Ouverture du séminaire de Lofis la lang et de l’Université de Bordeaux

Isabelle Érudel : « Na poin de rézon dopozé lé 2 lang, kréol et fransé »

21 juin, par Isabelle Erudel

Hier soir à la médiathèque de Saint-Denis s’est ouvert « Les langues spécifiques aux Outre-mer : langues régionales ? langues maternelles ? Quels sont les enjeux ? », le séminaire organisé par Lofis la lang kréol La rényon et le Centre d’Etudes et de Recherches Comparatives sur les Constitutions, les Libertés et l’État (CERCCLE) de l’Université de Bordeaux. Jusqu’à samedi, chercheurs, experts et praticiens présentent le résultat de travaux et expérience sur la place des langues maternelles dans les anciennes colonies intégrées à la République, notamment à l’école. Représentant le Département, Isabelle Érudel a pris la parole lors de cette soirée inaugurale. Voici le contenu de son intervention.

« Fékler » i vë dir : mèt dan la lumièr. Se mo i fé pans’ à moin kan le Pap Jean-Paul II la vni dan légliz jist à koté la Médiatèk, é la di « Sort dann fénoir, Vien dan la lumièr ! ». I doi èt in sign. Mèt le bann Lang Kréol dan la lumièr !

Il est vivifiant à cet égard de rappeler combien le créole est une langue que nous avons en partage avec d’autres peuples, donnant à voir la diversité des cultures, des écrits et des récits, rappelant ainsi toute la force de la créolité sur notre terre de l’océan Indien, mais aussi ailleurs, au plus près de chez nous comme au cœur des autres océans.
Ce séminaire est l’occasion d’échanger sur l’évolution de l’usage du créole au sein de notre société, et du lien historique qu’il possède avec le français.
C’est d’ailleurs ce lien qui fonde, d’une certaine manière notre appartenance à la République, celle-là même qui, à travers la loi du 21 mai 2021, offre une reconnaissance nouvelle aux langues régionales de l’Hexagone et d’Outre-Mer, et permet de tracer des perspectives nouvelles en matière de valorisation et d’apprentissage.

« Tous les peuples » nana in zarlor, « c’est-à-dire un trésor unique et irremplaçable. »
« C’est pour cela » ke tout lang dan le mond i mérit « d’être sauvegardées, d’être considérées avec respect et d’être reconnues dans leur dignité. »
Tout’ lé Lang nana le mèm valër, pa inn an plïs.

A la Rényon, nana 1 slogan ke lé tré konu é ke lé souvan rapelé :
« Nou lé pa plïs,
Nou lé pa moin
Respèkt à nou !!! »
É ma envi de dir ke nou lé PLÏS PLÏS PLÏS !!! Avek tout nout diversité, nout’ rishès’.
Le Fransé lé inportan, kom langlé, kom le kréol, kom lé zot…

Le Département est donc fier de pouvoir participer à cet événement aux multiples dimensions, sociologique, scientifique, culturel ou encore politique.

C’est l’occasion pour moi de rappeler tout le travail de valorisation et de démocratisation du parler, de l’écrit et de l’histoire créole, assuré par notre Collectivité, à commencer par l’engagement de la Bibliothèque départementale de La Réunion ainsi que nos Archives départementales qui s’attachent à faire vivre et rayonner le créole réunionnais, mais aussi celui d’ailleurs, notamment celui pratiqué au sein de notre bassin Indianocéanique, où l’attachement à la créolité est puissant.
Ce travail de valorisation se poursuit à travers notre politique culturelle qui vise à soutenir les artistes réunionnais, et à promouvoir le livre réunionnais, à travers notre soutien aux différents salons du livre qui permettent de promouvoir l’écrit créole.
Le Département est par ailleurs signataire de la charte bilingue Français / Créole, en lien avec Lofis la Lang. Cette charte qui reconnaît le droit des usagers d’être accueillis en créole ou en français dans les services du Département constitue un nouveau pas important dans la reconnaissance de la langue créole.
Comment ne pas évoquer non plus tout le travail fait autour du créole réunionnais dans le cadre du Pacte linguistique qui a été signé en novembre 2023 avec l’ancienne ministre de la Culture Rima Abdul Malak. Ce Pacte est un outil pivot permettant d’affermir la place du créole et de toutes les autres langues, aux côtés du français, dans le paysage linguistique du territoire.
Je voudrais aussi souligner la dimension historique de ce travail qui se retrouve notamment dans le projet de création d’un Musée de l’habitation et de l’esclavage à Villèle.

Mesdames et Messieurs, ce séminaire constitue une approche tout à fait intéressante du rôle du créole dans notre sociologie, la construction de notre société et notre place dans la Nation française.
A travers ce fékler, nous devons pouvoir poser collectivement et résolument un regard vers un présent et un avenir où français et créole sont et demeurent indissociables, car contribuant à forger notre histoire, notre humanité, et la destinée réunionnaise.
Na poin de rézon dopozé lé 2 lang, kréol et fransé,
Au contraire,
Sé dan zot konplémantarité ke nou tir la fors de nout partikularité,
A toutes et à tous, je vous souhaite un séminaire riche et fructueux, pour une créolité éclairée et flamboyante !

A la Une de l’actuLangue créole à l’école

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?