3ème Festival d’Afrique et des îles

“Al leesi, une actrice africaine” et “Lettre d’amour zoulou” primés

10 octobre 2005

Le rideau est tombé hier sur le Festival du film d’Afrique et des îles avec la proclamation du palmarès. ’Al leesi, une actrice africaine’ de Rahmatou Keita et ’Lettre d’amour zoulou” de Suleman Ramadan sont les deux long-métrages primés. À noter le prix spécial du jury attribué à “Vendredi ou un autre jour” d’Yvan Lemoine.

Dernière journée du 3ème Festival du film d’Afrique et des îles inauguré mercredi dernier. C’est dans le cinéma Casino de la ville du Port que s’est déroulé la proclamation des résultats, récompensant les documentaires et fictions en compétition.
Journée de clôture, ce dimanche était aussi l’occasion pour Alain Gili, délégué général du Festival, et Nicol M’Couezou, directeur de Village Titan, de rendre hommage aux personnalités auxquelles ce festival est dédié : "à la pensée et à l’action de Mme et M. Ki Zerbo, nos amis vivant à Ouagadougou, capitale symbolique du festival Africain, avec son Fespaco festival biennal, Mme et M. Joseph Ki Zerbo, au rayonnement considérable en Afrique", "à la mémoire de notre défunt ami le cinéaste malgache Rivo Andriakoto, mort accidentellement au début de cette année".
Alain Gili a aussi remercié les différents partenaires : "ce Festival a été rendu possible par l’aide résolue des élus et du maire de notre ville, Le Port, mais aussi du Ministère de la Culture, du Département et de la Région". Il a aussi souligné l’importance de la participation de l’École des Beaux-Arts et de l’ILOI. Quant à Nicol M’Couezou, il a souligné le rôle important de l’Association des femmes de la Rivière des Galets qui "a accueilli à la créole et joyeusement restauré, le soir, nos invités ainsi que les membres des deux jurys, le jury fiction et le jury documentaire".
Après avoir remercié tous ceux qui ont apporté leur contribution à la réussite du festival, place à la lecture du palmarès :
"Notre palmarès, c’est la présence de nos invités et leurs rencontres avec les scolaires comme avec le public", affirme Alain Gili. Pour Nicol M’Couézou, "notre palmarès, c’est aussi une réflexion publique sur la nécessité d’un 7ème art de toutes les cultures du monde, à vivre ici, avec tous, et tout le temps".


Le palmarès

C’est hier que se clôturait le Festival du film d’Afrique et des îles. Les différents prix ont été attribués. Voici les lauréats dans le détail.

- Le jury documentaire, présidé par Monique Agénor, a attribué le Prix documentaire du festival 2005 du Film d’Afrique et des îles au long-métrage de Rahmatou Keita, "Al leesi, une actrice africaine".

- Prix spécial du jury pour le premier film du réunionnais Alexandre Boutier : "Le grand petit monde de la Rivière des Roches".

- Le jury fictions, présidé par Taïeb Louhichi, a attribué le Prix Fictions du festival 2005 du Film d’Afrique et des îles au long-métrage de Suleman Ramadan "Lettre d’amour zoulou”. Et il a été décidé un prix spécial du jury pour le film "Vendredi ou un autre jour" d’Yvan Lemoine.

- Pour la catégorie court-métrage un prix spécial du jury est attribué au film "Bisanvil" de David Constantin.


Les films primés

o “Al Leesi une actrice africaine”
"...Quand j’étais petite, à Niamey, le cinéma était magique. À Lakuruusu, dans mon quartier, la Reine de Saba et Cléopâtre, qu’on croyait africaines, avaient subitement pris des traits de femmes blanches, à travers ceux de Gina Lollobrigida et de Liz Taylor. À voir les affiches des films, on avait tout faux. Certains soirs, on frisait l’émeute parce que Ramsès II alias Yul Brynner ressuscitait dans les 7 Samouraïs où Charlton Heston qu’on avait vu la veille, en Moïse, était devenu “El Cid”... Il faut dire qu’à cette époque, le cinéma était une affaire de Blancs. Et ces Blancs-là avaient quelque chose de divin. L’image avait une telle force que pas une seconde, nous ne mettions en doute ce que nous voyions sur l’écran. Jusqu’au jour où apparurent nos acteurs à nous. Les hommes n’étaient pas de ces héros hollywoodiens auxquels nous étions habitués. Les femmes n’étaient ni des vamps, ni des stars. Ils étaient normaux. Ils avaient une couleur normale. Un physique normal...Des êtres humains, en somme. Ça a été un choc pour tout le monde..."

Rahmatou Keita, réalisatrice


o “Lettre d’amour zoulou”
Dans un Johannesburg euphorique deux ans après les premières élections démocratiques, Thandeka, une journaliste noire d’une trentaine d’années, vit dans la hantise du passé de son pays, au point de ne plus parvenir à travailler et d’aller d’échec en échec dans ses relations avec sa fille Mangi, une enfant de 13 ans sourde et muette.
Jusqu’au jour où une vieille femme, Me’Tau, se présente au journal. Dix ans plus tôt, Thandeka avait été témoin de l’assassinat de sa fille par une équipe de la police secrète. Me’Tau veut que Thandeka témoigne devant la Commission Vérité et Réconciliation, afin que les restes de sa fille puissent être retrouvés et ensevelis conformément à la tradition.

o “Le grand petit monde de la Rivière des Roches”
Pendant un an, Alexandre Boutié a vécu son film, avec ses "dalons" (amis) de Saint-Benoît, où il est né. Ce qui est passionnant, c’est le périple personnel de ce jeune Réunionnais, qui est allé jusqu’aux studios professionnels où se développe l’artificialité d’un Dechavanne, pour revenir à tout autre chose, la recherche de la réalité réunionnaise en filmant, de sa réalité.

o Bisanvil
Votre film “Bisanvil” reprend les thèmes que l’on trouve souvent chez les écrivains mauriciens, celui du racisme, de la différence, notamment. Ces thèmes seraient donc à ce point inévitables ?
D’abord, nous vivons dans cette réalité, nous évoluons dans ce monde. Nous sommes complètement immergés dans cet univers et nous parlons donc tout simplement de ce qu’il y a autour de nous.
C’est comme ça que je le sens. Et je pense que ce sont des sujets sur lesquels Maurice n’a pas encore poussé sa réflexion. Nous en sommes restés au niveau superficiel, nous sommes restés à la surface des choses. Les communautés qui cohabitent, pays arc-en-ciel et tout le reste. Nous n’osons pas aller plus loin que ça......
David Constantin, réalisateur, dans “l’Express”

(NDLR : Dans une prochaine édition, nous reviendrons plus longuement sur “Vendredi ou un autre jour”, prix spécial du jury dans la catégorie fiction.)


La dynamique de festival

"En ce moment symboliquement fort, nous lançons aussi un appel à tous les partenaires actuels et futurs, pour que des prix sous forme de bourses, de dotations diverses, d’ aides possibles de stages, de voyages utiles, de matériels professionnels, et bien sûr des aides financières, viennent nourrir cette dynamique de Festival", a affirmé le délégué généra du festival, Alain Gili, lors de la remise des prix. Un tel festival "est nécessaire à la popularisation, à la vie publique des initiatives", devait-il poursuivre avant de préciser que cette dynamique permet la "création d’activités - donc d’emplois - à La Réunion comme dans l’océan Indien, souhaité par le président de la Région et par toute son équipe".


Participation des écoles

Les élèves du Lycée de Vue-Belle ont concocté deux cocktails, "servis avec efficacité et gentillesse". D’autres élèves ont vu des films, aux thèmes préparés avec leurs professeurs, et dialogué avec les cinéastes venus les voir sur place ; ils sont venus également voir des films dans cette belle vraie salle de cinéma, Le Casino, pour deux matinées. Tout cela à l’initiative d’un de leurs enseignants et de toute une équipe professorale soutenue par le Proviseur de Vue-Belle, et un de leurs enseignants : Olivier Fontaine.
D’autres élèves ont aidé à l’organisation, au QG du festival. Des collégiens du Collège l’Oasis, du collège Albius, du Lycée Jean Hinglo et du Lycée Lépervenche ont également assisté à des séances, ainsi que soixante élèves d’un collège du Tampon, ce qui est une grande première pour les organisateurs.


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