelle et religieuse avait pour cadre spatial l’usine, les kalbanons, la cour, le koyil. Au fil des années les malbars et/ou tamouls de La Réunion sont restés fidèles à l’ancrage familial ancestral en embellissant et construisant des koyil proches des usines. Le site de Bois-Rouge, de par la présence de l’une des rares usines encore en activité et de celle du koyil, a été choisi pour commémorer la fin de l’engagisme à La Réunion ».
Pour le président de la Sucrerie de Bois-Rouge, « ce site présente au moins deux caractéristiques, c’est un lieu de mémoire économique, sociale, culturelle et cultuelle, c’est aussi un lieu de constitution de l’avenir ».
Antoine Minatchy, vice-président du Conseil Régional, s’est attaché à la symbolique : « La commémoration de la fin de l’engagisme inscrit dans l’Histoire de La Réunion une date qui n’y était pas aujourd’hui matérialisée comme elle l’est à présent par cette plaque. Un ajout naturel, normal », déclarait-il, en insistant sur le fait que c’est une date importante pour tous les Réunionnais car c’est une phase du peuplement de La Réunion. Serge Camatchy, vice-président du Conseil Général incitait pour sa part « à rendre cet hommage quotidiennement ».
Cette journée a aussi été une journée culturelle très riche, avec durant tout l’après-midi de la musique avec Thyagaraja, des contes tamouls avec Tirouvallouvar, des danses avec Sarasvati, du tabla avec Rubens et ses élèves, et retour à la musique avec le professeur indien Raju et ses élèves de toute l’île.


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