Exposition “Elabakana” à l’Espace Jeumon de Saint-Denis

Autour du sens

1er juillet 2004

Mardi soir, à l’espace Jeumon, une rencontre-débat avec les artistes était proposée au public. Les participants venaient donc découvrir l’exposition conceptuelle ’Elabakana’ et explorer le sens que les artistes donnent à leur œuvre, tout cela dans un esprit de partage qu’a toujours montré LERKA, Espace de recherche et de création en arts actuels.

L’exposition "Elabakana", visible à l’espace Jeumon jusqu’au 24 juillet 2004, avec notamment une communication de Bako Nirina Rasoarifetra qui retraçait l’histoire et la tradition des perles à Madagascar, a profondément marqué l’esprit des nombreux visiteurs venus la découvrir. Nourries d’une consciencieuse recherche sur des facettes culturelles de l’océan Indien - ici, plus singulièrement liés aux faits culturels et historiques malgaches - les pratiques artistiques actuelles se distinguent par un usage plastique libre, interrogatif et explorateur.
"Les perles, à la fois objets et phraséologies, sont des parures matérialisant flux et sens. Elles sont un esprit : la valeur du monnayeur, la collection de l’amateur, la spiritualité du religieux. Elles sont ces parties qui, au gré des inspirations, forment un tout changeant de beauté", nous livre Christiane Narisoa. Et de poursuivre "les œuvres de ce “glissement perpétuel” mettent en forme les non-dits de l’écrit et de l’oral. Elles narrent un vécu de mémoires amputées par l’Histoire. Elles renouent avec un entendement empêché par les peurs humaines, les violences politiques ou les larmes de l’oubli. Là où les dieux du verbe sont voilés, elles révèlent à l’œil, en langages singuliers, des paroles d’universel". L’écrivain nous interpelle sur la nécessaire perception du sens. Les couleurs ? La forme ? À quoi servent-elles vraiment ?

Symbolique des couleurs

L’importance de ses perles est distinctement repérable par le choix des couleurs chez l’artiste. Puisque ce sont elles qui confèrent plus de sens à l’œuvre. Rouge, couleur miel, est la couleur royale, qui représente le pouvoir. Le noir, loin de signifier une connotation ténébreuse, évoque la terre, la racine. Notre racine aussi, et nous ne pouvons le nier. Une perle blanche figurera, quant à elle, la continuité de la vie. Le glissement perpétuel chez l’artiste est donc perceptible dans le sens qu’il lui donnera. Richard Razafindrakoto explique son rapport aux perles par la simple tradition familiale. Les perles, il connaît depuis son enfance. Élevé dans une famille traditionnelle, qui a gardé certaines facettes de la culture malgache, il a été amené à travailler avec les perles lors de sa rencontre avec Térésa Small, américaine installée à La Réunion depuis la fin des années 80.
Bako Nirina Rasoarifetra montre au cours de son exposé que Madagascar avait des relations étroites avec le commerce, cela depuis le 7ème siècle. Ce constat est le fruit de nombreuses années de recherches sur le sol malgache qui ont permis de découvrir ses perles archéologiques, qu’il a déterré de la poussière.
À l’exposition, la poésie ici ne se lit pas, on la regarde. Et peut-être se l’expliquer. Ne sommes-nous pas nous aussi malgaches ?

Bbj


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