L’Education nationale et Réunion 1ère s’associent pour organiser un concours de dictée en langue maternelle

Dictée en créole : nouvelle avancée pour la reconnaissance de l’identité des Réunionnais

20 février 2024, par Manuel Marchal

Une dictée en créole réunionnais organisée par l’Académie de La Réunion et diffusée par Réunion 1ère, service public audiovisuel : cet événement illustre l’évolution dans la reconnaissance de l’identité des Réunionnais. C’est une étape importante dans un mouvement lancé par le PCR et les militants culturels voici plus d’un demi-siècle quand la politique d’assimilation voulait faire de La Réunion un pays uniquement francophone. Désormais, il semble évident que cette page est tournée. Le bilinguisme des Réunionnais est reconnu.

Un concours de dictée en créole réunionnais est organisé à partir de 8h10 ce matin sur les ondes de la radio Réunion 1ère. Environ 800 élèves de cours moyen d’une trentaine de classes sont inscrits. Les 25 meilleurs participeront à la finale qui sera organisée à la Région Réunion.
Cette dictée intervient à la veille de la Journée internationale de la langue maternelle célébrée annuellement à l’initiative de l’UNESCO.

Environ 800 élèves participants

Cette première souligne les progrès pour la promotion de la langue maternelle des Réunionnais. Elle est organisée par l’Éducation nationale. 800 élèves seront donc en cours et participeront depuis leur école. Le service public audiovisuel fournit des moyens pour que tous les concurrents puissent participer en simultané.
C’est une nouvelle reconnaissance officielle de la réalité de La Réunion. Dans notre île, le créole est resté la langue maternelle de la plupart des habitants. Pendant plusieurs décennies, le pouvoir parisien a oeuvré pour faire disparaître le créole. Pour Paris, la pratique exclusive du français est un symbole de l’appartenance à un Etat, la République française, qui n’a qu’une seule langue officielle, le français. Cette politique a conduit à la disparition de nombreuses langues régionales en France. La langue parlée à l’origine dans la région parisienne notamment est devenue celle de la plupart des habitants de ce pays. L’école obligatoire a joué un rôle décisif dans cette transformation.

Conséquence de la lutte des militants

A La Réunion, l’école obligatoire avait la même fonction aux yeux de Paris. Le créole était combattu au plus haut niveau de l’administration. Un ancien vice-recteur avait même déclaré qu’il fallait « fusiller le créole ».
La promotion de l’identité culturelle fut une des raisons de la création du Parti communiste réunionnais en 1959. La reconnaissance de la langue créole constitue un élément décisif de celle de l’existence d’un peuple réunionnais. C’est pourquoi « Témoignages » accueillait dès les années 1960 des textes en créole.
Aux côtés du PCR, des militants culturels ont oeuvré pour la reconnaissance de la réalité linguistique de La Réunion : le créole existe au même titre que le français.

Reconnaissance

Ces dernières années, la reconnaissance du créole s’est accélérée. Lofis la lang kréol est à l’origine des chartes pour le bilinguisme signée par de nombreuses collectivités à La Réunion, notamment la Région et le Département. Récemment, le gouvernement a décidé de s’inspirer de cette démarche pour aller vers le bilinguisme dans les administrations de l’État à La Réunion.
La dictée en créole réunionnais de ce 20 février est une nouvelle avancée pour la reconnaissance de l’identité culturelle des Réunionnais.

M.M.

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