Conseil régional - Jour de l’an tamoul

Célébrer d’abord les ancêtres indiens

15 avril 2006

La culture indienne, partie intégrante de la culture réunionnaise, était à l’honneur hier, à l’Hôtel de Région. Occasion pour le président de Région, Paul Vergès, de rendre un vibrant hommage aux ancêtres indiens, les premiers engagés.

Le hall du Conseil régional avait du mal à contenir tout son monde. En présence du consul général de l’Inde et du président de la fédération des associations et groupements culturels et cultuels de l’île de La Réunion, plus de trois cents personnes, dont plusieurs élus régionaux, venaient fêter le Jour de l’an tamoul, l’année 5107. Le consul général de l’Inde, après une explication sur le cycle du calendrier indien, a notamment adressé à l’assemblée les salutations fraternelles du peuple indien. Par ailleurs, il a salué la démarche régionale, consistant à développer la coopération régionale entre nos deux pays, et par là même a félicité les Réunionnais d’origine indienne pour leur implication dans le développement de La Réunion. "La communauté indienne contribue au développement du pays dans toutes les sphères, qu’elles soient économique, politique, culturelle", déclarait le consul. Krishna Badamia, président de la fédération des associations et groupements culturels et cultuels de La Réunion, a quant à lui mis l’accent sur le travail associatif, qui a permis de mettre en valeur la culture et la religion indienne. Grâce aux associations de la communauté indienne, les Réunionnais comprennent davantage cette civilisation, quote-part de la culture réunionnaise. Krishna Badamia précise aussi la mise en place de librairies spécialisées, mais également d’une coopération culturelle Réunion-Inde. Subbash, qui œuvre pour la reconnaissance de la musique indienne à La Réunion, en faisait la démonstration. Il donnait un récital indien en compagnie d’un illustre chanteur venu de l’Inde, et d’un tout jeune percussionniste. Preuve que les jeunes Réunionnais s’ouvrent facilement à leur culture d’origine.

Hommage aux engagés indiens

"Ma pensée va aux premiers Indiens, qui n’avaient pas les moyens que vous avez aujourd’hui, isolés aux lazarets de peur qu’ils n’apportent des maladies inconnues, répartis dans les champs, les usines, pour faire la richesse de La Réunion", déclarait Paul Vergès au début de son intervention. Et de poursuivre "je pense à eux, parce que venus ici, à l’exception de ceux qui sont rentrés en Inde au terme de leur contrat, leurs descendants n’ont plus eu de lien avec l’Inde". Ils garderont leur religion, mais perdront au fil de années leurs langues, parce que "soumis à un régime qui leur a fait perdre leur langue par l’assimilation", poursuit-il. Le président Vergès saluait également le courage de ses engagés venus sur une terre inconnue pour dessiner un destin peu commode. "Aujourd’hui, si vous êtes ce que vous êtes, c’est grâce à eux, et les Réunionnais d’origine non-indienne leur doivent aussi ce qu’ils sont", lance Paul Vergès. Et celui-ci d’interpeller la communauté indienne pour qu’ils aident à bâtir le patrimoine immatériel issu de cette civilisation plusieurs fois millénaire. Toutefois, sans mettre en compétition les différentes cultures, Paul Vergès parle de l’héritage culturel qui fait toute la richesse de la culture réunionnaise, qu’elle provienne de la Chine, de Madagascar, de l’Afrique, de l’Inde ou encore de France. "La différence n’est pas division, c’est une richesse", dira-t-il, en notant toute l’importance du travail de la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise (MCUR), qui cherche la valorisation de toute cette richesse. La MCUR veut "montrer que les ancêtres venus d’ailleurs sont venus de pays de hautes civilisations". C’est la raison pour laquelle il demande à chaque famille réunionnaise d’origine indienne d’aider à la mise en valeur des contes, des souvenirs, au profit de la MCUR, et donc de tous les Réunionnais. "C’est une richesse encore inexploitée", disait-il.

Jour de l’an tamoul, jour chômé

Au cours de son intervention, le président Vergès a encore précisé qu’il était important pour la communauté indienne de pouvoir profiter d’un jour férié pour le Jour de l’an tamoul. Il relevait que la France n’accorde de jour férié qu’aux grandes dates historiques françaises, ou encore à la religion catholique. Comme le Jour de l’an chinois, les Indiens devraient pouvoir bénéficier d’un jour chômé. Le Groupe de dialogue inter-religieux, qui regroupe des représentants du culte indien, est d’accord pour que cela se fasse. Comme cela s’est passé pour le 20 décembre, il recommande que la communauté indienne réunionnaise interpelle les prochains candidats à l’élection présidentielle, pour qu’en 2008, les Réunionnais d’origine indienne aient leur jour férié. "Ce sera La Réunion entière qui fêtera le Jour de l’an tamoul en 2008", déclarait-il. Par ailleurs, cette commémoration sera aussi l’occasion pour Paul Vergès de rappeler l’importance de la coopération régionale. "Il nous faut une politique capable d’anticiper l’avenir, et être au premier rang des changements qui vont s’opérer", déclarait-il. Et celui-ci de préciser que cette coopération est dessinée avec tous les pays d’origine des Réunionnais. Les festivités se sont poursuivies dans la nuit, avec de la danse, des chants et un défilé de mode. Bonne année 5107 à la communauté indienne de La Réunion, et à tous les Réunionnais.

Bbj

Maison des civilisations et de l’unité réunionnaisePaul Vergès

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