Lancement du Sakifo Muzik Festival à Saint-Leu

C’est parti !

6 août 2005

Sakifo Muzik Festival revient après une première édition très réussie. Les premiers concerts ont commencé hier après-midi sur le podium du Massalé au Parc du 20 Décembre de Saint-Leu. Les découvertes et les groupes locaux sont à l’honneur sur cette scène gratuite.

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13h15. Le Quatuor Malenga a la lourde tâche d’ouvrir la 2ème édition du Sakifo devant quelques dizaines de festivaliers et sous la pluie. Les quatre jeunes instrumentistes français (trois violonistes et une violoncelliste) se sont mis en tête de rendre la musique classique au plus grand nombre en jouant "partout et avec une attitude rock n’ roll". Le répertoire est effectivement classique (Brahms, Verdi, Bizet, Vivaldi....), les tenues de scène beaucoup moins : les musiciens ont troqué les habituels costard-cravates et robes de soirée pour des débardeurs moulants et des jeans (parfois déchirés). Pas de chef d’orchestre non plus pour présenter les titres, mais l’un des violonistes à la chevelure touffue et bouclée joue les maîtres de cérémonie pour un public peu nombreux mais attentionné et visiblement ravi. Les autres festivaliers sont sans doute encore retenus par le travail ou coincés dans les embouteillages... Rendez-vous dimanche à 8h au Massalé pour entendre le Quatuor Malenga revisiter quelques chansons d’Ousanousava.
Vers 14h20, Hamsa prend place sur scène. Il y a déjà un peu plus de spectateurs et le ciel commence à se dégager. Les huit musiciens réunionnais (tabla, percussions, saxophone, clavier, tabla, guitare) interprètent le répertoire du groupe dans sa version première, c’est-à-dire sans les musiciens indiens du Kerala. Pendant près d’une heure, ils nous livrent une performance un peu molle. Le public ne se montre pas très enthousiaste malgré les efforts des deux jeunes chanteurs, Patrice et Patricia. Le concept musical est pourtant intéressant : du séga-maloya teinté de jazz, de salsa et de sonorités indiennes.
La Fanfare Régionale prend ensuite le relais pour une animation entre deux stands pendant le changement de plateau. Les quelques musiciens du Conservatoire National de Région (trompette, trombone, tuba) et trois percussionnistes reprennent un répertoire de séga et de romances créoles dans la tradition des orchestres en cuivre. Le public, debout, reprend en chœur "Ti Fleur Fanée" et "La Rosée Tombée". Un clin d’œil à Maxime Laope, ségatier disparu il y a tout juste trois semaines...
La Fanfare se dirige ensuite vers le podium pour laisser place à Zikzako et son chanteur-guitariste Jim Fortuné. Jean Cabaret, qui présente les groupes, nous conseille de "bien écouter les paroles". On aimerait bien, mais le son nous permet à peine de comprendre la poésie de Jim. Accompagné de son fidèle percussionniste Fabrice et de deux nouveaux musiciens (flûte traversière et trombone), il nous interprète ses "textes doux-amer" sur de la bossa-nova.
La chanteuse Claudine François le rejoint sur scène pour interpréter une des nombreuses chansons créées pendant les Rencontres du Kabardock en juillet.
Rencontres et découvertes, l’esprit Sakifo est bel et bien de retour.


Jazz au Cirk

Teddy Baptiste en entrée, Joe Zawinul en plat de résistance et le feeling en dessert. Hier soir au Cirk, (stade de Saint-Leu), le menu était particulièrement copieux Les amateurs de jazz en ont eu pour leur argent. Les autres aussi.
On ne présente plus Teddy Baptiste, le guitariste portois a depuis longtemps acquis la notoriété. Il le mérite. Il sait comme personne unir une sonorité délibérément jazz aux accents d’un maloya teinté d’une pointe de salegy. Le public apprécie et cela va droit au cœur de Teddy Baptiste. Alors il se livre à fond et le résultat est tout simplement très bon.
Le public était alors fin prêt à recevoir Joe Zawinul l’une des plus grandes légendes vivantes du jazz et co-fondateur du groupe mythique Weather Report aujourd’hui dissous. L’artiste a été à la hauteur de sa réputation. Il a su captiver son auditoire pendant plus d’une heure.
L’air du temps était au jazz ce vendredi soir au Cirk. Un pur moment de bonheur


Deux atypiques au Chapito

Pour les premiers concerts au Chapito, l’équipe du Sakifo Musik Festival a misé sur deux artistes hors sentier battus : Nathalie Natiembé et Lo’Jo.
18h15 sous la chaleur étouffante du Chapito, Nathalie Natiembé entre seule en scène accompagnée de sa calebasse et ses bagues. Sa chanson commence comme une berceuse et se termine en maloya. Et déjà les spectateurs s’enflamment. Fidèle à elle-même, Nathalie Natiembé est en pleine forme : elle blague avec ses fans et a sa manière si particulière de danser, courbée avec des gestes saccadés. Le public lui est tout acquis : il danse lui aussi, tape des mains, l’acclame à la fin de chaque chanson. Elle le lui rend bien : " mi wa zot lé kontan, mon kèr lé kontan osi" ("je vois que vous êtes contents, mon coeur aussi est joyeux). Dans ses paroles, la chanteuse dénonce la colonisation, revendique ses racines et s’inquiète de l’état du monde. Autour d’elle, les percussionnistes Jean Amémoutou-Laope et Samy Pageaux-Waro rivalisent d’inventivité avec leurs instruments : tabla, bongo, sanza, golpenspiel, petit balafon... et bien sûr djembés et roulèr. Au bout de quelques morceaux, Régis Gizavo les rejoint sur scène. L’accordéoniste malgache est présent sur le prochain album "Sankèr", à sortir sur le label métropolitain Marabi et le label du Séchoir More South.
Lo’ Jo succède à Nathalie Natiembé. Difficile de définir leur style musical : la musique de Lo’Jo est inclassable. Le groupe d’Angers s’inspire des musiques du monde, en particulier celles d’Afrique et des pays de l’Est. Assis devant son clavier, Denis Péan, le fondateur à la voix rauque, chante sa poésie tandis que les deux chanteuses passent du français aux langues étrangères et s’accompagnent tour-à-tour de petites percussions, d’un n’goni africain et d’une clarinette. Le tout accompagné d’un violoniste, d’un batteur et d’un bassiste et contrebassiste. Ce groupe voyageur fait escale à La Réunion pour la 2ème fois. En 1991, Denis Péan était venu avec la compagnie de théâtre de rue "Jo Bithume". Lo’ Jo connaît d’ailleurs maloya, qu’il cite dans l’une de ses chansons. Là encore, les 600 spectateurs du Chapito sont conquis.

(Reportage textes et photos Imaz Press Réunion)


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