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Césaire et le peuple réunionnais, un combat solidaire
7 avril 2011
Aimé Césaire, chantre de la négritude et de la lutte contre le colonialisme, poète et homme politique, a fait son entrée hier au Panthéon. Dans “Le Monde” de mercredi, Françoise Vergès, politologue et présidente du Comité pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage souligne ce qu’il « nous a apporté ». Voici la reproduction de cet article avec des intertitres de ’Témoignages’.
Le 6 avril 2011, Aimé Césaire entre au Panthéon, où reposent les « grands hommes » de la France. Désormais, les visiteurs auront l’occasion de rencontrer, rassemblées dans une même crypte, des figures associées aux combats contre l’esclavagisme et le colonialisme : Toussaint Louverture, Louis Delgrès, Victor Schoelcher, Félix Éboué et Aimé Césaire.
Ces combats, encore mal connus, et leur histoire, encore sujette à des raccourcis trompeurs et des incompréhensions, sont pourtant indissociables de l’avènement de la modernité, de la citoyenneté et de la démocratie. En effet, ces combats ont contribué à l’universalité des droits de l’homme et aux idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité.
À cette occasion, plutôt que de raconter la vie d’Aimé Césaire, qui, rappelons-le, ne voulait pas être « l’homme de l’étalage cérémoniel », il est sans doute plus utile de rappeler, en empruntant ses propres mots, ce qu’il nous a apporté et qui résonne toujours aujourd’hui alors que nous assistons à un nouvel « ensauvagement » du monde, à une nouvelle « fabrication de personnes jetables », qui « déshumanise l’homme même le plus civilisé ».
« Mon nom : offensé ; mon prénom : humilié ; mon état : révolté »
Poète, dramaturge, écrivain, homme politique, né dans une colonie française, la Martinique, porteur d’une loi qui fit des colonies post-esclavagistes des départements d’outre-mer, incessant combattant pour la dignité et l’égalité, et qui voulut rester toute sa vie un rebelle, un Libre, Césaire fut un acteur de son siècle.
« Mon nom : offensé ; mon prénom : humilié ; mon état : révolté ; mon âge : l’âge de pierre. Ma race : la race humaine. Ma religion : la fraternité ». Cet échange entre "le rebelle" et "la mère" (“Et les chiens se taisaient” (Présence africaine, 1958) résume de manière lapidaire la pensée d’Aimé Césaire. Une pensée qui avait « la force de refaire ce qui a été défait ; la force d’inventer au lieu de suivre ; la force "d’inventer" notre route et de la débarrasser des formes toutes faites, des formes pétrifiées qui l’obstruent », la pensée d’un rebelle qui s’est confronté à l’histoire, mais sans jamais renoncer au rêve et à la poésie.
« Ma poésie parle pour moi », a-t-il souvent déclaré, pour couper court à toute discussion sur ses opinions, las de s’être si souvent expliqué et d’avoir été trop souvent si mal compris.
Relire Césaire, c’est entrer dans une pensée qui questionne une écriture de l’histoire qui s’énonce depuis l’Europe, une cartographie du monde qui s’ordonne sur un axe Nord-Sud ; une pensée qui pose la colonisation comme un des moments constitutifs de notre monde, car « la colonisation n’est pas un chapitre de cette histoire, mais au contraire quelque chose de fondamental ». La notion de mission civilisatrice est impossible à défendre, car, « de la colonisation à la civilisation, la distance est infinie », aucune « valeur humaine » ne s’y enracine. Le contact se fait en dehors, en marge, dans la résistance à l’ordre esclavagiste et colonial. Car cet ordre est aussi mortifère, il inculque « la peur, le complexe d’infériorité, le tremblement, l’agenouillement, le désespoir, le larbinisme » et la « lèpre hideuse des contrefaçons ».
La lutte pour l’égalité
Loin de toute idéalisation — le monde antillais, écrit-il, est « le monde de l’insaveur, de l’inauthentique » (1975) — Césaire professe cependant un profond amour pour son pays, « lieu géométrique de l’amour et de la morale ». Cette position entre une profonde tendresse pour un peuple et sa terre et une distance pensée, affirmée, est constante chez Césaire. Il épouse la « douleur antillaise », la « nostalgie antillaise » pour retrouver son « moi profond » dépouillé des « défroques occidentales et françaises ». Il dénonce un « monde fermé, étroit » et ne cache pas la difficulté d’habiter un lieu « inhabitable », hanté par le « malaise d’un peuple qui a le sentiment qu’il n’est plus responsable de son sort, et qu’il n’est qu’un comparse dans un drame dont il devrait être le protagoniste », mais défend avec fougue l’aspiration à la dignité des colonisés et de leurs descendants.
Ainsi, dès 1948, il fait le procès d’un État qui refuse d’appliquer ses propres lois : « Nous avons demandé l’assimilation des droits de l’homme et du citoyen. Celle que vous nous offrez, c’est celle de la matraque et des gardes mobiles ».
« L’Europe se moque éperdument d’eux »
Césaire étudie la solitude du pouvoir, celle d’hommes qui rêvent de porter un coup fatal à l’indignité, à la mise en esclavage, à l’exploitation la plus brutale : Toussaint Louverture, Patrice Lumumba, le roi Christophe. “Le Roi Christophe”, disait Césaire, « n’est pas une comédie, c’est une tragédie très réelle, car c’est la nôtre. Que fait Christophe ? Il instaure une monarchie ; il imite le roi de France, s’entoure de ducs, de marquis, d’une cour. Tout cela est grotesque, mais, derrière ce décorum, cet homme, il y a une tragédie qui pose des questions très profondes sur la rencontre des civilisations. Ces gens prennent l’Europe pour modèle. Or l’Europe se moque éperdument d’eux. C’est une évidence ».
Césaire a fait des expériences qu’il a vécues — héritages de l’esclavage, colonialisme, nazisme, décolonisation, règne du capitalisme financier, repli sur soi, émergence de nouvelles « identités meurtrières », nouvelles cartographies des luttes — le terrain de ses réflexions. Le nazisme est, pour lui, « la barbarie suprême, (celle qui) résume la quotidienneté des barbaries », un « poison instillé dans les veines de l’Europe », mais qui est le retour sur son propre sol d’une barbarie pratiquée au loin, dans les colonies.
Entreprendre « une véritable révolution copernicienne » des esprits
Nous trouvons dans la lecture de l’œuvre d’Aimé Césaire une réflexion qui nous aide à penser notre temps, une époque où de nouvelles formes de brutalité, de nouvelles formes d’esclavage nous obligent à entreprendre « une véritable révolution copernicienne » des esprits.
Ne voyons-nous pas, à sa suite, « hystérique, en plein cœur de nos forêts et de nos brousses, la formidable usine, mais à larbins, la prodigieuse mécanisation, mais de l’homme, le gigantesque viol de ce que notre humanité de spoliés a su encore préserver d’intime, d’intact, de non souillé, la machine, oui, jamais vue, la machine, mais à écraser, à broyer, à abrutir les peuples » ?
On ne saurait nier la formidable modernité de l’œuvre anticolonialiste d’Aimé Césaire, qui est une constante réfutation d’une notion figée de l’identité nationale ou d’un récit historique eurocentré.
Il nous laisse en héritage le souci de l’écriture de l’histoire des anonymes, des disparus du monde non européen et ces mots d’ordre simples et justes : « Lutte pour la justice ; lutte pour la culture ; lutte pour la dignité et la liberté ».
Françoise Vergès, politologue, présidente du Comité pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage
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