Firmin Viry fête Sinkantan maloya à la Ravine Saint-Leu

« Ali la done la vi maloya... »

5 juillet 2004

C’est un véritable show qu’ont donné Firmin Viry, sa famille et ses ’dalon’, vendredi soir à la Ravine Saint-Leu. Un spectacle où s’est exprimé à la fois le talent, la communion avec le public... et l’immortalité de cette culture du ’fénoir’ chantée par le poète.

Dofé pou fé sof lo bann tanbour tanbouryé Granbwa, dofé bann flanbo i done, dofé Firmin dosi la sinn èk son bann dalon... Quand Firmin Viry fête ses cinquante ans de scène, c’est le feu partout. Spécialement dans les rues de Saint-Leu où, de l’église à la Ravine, ont défilé les Tambours Sacrés, Source percussions et Moringue Angola dans une débauche de roulements de tambours en dialogue, accompagnés des figures toutes en puissance et en souplesse des moringueurs, sur la scène comme dans le public.
Sans doute le report de la célébration du jubilé culturel de Firmin Viry n’a-t-il pas joué en faveur d’une très grande mobilisation. Mais la foule était quand même au rendez-vous, prête à faire la fête, à "défouler" et à rendre hommage à Firmin Viry vêtu d’un costume beige assorti à celui de Céline, sa compagne d’une vie et à celui de Simon Lagarrigue, son compagnon en maloya.
Le show commence à cent à l’heure avec une évocation forte de l’esclavage que l’on retrouvera comme un fil rouge traversant le spectacle. Avec une première surprise qui tient dans le talent du Balé Bourbon et dans la qualité de la chorégraphie mise en place en commun avec Firmin Viry.
Et en "off" cette voix qui revient entre chacun des morceaux. Une voix qui raconte la vie de Firmin Viry et de sa famille, inséparable de la lutte pour l’identité et la culture réunionnaises : l’enfance difficile, la découverte du maloya et du kabaré, la répression "dann tan lontan ou té i konfisk lo bann zinstriman", l’engagement syndical, politique et culturel, la reconnaissance du public que Firmin ne cesse de remercier et puis celle de l’État... Toute une vie marquée par cette culture du "fénoir" que Firmin et sa famille se sont évertués à mettre "anlèr" en jouant inlassablement, de la cour aux plus grandes scènes. Mais aussi en soutenant les jeunes... "son bann zanfan" comme il dit avec un large sourire.

Communion

Et ceux-là, souvent rencontrés sur la scène des 20 décembre de la Ligne Paradis, défilent : Kayen venu du Sud ; Jean-Claude Viadère dans tous les bons coups pour soutenir la culture réunionnaise ; les Tambours sacrées ; Danyèl Waro en toute simplicité ; Simandèf et Mélanz Nasyon, la jeune génération talentueuse du Maloya...
Chacun y va de son petit mot de reconnaissance vis à vis du Granmoun Maloya qui virevolte sur la scène : "Maloya po Firmin, nou la pa obliyé" ; "Ali la balèy somin pou nou/A li la done la vi maloya" ; "Aou dada Firmin/Aou Anin"...
Des hommages spontanés ou écrits spécialement pour l’occasion. Et le public réclame tel ou tel titre, reprenant très souvent en chœur, dansant comme dans la cour. Il y a une vraie communion sur la scène entre Firmin Viry, sa famille, ses "dalon" d’une part et entre Firmin Viry et le public, d’autre part.
Sur le fond de scène sont projetées des photos. Et parmi les visages connus et inconnus émergent ceux d’Alain Lorraine, le poète de "Beaux visages cafrines sous la lampe" et du Père Christian Fontaine, l’auteur de "Zistwar Tikok", c’est-à-dire des figures de la résistance culturelle, comme Firmin Viry.
Le temps n’existe plus et minuit est passé depuis trois quarts d’heure quand Firmin Viry lance les premières paroles de ce qui est quasiment devenu un hymne : "Valé, valé, prété moi vo fizi...". La foule chante encore, presque avec ferveur. Et la scène fait son plein de tanbouryé, de danseurs et de danseuses, de kayanbèr, de chanteurs... Chacun reprenant presque inlassablement "Valé, valé, prété moi vo fizi..." pour un bœuf monstre.
Allons ! Ce n’est qu’un au revoir Firmin. On parle déjà d’une réédition des vinyles ; d’un kabar encore, là-bas du côté de la Ligne Paradis... Et puis, comme dit Firmin Viry : "Lé pa fini. Dosou lo tapi, néna ankor..."

L.M. 


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus