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Dialogue entre Aimé Césaire et Paul Vergès sur la loi du 19 mars 46
18 juillet 2006
Le 18 mars dernier, une cérémonie hors du commun a été organisée au Conseil régional pour célébrer le 60ème anniversaire de la loi transformant les ’quatre vieilles colonies’ en départements. Cette cérémonie s’est déroulée en présence notamment du président de l’Assemblée nationale, spécialement envoyé à cette fin à La Réunion par le Président de la République, et du Président de la Région Réunion. Jean-Louis Debré et Paul Vergès ont prononcé à cette occasion des allocutions qui ont marqué l’entrée de notre île dans une nouvelle ère politique.
Mais durant cette cérémonie, les participants ont vécu un autre temps fort : la diffusion sur grand écran d’un dialogue enregistré onze jours plus tôt en visioconférence entre Paris et Fort-de-France, avec la participation de Françoise Vergès comme consultante technique. Voici la présentation de ce document par Jean-Claude Carpanin Marimoutou, professeur de Lettres à l’Université de La Réunion. Les intertitres sont de “Témoignages”.
Ce document donne à voir et à écouter un dialogue entre Aimé Césaire et Paul Vergès autour du sens et de l’esprit de la loi du 19 mars 1946 qui met fin au statut colonial de la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique et La Réunion. Il est exceptionnel à plusieurs titres.
Il l’est d’abord par le fait que, pour la première fois depuis longtemps, mis à part les entretiens qu’il accorda en 2005 à Françoise Vergès et qui ont été publiés chez Albin Michel sous le titre “Nègre je suis, nègre je resterai”, Aimé Césaire expose publiquement, présente et discute de sa pensée politique, des prises de position et des luttes qui lui sont liées.
Il l’est ensuite en raison même de la personnalité des deux interlocuteurs, qui sont deux autorités intellectuelles, politiques, morales du 20ème et du 21ème siècles.
Je ne dirai rien de Paul Vergès, parce qu’il est dans la salle et que sa modestie et sa discrétion en souffriraient. Je parlerai essentiellement d’Aimé Césaire, que les Réunionnais connaissent peut-être moins.
Un écrivain et un responsable politique
L’homme qui dialogue avec Paul Vergès dans ce film est sans doute le plus grand poète de langue française moderne, et vraisemblablement l’un des plus grands poètes du monde. André Breton disait que sa parole est belle comme de l’oxygène naissant et, en effet, elle nous aide à vivre, à penser, à agir. L’homme qui parle ici est l’auteur du “Cahier d’un retour au pays natal”, de “Cadastre”, de “Ferrements”, de “Moi, laminaire”, de pièces de théâtre comme “La Tragédie du Roi Christophe”, “Et les chiens se taisaient, “Une Tempête”, “Une Saison au Congo”.
Son œuvre est étudiée dans le monde entier et nombreux sont ceux qui se sont découverts écrivains à la lecture de Césaire, qui ont forgé leur propre œuvre dans un dialogue fécond avec le sien : écrire contre ou avec Césaire, mais à partir de lui, dans un dialogue constant avec lui, reconnu ou souterrain.
Ce poète est, en même temps, un homme politique important, qui a été le rapporteur de la loi du 19 mars 1946 à l’Assemblée Constituante, qui fut le député maire de Fort-de-France et dont la pensée et les prises de position ont influencé les combats de la Martinique, des Antilles et de l’Outre-Mer français et, au-delà, de l’État français pendant des décennies. Beaucoup d’hommes politiques antillais sont entrés en politique à cause de Césaire et ont pris position par rapport à sa pensée et à ses combats : pour, avec ou contre Césaire, mais à partir de lui. Son rayonnement politique est exceptionnel dans le temps et dans l’espace, et sa pensée politique est cohérente et extrêmement moderne.
Une autorité morale et intellectuelle
Ce poète, cet homme politique, qui a donc su marier l’action et le rêve, est aussi une autorité morale et intellectuelle de premier plan qui s’est attaquée de front aux questions du déni de soi engendré par l’exploitation coloniale, le racisme colonial, la négation du semblable par le semblable, ce semblable étrangement remplacé dans de nombreux discours théoriques, grâce à un tour de passe-passe sémantique, par le Même (occidental) et l’Autre (tout le non occidental).
Aimé Césaire a été le chantre d’une négritude qui se fonde non pas sur un essentialisme métaphysique ou racial, mais sur la place (ou la non-place) que le monde faisait (ou ne faisait pas) aux descendants d’esclaves et à tous leurs frères en oppression et en humiliations, ce qu’il rappelle clairement dans le discours de Miami.
L’auteur du “Discours sur le colonialisme”, qui répondait par avance aux discours sur les bienfaits de la colonisation a aussi été celui des discours de 1948 sur Victor Schœlcher, de 1958 sur l’Abbé Grégoire, de 1971 sur les luttes des marrons et des esclaves aux Antilles qui devaient aboutir au 22 mai 1848.
Mais il a aussi été l’auteur de la “Lettre à Maurice Thorez”, de la critique d’une certaine pensée stalinienne française, au nom de la nécessité qu’il ressentait impérieuse de penser les questions de l’Outre-Mer à partir des réalités de l’Outre-Mer, de ses réalités sociales, économiques, culturelles, de son histoire et de sa géographie.
Cohérence
C’est donc un très grand honneur qu’Aimé Césaire fait à La Réunion en dialoguant avec Paul Vergès autour de la loi du 19 mars 1946, de son esprit et de son sens, sinon de sa lettre, et en acceptant de rendre ce dialogue public. Qui mieux que le rapporteur de la loi peut en signifier et rappeler le sens ?
Ce dialogue entre deux personnalités qui ont marqué l’histoire de ce demi-siècle, dialogue qui s’instaure à l’occasion du 60ème anniversaire de la loi, ne s’y limite pas, ou, plus exactement, il permet de comprendre la cohérence et l’extrême modernité d’une pensée et d’un combat pour la liberté, l’égalité, la fraternité, non pas comme de simples concepts, mais comme des exigences vitales pour l’amélioration de réalités sociales, économiques et culturelles, exigences qui sont au cœur des combats de femmes et d’hommes depuis l’esclavage jusqu’à aujourd’hui.
J’ai parlé de cohérence : l’auteur de la loi qui abolit le statut colonial l’inscrit dans la longue histoire des luttes des anciennes colonies, comme un moment qui découle logiquement de la lutte pour l’abolition de l’esclavage, et qui la complète, à partir des revendications des Guadeloupéens, des Guyanais, des Martiniquais, des Réunionnais.
Identité et responsabilité
L’auteur de cette loi est aussi celui qui, parce qu’il estime qu’à un moment donné cette loi est vidée de son sens et pensée comme assimilation là où ce qui était demandé était l’égalité et la reconnaissance de l’identité, fonde le PPM (Parti progressiste martiniquais) et demande l’autonomie de son île.
Il y a là, derrière l’apparente contradiction, l’approfondissement dialectique d’une exigence d’égalité et de fraternité, qui demandait que soit intégrée au débat la question de l’identité et de la responsabilité. Cette exigence repose sur cette donnée simple que l’égalité n’implique pas l’assimilation mais la reconnaissance, l’acceptation et le respect des différences, de la diversité, seule base possible d’un échange égal et égalitaire entre semblables.
La modernité de ce dialogue
J’ai parlé aussi de la grande modernité de la pensée de Césaire et du dialogue qui s’instaure ici. Élaboré à partir des conditions, des réalités, de l’histoire des luttes propres à nos îles, ce dialogue est tout sauf nombriliste et passéiste.
Tenu en 2006, au moment où le monde entier est confronté à des défis importants pour son avenir global et solidaire, il ouvre une parole insulaire cohérente et convergente au monde sur des sujets extrêmement contemporains et qui sont au cœur des débats actuels partout en France et dans le monde : la question de la démocratie, du droit égal de tous les êtres humains à bénéficier des progrès économiques et sociaux, de l’égalité des cultures et des sociétés, de la diversité culturelle comme fondement de la démocratie et la condition du vivre ensemble, de la reconnaissance de l’humanité et des droits de chaque être humain.
La loi du 19 mars 1946, en mettant fin au statut colonial, portait cela en germe. La parole d’Aimé Césaire dialoguant avec Paul Vergès nous le rappelle, comme elle nous rappelle la nécessité de reconnaître et d’approfondir les filiations pour que la transmission se fasse.
C’est pour toutes ces raisons, et pour d’autres que vous découvrirez que ce document est important. Il a aussi, en ce sens, une valeur historique.
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