Autour du « troisième secret de Fatima »

4 août 2008

Lorsque Gilbert Aubry dénonce les auteurs de ce texte « utilisant les apparitions de la Vierge Marie à Fatima et les “trois secrets” pour jouer sur la peur en faisant valoir des châtiments à venir et récupérer de l’argent en exploitant la crédulité et les mentalités magico-religieuses », il a tout à fait raison. Mais pourquoi, en toute logique, n’a-t-il rien dit de l’autre « manipulation », d’une toute autre ampleur celle-là, orchestrée pendant de longues années par son église, à l’instigation de la Curie romaine, autour de ces fameux secrets de Fatima ? Surtout après l’attentat contre le Pape Jean-Paul II le 13 mai 1981 sur la place Saint-Pierre à Rome. En ce jour anniversaire de la première apparition de la Vierge le 13 mai 1917 à Fatima, au Portugal, un jeune terroriste turc, Mehmet Ali Agça, avait tiré à bout portant sur le passage du Très Saint Père à l’heure de l’audience générale. L’attentat provoqua, selon le chroniqueur du journal “Le Monde” Henri Tinck, « une vague de mysticisme, de mariolâtrie et de papolâtrie sans précédent ». A l’hôpital Gemelli, où il avait été admis, le Pape déclara qu’« une main maternelle avait guidé la trajectoire du projectile », permettant au « pape agonisant » de s’arrêter « au seuil de la mort ». La balle, retrouvée près de sa jeep blanche, fut enchâssée dans la couronne de la statue de la Vierge de Fatima, où Jean-Paul II s’était rendu plusieurs fois pour remercier la Vierge de l’avoir miraculeusement sauvé.

Ainsi fut relancé le “troisième secret” que la Vierge aurait laissé aux jeunes enfants portugais lors de son apparition. Les deux premiers ayant été révélés en 1942 et auraient annoncé la 2ème Guerre mondiale ainsi que la « conversion de la Russie après sa consécration à Marie », j’allais écrire : après sa consécration à Boris Eltsine et aujourd’hui à Poutine ! Le Vatican profita du dernier voyage de Jean-Paul II pour donner une autre « vision prophétique »« un évêque vêtu de blanc (comme le Pape) s’avance parmi les cadavres des martyrs du XXème siècle ».

C’est un Italien, du nom d’Enzo Bianchi, à qui l’on doit cette remarque de bon sens : un Dieu qui peut détourner les balles faites pour tuer le Pape et qui ne lève pas le petit doigt pour arrêter l’extermination de millions de Juifs et la traite de millions de Noirs n’est pas un Dieu crédible. Dans un article au “Monde” du 3 juin 2000, le ère Jean Cardonnel « en appelle du faux troisième secret de Fatima à la Sainte jeune fille mère de Dieu, - du Dieu détrôneur du pouvoir tel qu’elle le chante dans son Magnificat ». « Il est impensable, et pourtant odieusement vrai, s’indigne-t-il, que l’on a détourné de son cours sauveur l’Eglise catholique, donc universelle, de la Résurrection du Verbe Jésus, inséparable de la Pâque, - passage de l’esclavage à la libération. Ceci pour la remplacer par une église des apparitions mariales ».

Georges Benne


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