Kabardalons, ce soir à 20h30 au Kabardock

Alix Poulot ivre d’absolu

22 avril 2005

Les musiques de La Réunion ne se résument pas aux musiques traditionnelles. La musique est un champ infini où le musicien est libre d’évoluer. Alix Poulot est ivre d’absolu, il porte à la fois notre dimension réunionnaise et notre dimension universelle.

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La soirée concoctée par Alix Poulot rassemble les musiques qu’il aime et les musiciens qui ont joué avec lui entre 1984 et 1993 au sein de la formation Kabar Maron et d’autres qu’ils affectionnent. (Voir encadré). Comme il le rappelle, "Kabar c’est un mot malgache qui veut dire rassemblement."

Davantage musicien que militant ?

Des musiciens qui ont joué Alix Poulot comme les autres musiciens ont tous poursuivi leur cheminement musical en solo. Pour sa part, Alix résume son évolution : "au départ c’était faire de la musique pour véhiculer des messages, maintenant nous restons assez revendicatifs mais nous sommes davantage musiciens que militants. La musique a pris le pas..."
Est-ce pour ainsi dire qu’il y a moins de raisons de militer dans notre monde moderne qu’il y a vingt ans ? Non, nous répond-t-il : "Aujourd’hui lé pire, la eu des évolutions, mais plus la société va évoluer, plus le coté négatif augmente aussi. Aujourd’hui le monde est plus difficile.
Nou pans nou néna d’liberté, mé nou lé plus muselé qu’avant. La communication lé libre, mais les choses lé contrôlé, ou crois ou na plis d’expression. Mais non.
" Avec l’âge, on se calme, prétexte-t-il en constatant que "na in renouvellement, na domoun i reprend le flambeau. Les jeunes na plein de truc à dire, zot i veut changer le monde. Sé zot rol. Dans le Sud c’est un vivier où les jeunes i prend la relève, na vraiment ce côté militant. Zot lé aussi dans le faire, pas seulement dans le dire. Anou nou la fine passe karant an, nou na inn ot manièr de dir la minm shoz."

La musique : un monde libre

Quoiqu’il en dise, Alix Poulot milite aujourd’hui encore, pour la liberté de la musique et des musiciens : "À La Réunion, nou échappe pas au moule mondial et la liberté de la musique fait peur." Son combat est de décloisonner les univers musicaux, d’ouvrir de nouveaux horizons. Il veut changer une certaine manière de voir qui consiste à limiter la musique réunionnaise à la musique traditionnelle. "Dés que ou fé pa la muzik traditionél, i gêne. Komsi si ou navé pwin savat dé dwa ou lé pa kréol kwa. Dé kou lé tré moderne i dira pa ou fé d’la muzik réunionéz. Dans le chemin musical nous la choisi de faire la musique, nous veut pas que le débat culturel i blok anou. Mi rèv in 20 désanm ou nana des instruments traditionnels, et des violons, tous les instruments... ça i empêche pas nous d’affirmer notre identité créole, et en même temps cette dimension universelle. Où est la liberté ? Un artiste Réunionnais, quand lu compose, il est dans l’absolu, pas dans La Réunion. Moin mi shant an kréol akoz lé pli fasil pou mwin."

Du traditionnel à l’universel

Selon lui, la musique réunionnaise serait trop souvent réduite aux approches traditionnelles : "Nou lavé le Rock réunionnais, mais lété politiquement incorrect, té pran ryink maloya, séga. Si les artistes y jouent ce jeu nous na pu la dimension d’artiste, alork nou néna in liberté totale. Fo pu mélange tradition et culture. La culture bouge. La tradition reste la tradition.
La Réunion est tellement multiple. Na inn plas pou tout. Moin la eu l’a shans d’apprendre la musique comparativement bann musiciens lontan. Comment un accord, peut-il être brésilien ou kréol, lu lé universel. Il faut s’enrichir de tous les accords. Si le truc lé bon. La musique c’est une source universelle. On ne peut pas nous arrêter à ce qu’ils ont fait, ils ne pouvaient pas faire autrement. Nou néna cette chance de mettre la main sur l’universel, mais sous prétexte que nou perdré notre âme, nou prandré pa ?"

En finir avec le complexe

Voilà en quoi la musique d’Alix Poulot est pour nous une musique militante. Son but ? "Mi essaye déclenche un affaire chez domoun, plus que jamais, nou lé Réunionnais, mé nou na inn dimension planétaire, universelle. Il faut en finir avec ce complexe réunionnais, lé grave. Il ne faut pas passer d’un extrême à l’autre, avant on avait honte du maloya, maintenant il ne faudrait plus écouter que ça ? Il faut éviter le piège."

Eiffel


Kabar, le rassemblement

Le concert d’Alix Poulot qui aura lieu aujourd’hui au Kabardock est un kabar au sens propre du terme puisque c’est un rassemblement de dalons musiciens. La première partie de soirée se déroulera sur la Grande Scène. Plusieurs groupes invités par Alix Poulot vont se succéder et interpréter durant moins d’une demi-heure leur titre et ses titres, pour chanter seul et avec lui. À commencer par Hamsa qui interprétera un morceau inédit écrit pour le Swami de l’Ashram du Port. Alix Poulot lui-même est impatient de le découvrir. Viendront ensuite un groupe du Port, Fa mi Melody et Soubik un groupe de Trois Bassins qui jouent des morceaux du répertoire réunionnais, connus et moins connus, pour faire connaître la musique et les textes de La Réunion, ils joueront deux morceaux d’Alix Poulot, un de René Lacaille et un autre d’Alain Peters. Michou clôturera ses premières parties avant qu’Alix Poulot et ses anciens dalons de Kabar Maron ne prennent la scène : Patrick Quipandédi, Dominique Tambouran, Sully Ana, Luçay Canon, Philippe Barraca, Pascal Raymond. Percussionniste, guitariste, bassiste ou accordéoniste ils ont tous été à un moment ou à un autre musiciens du groupe Kabar Maron entre 1984 et 1993.

Deux moments, deux scènes

La deuxième partie de soirée se déroulera sur la scène du Kabardock Café avec un groupe de ragga Cosmoconnection, le trio Luc Joly, c’est du Jazz, suivi de Jim Fortuné, Nathalie Natiembé, Sammy Waro et Éric Juan, autour d’Alix Poulot pour un tour du monde musical comprenant notamment des reprises de musiques réunionnaises en version salsa.


Expo photo à la Médiathèque du Port

“Sak i rès” après avoir écouté sa musique

Ce soir à 18 heures, l’exposition “Sak i rès” sera inaugurée à la Médiathèque du Port. Quatre photographes et un lino graveur restituent par leur médium ce qu’il leur reste comme impression de la musique d’Alix Poulot. Chacun d’eux à travaillé sur un des cinq albums du musicien chanteur.
Yannis Ancelly présentera une dizaine de linogravures, Jean-Noël Enilorac trois photographies, René-Paul Savignan 5 photographies, Frédéric Pothin cinq autres et Laurent Zitte une grande photo de cinq mètres sur cinq mètres.
Ils ont écouté les textes, les mélodies, et ont tenté de donner une image qui entre en résonance avec l’œuvre musicale. Au final, ce sont des photos extrêmement différentes, en couleurs, en noir et blanc, photos de fleurs, de routes, d’Alix qui danse sur le sable devant la mer en grand format de deux mètres sur 2 mètres... À découvrir juste avant le concert par exemple.


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