Un appel du Parti Communiste Réunionnais à l’occasion du 10 Mai 2012

Célébrons ensemble avec force en 2013 le 350ème anniversaire de la naissance du peuple réunionnais

11 mai 2012

Hier, à l’occasion de la Journée nationale de la mémoire de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions, le Parti Communiste Réunionnais a diffusé une déclaration à la presse dans laquelle il rappelle que le début du peuplement de notre île a commencé voici bientôt 350 ans. Le PCR appelle à faire de 2013 une grande année de commémoration de la naissance du peuple réunionnais 350 ans plus tôt, quand 10 Malgaches et 2 Français sont venus s’installer sur le territoire de ce qui est aujourd’hui Saint-Paul. Voici le texte de cette déclaration, avec des inter-titres de ’Témoignages’.

Selon les historiens, entre le 7 et le 14 novembre 1663, un bateau appelé "Saint-Charles" arrive de Madagascar dans la baie de Saint-Paul à La Réunion. En débarquent 10 Malgaches — dont trois jeunes filles — et 2 Français.
Parmi les 7 hommes malgaches, se trouvent notamment Jean Mousso et Étienne Lambouquiti.
Les 3 jeunes filles s’appellent Anne, Marguerite et Marie Caze (ou Racazo) ; ces trois sœurs sont âgées respectivement d’environ 13 ans, 10 ans et 8 ans.
Les 2 Français s’appellent Louis Payen et Paul Cauzan (ou Pierre Pau). En raison de leurs problèmes à Madagascar, ces deux colons ont décidé de venir à La Réunion, appelée à l’époque Ile Bourbon.
Ce pays était présenté comme une île de rêve par les précédents navigateurs qui y sont passés rapidement et en ont notamment pris officiellement possession au nom du roi de France par la Société de l’Orient successivement en 1640 (Salomon Goubert), en 1642 (Jacques Pronis) et en 1649 (Étienne de Flacourt). Les quelques Français de Fort-Dauphin (Madagascar) exilés provisoirement par Étienne de Flacourt à l’Ile Bourbon entre 1646 et 1649 puis entre 1654 et 1658 confirment à leur tour la salubrité du climat de l’île.

Les premiers marrons

Les 12 arrivants de novembre 1663 s’installent au pied des falaises de Saint-Paul, près de la grotte appelée plus tard celle des premiers Réunionnais, dans des cases en choca. Mais très vite des conflits surgissent entre les 2 Français et les 10 Malgaches, considérés comme des serviteurs, qui résistent aux injustices dont ils sont victimes, en prenant leurs distances dans les Hauts de l’île, devenant ainsi les premiers marrons.
En août 1665, la nouvelle Compagnie des Indes Orientales, chargée par la monarchie française de coloniser les pays de notre région, envoie une vingtaine de Français à La Réunion, sous la direction d’Étienne Regnault, nommé gouverneur. Selon plusieurs sources, les Malgaches réfugiés dans les Hauts reviennent sur le littoral car on leur promet qu’ils ne seront pas punis.
Étienne Lambouquiti épouse Marguerite Caze. Jean Mousso épouse la sœur de Marguerite, Marie Caze, qui donne naissance à Anne Mousso le 14 avril 1668 à Saint-Paul. Ce sera la première Réunionnaise.
Les deux Français ont des conflits entre eux et Louis Payen quitte le pays en février 1666. Pierre Pau aura un premier enfant nommé Étienne, baptisé le 7 août 1667. Paul Cauzan épouse Anne Caze, qui donne naissance à leur fils François vers 1671.
C’est ainsi qu’a commencé le peuplement pérenne de La Réunion et qu’est donc né le peuple réunionnais en 1663. En 2013, cela fera 350 ans qu’a eu lieu cette naissance.

Renforçons l’union et la solidarité

À l’occasion de la célébration — ce 10 mai 2012 — de la "Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions", en commémoration de la loi sur "La reconnaissance de l’Esclavage comme crime contre l’Humanité", le Parti Communiste Réunionnais invite l’ensemble de nos concitoyens à célébrer l’an prochain avec la plus grande ampleur ce 350ème anniversaire de la naissance de notre peuple. C’est une occasion à saisir pour renforcer la prise de conscience personnelle et collective des atouts économiques, socio-culturels et politiques dont nous disposons pour franchir une nouvelle étape de notre Histoire dans les années à venir, afin de bâtir ensemble une société plus harmonieuse mettant fin à l’apartheid social et donc plus libre et fraternelle dans le cadre de la réalisation — enfin — d’un développement durable, humain, responsable et solidaire.
Ce sera un moyen de renforcer l’union et la solidarité réunionnaises afin de faire respecter les droits de notre peuple au sein de la République française et de l’Union européenne, dans le cadre d’un partenariat équitable entre les responsables de La Réunion et ceux de ces deux instances.
Ce sera un moyen de faire avancer les grandes causes humaines que défend notre peuple depuis trois siècles et demi en résistant à toutes les formes d’oppressions et d’injustices auxquelles il a déjà été confronté par le système colonial, notamment durant la période de l’esclavage et de l’engagisme.
Ce sera un moyen de faire reconnaître notre identité spécifique ("nout nasyon") mais également de valoriser les atouts de notre culture, de notre patrimoine historique et de la pensée créole réunionnaise.
Enfin, ce sera un moyen de renforcer les liens avec les peuples frères de notre région d’où sont venus une partie de nos ancêtres et avec lesquels nous souhaitons bâtir un co-développement régional solidaire.

Le moment de la responsabilité

À cette fin, le PCR invite l’ensemble des citoyens, organisations syndicales, politiques, associatives et institutions (collectivités réunionnaises, Université de La Réunion, services de l’État, etc.) à prendre des initiatives et à organiser des actions dans ce sens, pour célébrer cet anniversaire tout au long de l’année.
Le PCR invite également le nouveau président de la République, le futur gouvernement et le Parlement à prendre en compte tous ces besoins du peuple réunionnais et à profiter notamment de la réforme institutionnelle pour lui permettre d’entrer dans l’ère de la responsabilité, de façon concertée. Cela s’inscrit d’ailleurs dans la mise en œuvre du contrat spécifique signé par François Hollande avec les Réunionnais avant l’élection présidentielle et des engagements qu’il a pris lors du discours historique qu’il a prononcé à Saint-Louis le 1er avril 2012.
Le moment est venu de créer les conditions de donner aux Réunionnaises et aux Réunionnais toutes leurs responsabilités afin d’assumer pleinement le développement économique, social, environnement et culturel de leur pays tout en s’insérant dans leur contexte régional.
Voilà le sens, hérité de notre Histoire, que nous pouvons donner tous ensemble à la célébration grandiose du 350ème anniversaire de la naissance du peuple réunionnais.

Élie Hoarau,
Secrétaire général du Parti Communiste Réunionnais

A la Une de l’actu10 maiParti communiste réunionnais PCRElie Hoarau

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus