Finale de la dictée créole-français hier à la Région Réunion
Isabelle Erudel salue la reconnaissance du bilinguisme à La Réunion
1er mars
Le 20 février eut lieu la première dictée bilingue créole-français diffusée sur Réunion Première. Ce 29 février se déroula l’épreuve finale. 80 élèves de CM1 et CM2 participèrent à cet évenement : 37 dans l’hémicycle de la Région Réunion et 43 en visioconférence. Isabelle Erudel, conseillère départementale PCR était hier à la Région où elle fut invitée à prendre la parole, voici le contenu de son intervention.
« C’est pour moi un immense plaisir d’être à vos côtés pour la finale d’une initiative qui me tient particulièrement à cœur : la dictée bilingue français-créole.
Tous les peuples du monde entretiennent avec leurs langues, et en particulier avec la langue maternelle, une relation intime, sensible, affective. Tous les peuples sont dépositaires d’un « zarlor », c’est-à — dire d’un trésor unique et irremplaçable, qui est à la fois un élément central de leur patrimoine culturel et un bien commun de l’Humanité. C’est pour cela, qu’au-delà de considérations d’ordre historique, politique ou académique, toutes les langues du monde méritent d’être sauvegardées, d’être considérées avec respect et d’être reconnues dans leur dignité.
Tel est naturellement le statut de notre langue nationale, le français, auquel le pays vient d’offrir un magnifique outil de connaissance et de valorisation, à travers la Cité internationale de la langue française, inaugurée ce 19 octobre par le Président de la République. »
La création du créole
« Tel est aussi le cas du créole réunionnais, la langue qui unit les Réunionnaises et les Réunionnais.
La société Réunionnaise a été faite à partir de groupes venus de tous les continents et qui ont subi l’esclavage. Au lieu de sombrer, ces personnes déshumanisées ont résisté et inventé un moyen de communication : UNE LANGUE, le CRÉOLE.
Après une période de discrimination et d’incompréhension, la société officielle comprend l’importance de cette langue pour l’équilibre naturel de la population qui l’utilise tous les jours, toute l’année.
Certes, il fut un temps où le dogme centralisateur ne faisait guère de place au plurilinguisme. Un temps où les locuteurs heureux d’une langue dite régionale, comme le Basque, Le Breton, l’Occitan, le Corse,… et les créoles ultramarins étaient ignorés, relégués et obligés de s’exprimer dans leur langue maternelle, en « misouk », c’est-à — dire en secret, « en kashèt ».
« L’égale respectabilité des langues et de leurs locuteurs »
« Mais je pense qu’il est temps d’affirmer que la cloche de la paix a sonné entre les langues de France, sur les territoires insulaires et continentaux.
Le moment que nous partageons ce matin en est le témoin. Je tenais à vous remercier M. le Recteur, ainsi que votre équipe, pour cette très belle initiative, qui est un geste fort de reconnaissance, de valorisation pour nout lang maternél’ !
Il nous appartient à présent de continuer à construire ensemble une politique linguistique qui soit en rapport avec notre réalité linguistique plurielle, et qui postule sans ambiguïté l’égale respectabilité des langues et de leurs locuteurs.
Je souhaite donc que nous sachions nous rassembler, comme nous le faisons aujourd’hui, et comme cela a été le cas il y a quelques mois dans l’hémicycle du Conseil départemental, où nous avons signé le Pacte linguistique de La Réunion avec l’ensemble des partenaires et la Ministre de la Culture.
Je rappellerai donc, en conclusion de mon propos, que le Conseil départemental que je représente prend et continuera à prendre toute sa part dans cette grande œuvre culturelle, éducative, patrimoniale et sociétale.
Je vous adresse tous mes encouragements pour cette dictée. »