Collectif d’associations pour ramener le corps du poète réunionnais

À quand un retour de Lacaussade dans son île ?

5 avril 2005

Il y a maintenant trois ans, à l’initiative d’étudiants en licence d’histoire, était demandé le retour des restes du poète réunionnais Auguste Lacaussade, comme ceux de Leconte de Lisle en 1977. Un collectif d’associations s’est créé pour concrétiser ce souhait légitime.

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Les organisateurs de cette rencontre, dont faisait partie Sudel Fuma, vice-doyen de la faculté des lettres et Michel Latchoumanin, doyen quant à lui, et le professeur d’histoire contemporaine, Prosper Ève, se disent outrés par les propos tenus par Christian Vittori, qui crée volontairement un amalgame. Les Réunionnais ne seront pas dupes. Comment et pourquoi le retour du corps de Leconte de Lisle à La Réunion n’avait pas fait tant de bruit, alors que ce dernier n’avait jamais prononcé le souhait de revenir se reposer sur sa terre natale ? Les historiens se demandent pourquoi.
Prosper Ève rappelle qu’il n’a cherché que l’accompagnement d’une démarche, entreprise isolément par les étudiants, et non de son propre chef. Michel Latchoumanin note quant à lui que seule la famille peut se prononcer, selon sa place de descendance directe du poète mort en 1897. La famille, même celle installée à Bordeaux, ne s’oppose en aucun cas au retour des restes de Lacaussade. Bien au contraire, pour eux, "il s’agit d’une affaire réunionnaise", comme il le signaleront aux chercheurs réunionnais, dont Prosper Ève.
Christian Vittori, qui de surcroît se recommande académicien, s’égare en plusieurs points. Déjà en osant envoyer des lettres bourrées de fautes de français, ce qui déstabilise son rang, et puis en donnant des sources erronées. Prosper Ève, digne professeur universitaire, rappelle qu’il serait incongru de devoir s’appuyer sur les seules sources de Raphaël Barquisseau, qui plus est, donne des informations grotesques sur le grand littéraire qu’a été Auguste Lacaussade.

"Son œuvre n’a pas trouvé son chercheur"

Des démarches administratives ont été engagées pour rendre effectif le retour de la dépouille de Lacaussade, d’abord auprès des administrations Jospin, puis de celles de Raffarin. Aujourd’hui, malgré la poussée médiatique de Christian Vittori et de ses fidèles ouailles, il serait logique que les restes d’Auguste Lacaussade reviennent, comme il le mentionnait dans plusieurs de ses textes, sur son île natale. Nous ne pourrions lui rendre plus grand hommage. Mais Prosper Ève rappelle la nécessité de "faire connaître le poète, par des publications, des expositions". Cela devrait se faire, pour les grands amoureux du poète, et pour tous ceux qui n’ont pas appris à le connaître.
"Son œuvre n’a pas trouvé son chercheur", déclarait M. Ève. Pourtant, l’homme de lettres saura montrer son amour pour la liberté, même des noirs marrons. On sait qu’il fut un enfant métis, charrié pour sa naissance illégitime. Il fut un grand homme réunionnais, quoi que l’on dise. Et si son testament holographe note une volonté de rester auprès de sa femme à Paris, même après la mort, l’historien relève que Lacaussade ne disposait pas de moyens pour retourner sur son île. Il était pauvre. Aujourd’hui, que devons-nous lui rendre, sinon le retour à sa terre ? Ou peut-être, pour plus d’équité, devrons-nous rendre les restes de De Lisle à La France ?

Bbj


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