Journées du Patrimoine

À la découverte des trésors de La Possession

15 septembre 2012

C’est à La Possession qu’eut lieu les premières prises de possession de l’île. Jadis grenier de l’île et siège d’une intense activité industrielle, elle était aussi un des lieux de résistance à l’esclavage.

Les traces d’une activité intensive sur le territoire sont encore visibles et méritent d’être mises en valeur. C’est pour cela que Roland Robert, l’actuel maire et son équipe municipal a décidé d’orienter leurs efforts vers l’obtention du label “Ville d’Art et d’Histoire”. Juste en faisant une lecture du paysage depuis le front de mer, ou en sillonnant le territoire possessionnais, nous pouvons deviner facilement l’intensité de l’activité humaine sur ce territoire depuis le début de la colonisation jusqu’à nos jours, tant les vestiges sont nombreux qui en témoignent.
La mémoire orale est également encore dynamique. Il suffit de questionner la troisième jeunesse sur un sujet pris au hasard et les réponses fusent à nous couper le souffle. La Possession est ce quartier d’une vingtaine de cases en 1820 et dont les habitants commencent, à cette date, à montrer leur désir d’être détachés de Saint-Paul. Le Conseil municipal considère que le vœu formulé est inadmissible : « Cet arrondissement est réduit à environ quinze à vingt maisons ou cases, à trente à quarante individus, à quatre cent cinquante esclaves, qui ajoutés à huit cent cinquante-deux recensés à la Ravine à marquet, forment un total de mil trois cent trente-deux esclaves pour les deux arrondissements ; cette localité ne présente aucune garantie pour couvrir les dépenses d’une création de quartier ».

Le grenier de l’île

Cette décision semble en contradiction avec l’image que ce quartier semble présenter à cette époque. En effet, ne décrit-on pas la propriété de Jean Marquet comme étant une maison et pièce de terre à La Possession du Roy, où il demeure, où on élève des volailles, des bœufs, des cochons, et chevaux et où l’on cultive du Bled, du Ris, du Mil, des cannes, patates et légumes ? A cette même époque, La Possession est considérée comme le grenier de l’île. On y cultive des graines, des fruits, des légumes, de la canne à sucre, du coton. On y trouve également du gibier, du poisson, des volailles. Les vergers de la Ravine des Lataniers regorgent de mandarines de Chine, d’oranges, de citrons doux et de citrons galets, de dattes, d’avocats, de raisins muscat, de mangues. A la Ravine à Marquet, le café cultivé est réputé excellent. On y cultive également du tabac.
Plusieurs usines sucrières sont construites sur le territoire. Jean Retout ouvre une usine sucrière à Sainte Thérèse en 1820. Dans la décennie suivante, Fontaine et Langlois ont chacun une usine à La Ravine à Marquet. Pierre Antoine Chauvet exploite une sucrerie située entre la Rivière-des-Galets et la Ravine à Marquet.

Ville d’histoire

La Possession devient quand même section particulière en 1834 avec les limites que sont d’un côté la Rivière des Galets et de l’autre la Grande Chaloupe. Un adjoint spécial y est nommé. Il s’agit d’Antoine Grégoire Retout. Les habitants n’arrêtent en rien leur demande et la renouvelle en 1870 puis en 1882. La loi du 14 août 1890 faisant de la section de La Possession une commune à part entière, est appliquée par arrêté du 29 septembre 1890.
La Possession est Ville d’histoire parce que la prise de possession s’est faite dans sa baie ; parce que les activités économiques au XVIIIème siècle y furent intenses avec l’implantation sur le territoire de plusieurs usines à canne ; parce que le premier « esclave réunionnais » fut vendu à La Possession ; parce que des hommes considérés à l’époque comme meubles par le Code Noir n’ont pas supporté le traitement qu’on leur accordait dans les plantations et ont fui vers l’intérieur de l’île à la recherche de la liberté au risque de se faire marquer à la fleur de lis, de se faire couper l’oreille ou le jarret, de se faire tuer. Une stèle à la mémoire des esclaves débarqués sur le front de mer de La Possession a d’ailleurs été inaugurée le 20 décembre 1981 ; parce que sur notre territoire sont encore visibles les vestiges de l’ancien chemin de fer ; parce que le lazaret témoigne encore de la période de l’engagisme qui succéda à la période esclavagiste…

Du cap à Mafate…

Les anciens se souviennent certainement de ce livre “La Réunion au cours élémentaire” qui nous rappelle que c’est à La Possession que tout a commencé dans une logique de développement qui a contribué à ce que très peu de régions du monde ont connu : en moins de trois siècles, une véritable société créole nouvelle est née avec une langue, une culture… Le livre de Paul Herman nous informe de la manière suivante :
« Si l’on vous parle du cap à Mafate, comprenez qu’il s’agit de La Possession. La Possession rappelle cette lointaine prise de possession (en 1642) au nom du roi Louis XIII, de l’île alors inhabitée ».

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