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Culture et identité
Conférence-débat de l’AMCUR à Saint-Joseph sur le thème : "Héritages européens et réunionnisation"
18 novembre 2003
On dit que comparaison n’est pas raison, mais les complexes ont la vie dure - et celui de la "goyave de France" en particulier. Mais cela ne date pas d’aujourd’hui, comme l’a encore montré la conférence-débat organisée samedi dernier à Saint-Joseph par l’Association pour la Maison des Civilisations et de l’Unité Réunionnaise (A.M.C.U.R.). Une rencontre sur le thème : "Héritages européens et réunionnisation".
Ainsi, dans son intervention, Claude Wanquet, historien et enseignant à l’université de La Réunion, rappelle que - selon une idée fausse largement répandue - au début de son peuplement, l’Isle Bourbon fut habitée par une population ignare et inculte. Antoine Boucher, dans ses notes assassines sur ses contemporains y contribua largement. Il apparaît au contraire que l’on manifestait à cette époque un réel intérêt pour la culture et les idées européennes les plus avancées. « On trouvait à Bourbon autant de livres en circulation que dans une province française moyenne », rappelle Claude Wanquet. Certes, la culture scientifique et littéraire n’est pas l’apanage de tous, mais elle est bien présente.
Pour ce qui concerne les idées, celles véhiculées par la Révolution arrivent avec retard, compte-tenu des moyens de communication de l’époque, mais elles nous parviennent. C’est d’ailleurs de la période révolutionnaire que nôtre pays tire son nom : La Réunion. Appellation décidée en mars 1793 et appliquée en février 1794.
L’influence de la Révolution se traduit dans la toute jeune île de La Réunion à la fois par un sentiment patriotique français très fort en même qu’un sentiment autonomiste. D’ailleurs, rappelle Claude Wanquet, en mars 1800, il ne s’en est fallu que de quelques voix pour que l’assemblée coloniale ne vote... l’indépendance de l’île !
En fait, notre île cultive sa dualité dès le début de son peuplement, avec un légitimisme parfois exacerbé vis-à-vis de la métropole, tout en faisant prévaloir ce que l’on regrouperait aujourd’hui sous le vocable de "spécificités". C’est d’ailleurs au nom de ces "spécificités" que des voix s’élèvent dans le pays pour protester contre la première abolition de l’esclavage proclamée le 4 février 1794 par la Convention. Une abolition qui ne sera jamais appliquée jusqu’à ce que l’esclavage soit rétabli en 1802, sous la dictature bonapartiste. Par ailleurs, note Claude Wanquet, déjà en ce début de 19ème siècle, le mode de vie à La Réunion s’inspire fortement du mode français, « parfois de manière caricaturale ».
1848, 1946, « dates clés »
Poursuivant cette exploration de notre Histoire, Joël de Palmas, historien et inspecteur de l’Education nationale, articule son intervention autour des deux « dates clés » que sont pour lui 1848 - avec l’abolition de l’esclavage - et 1946, avec l’obtention du statut de département. Entre autres choses, ces deux dates ont un point commun : si elles sont déterminantes pour l’évolution de La Réunion et si elles ont été précédées de grandes luttes dans le pays (révoltes d’esclaves, marronnage, luttes revendicatives et politiques pour le statut de département...), elles n’ont pas été décidées dans ici, mais à Paris...
En 1815, après que l’île fut rendue à la France par les Anglais et qu’elle retrouve son nom de La Réunion, débute une agriculture qui aujourd’hui encore façonne le paysage réunionnais : la canne à sucre. Très vite, la canne s’installe sur les terres, et de 21 tonnes de sucre en 1815, on passe à 73.000 tonnes en 1868 puis à 130.000 tonnes en 1951.
Au passage, on notera que la culture de la canne va à l’encontre du "pacte colonial" aux termes duquel la colonie a pour "vocation" de fournir la métropole en matière première. Or, avec la canne, difficile de faire autrement que de la transformer en sucre sur place. Cette industrialisation permettra à l’île, au fil des années de développer un savoir-faire tant dans la recherche variétale que dans le processus de transformation, avec notamment la batterie Gimard et le four Wetzel.
Si les champs de cannes sont de plus en plus présents dans le paysage agricole, les moulins connaissent aussi une forte croissance, passant de 9 en 1820 à 110 en 1847. Parallèlement, des fortunes se bâtissent. Mais la machine va s’enrayer, car si cette quasi mono-culture a permis de développer un savoir-faire, il s’est aussi construit à partir d’une main-d’œuvre esclave. Or, en 1848, sur quelque 46.000 esclaves recouvrant la liberté, ils ne sont que 15 000 à choisir de rester sur les exploitations.
Du coup, les propriétaires terriens, explique Joël de Palmas, se trouvent confrontés à une situation paradoxale : ils doivent faire face à la fois à une pénurie de main-d’œuvre, puisque 31.000 anciens esclaves ont choisi de ne pas rester dans les exploitations où ils servaient de main d’œuvre gratuite, et dans le même temps, ils doivent rémunérer les 15.000 autres qui ont choisi, eux, de rester dans les plantations. On assiste alors à la faillite de nombreux petits propriétaires et à une concentration des moyens de production.
C’est aussi à cette période que commence la conquête des Hauts, notamment Cilaos, la Plaine des Palmistes et la Plaine des Cafres. C’est ainsi que même si l’île globalement ne manque pas de bras, on va se tourner vers l’extérieur - notamment vers l’Inde - pour importer de la main d’œuvre. Ainsi commence la période de l’engagisme qui, malgré l’abolition de ce régime le 11 novembre 1882, ne s’achèvera véritablement qu’en 1930, avec les derniers Rodriguais venus comme travailleurs engagés.
Entre temps, face à une crise autant sociale qu’économique, certains décideurs de l’époque mettent en avant la notion de surpopulation, alors que l’île compte moins de 200.000 habitants ! Si certains mettent le cap sur des destinations lointaines, comme la Nouvelle-Calédonie, d’autres préfèrent regarder vers Madagascar. Ainsi naît La Réunion "colonie colonisatrice"...
Et nous voilà en 1946 et la départementalisation, dont les détracteurs ne voulaient pas, au nom de... spécificités ! Mais cette départementalisation n’est pas arrivée comme un cheveu sur la soupe. Elle est le fruit de luttes sociales et politiques longues et âpres, puisqu’on note pour la première fois l’apparition du slogan "Réunion département français" sur une banderole lors d’une manifestation le 1er mai 1936. Le régime colonial officiellement aboli et la départementalisation acquise dans la loi, les effets du nouveau statut sont loin d’être immédiats. À tel point que les initiateurs de la départementalisation que sont les députés Léon de Lépervanche et Raymond Vergès accuseront le gouvernement de freiner le processus.
« D’où la remise en cause du statut de département, de la création du PCR en 1959 et du mot d’ordre d’autonomie », résume Joël de Palmas. La départementalisation a-t-elle pour autant contribué à couler La Réunion dans le moule du "modèle européen" ? Pour Joël de Palmas, ce modèle a été copié « avec plus ou moins de bonheur ». Mais, conclut-il, « aujourd’hui, nous sommes plus héritiers d’une culture mondiale qu’européenne ».
Hier, aujourd’hui, demain... |
Curieux et détonnant mélange des genres à la tribune des intervenants : aux côtés d’historiens, qui se penchent sur le passé et l’analyse, un démographe, chargé d’étude à l’INSEE qui, lui, s’appuie sur des données chiffrées pour regarder vers demain. Et les chiffres donnent toute l’ampleur du défi à relever : 180.000 habitants en 1870, puis un palier jusqu’en 1930, et enfin, de 1930 à nos jours, une population réunionnaise multipliée par quatre ! Au travers des chiffres, ce sont des tranches d’Histoire qui méritent d’être regardées de plus près. Ainsi, en 1950, le taux de mortalité infantile était de 160 pour mille. Autrement dit, un enfant sur six mourait avant l’âge d’un an ! Aujourd’hui, ce taux est de 7 pour mille (5 pour mille en France). Là encore, tout ne s’est pas fait d’un coup de baguette magique et il aura fallu bien des combats pour faire baisser ce taux, tandis qu’on enregistrait un gain de 25 années d’espérance de vie en moins d’un demi-siècle. L’espérance de vie est ainsi passée de 47 à 71 ans pour les hommes et de 54 à 79 ans pour les femmes. En revanche, sur les causes de décès dus à des maladies, c’est aujourd’hui le diabète qui arrive en tête alors qu’en 1950, c’était le paludisme qui était à l’origine de 40% des décès dans l’île. Dans 25 ans, quand notre île aura terminé sa transition démographique, en fonction des différentes hypothèses, nous seront environ un million d’habitants et, alors que notre population est aujourd’hui très jeune, à cette date, 20% de la population aura plus de 60 ans. Ainsi, les historiens nous aident à comprendre comment nous sommes arrivés à la situation actuelle. Le démographe, lui, prend le relais et se projette vers l’avenir. |
C’est la faute à... |
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Dans presque tous les débats publics, vient toujours un moment où la question rituelle est posée : "où sont les politiciens ? que font-ils ?". On n’y a pas échappé dans la conférence de l’AMCUR consacrée aux héritages européens, où l’on a déploré le désintérêt des élu(e)s vis-à-vis de la culture. D’abord une remarque sur la forme. A-t-on conscience du sens péjoratif en français du terme de "politicien" ? Quand on veut dénoncer une magouille, on parlera à juste titre de "politique politicienne". Mais pourquoi désigner les hommes et les femmes exerçant des responsabilités politiques de "politiciens" ? Est-ce la traduction inconsciente du mot anglais "politician" ? Une deuxième remarque sur le fond. On sait bien que toute généralisation est abusive. Les analyses critiques des discours racistes et sexistes ont montré qu’un des procédés les plus courants consiste à porter une condamnation sur tout un groupe, sans exception : "tous les X sont ceci ou cela". Procédé terriblement efficace, car le stéréotype une fois en circulation, tout individu faisant partie de la classe X sera déconsidéré. Est-il juste de jeter l’anathème sur "tous les politiques" sans aucune différenciation ni nuance ? Une dernière remarque de circonstance mais qui montre l’inadéquation du discours avec la réalité. Il y avait au moins deux élues dans le public : une conseillère régionale et une conseillère générale. Enfin, la conférence était organisée par l’Association pour la Maison des Civilisations et de l’Unité Réunionnaise. Et qui est à l’origine du projet de cette Maison ? Ah tiens, un politique. Mais paradoxe : ce politique-là ne cesse d’être attaqué parce qu’il se soucie de culture. Cherchez l’erreur ! Brigitte Croisier (AMCUR) |
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