Talipot fait sa rentrée

Cent fois, sur la scène, remettez votre ouvrage...

27 septembre 2004

Tournées en Afrique et en Europe, formations proposées sur le site de Pierrefonds, spectacles en cours, création sur le feu... Talipot fait flèche de tout bois. Pour la troupe qui va tout doucettement sur ses 20 ans, la démarche est toujours la même : partager cette recherche identitaire, l’expérience des voyages et des rencontres qui en découlent... Qu’importe la scène, pourvu qu’on ait cette ivresse partagée avec le public. Que ce soit à l’opéra de Paris ou sur la terre battue d’une place de village aux Comores, le plaisir est toujours le même et l’envie de communiquer cette joie de jouer est toujours présente...

Et quand la troupe sillonne l’Afrique de l’Ouest, se déplaçant parfois en bus sur des pistes poudreuses, ici, à Pierrefonds, comme dirait Bastèr, "l’esprit, le corps lé la", avec des actions de formation, des ateliers, des stages, l’accueil d’artistes en résidence et ce malgré l’incertitude qui prévaut sur l’avenir de Talipot au Dépôt de Rhum (voir encadré). En ce lieu chargé d’Histoire, des artistes venus d’Afrique, des îles voisines, du Sri-Lanka ou du Viêt-nam sont les bienvenus pour un métissage artistique.

Métissage artistique

Ainsi, Talipot accueille Maria Rizzi, une Allemande d’origine suisse qui participera à la prochaine création de Talipot prévue pour octobre prochain. Maria a plusieurs cordes à son arc et possède parfaitement le langage des signes, un atout qui lui permet d’être l’interprète de Hrysto, jeune comédien vietnamien sourd-muet. Né à Vientiane, Hrysto a suivi ses parents, réfugiés fuyant la guerre pour se retrouver à Paris où il s’est affirmé en tant que mannequin puis comédien et danseur. Hrysto sera lui aussi de la distribution pour la prochaine création de Talipot, qui aura cette fois pour thème le souffle dont Philippe Pelen-Baldini, directeur de la troupe donne quelques indices : "le mariage d’une dramaturgie corporelle et des nouvelles technologies".

Outre la préparation de ce prochain spectacle, Talipot, avec le renfort de Maria et Hrysto va également se lancer dans une série de stages et d’ateliers pour cette année et l’année prochaine en direction d’un public aussi divers que varié : ados et adultes sourds, scolaires, associations de quartiers de Pierrefonds et de La Ravine des Cabris, stage de théâtre sur les thèmes du “fantastique et de l’humoristique” ou encore sur “la communication sans parole”, ou bien “le corps de l’acteur, création et improvisation”... Une manière pour Talipot de montrer que les tournées hors de l’île n’entravent en rien son implication dans la vie du quartier de Pierrefonds et sa volonté d’aller au devant de publics divers pour les amener à découvrir le théâtre non pas en tant que consommateurs, mais comme... acteurs.

S. D.


Talipot à Pierrefonds : incertitude

Talipot a-t-il encore un avenir à Pierrefonds ? La question peut paraître abrupte, mais elle mérite d’être posée. C’est en 1996, avec la bénédiction de la municipalité de l’époque, que la troupe a posé ses bagages sur le site de l’ancienne usine sucrière de Pierrefonds, donnant une âme à un lieu chargé d’Histoire tombé en déshérence.
La troupe disposait d’une salle, le “Dépôt de Rhum” pour jouer ses créations et l’ensemble du site accueillit à plusieurs reprises le Festival d’Art métis, dont la dernière édition a attiré plus de 18.000 visiteurs, avec des spectacles dans les différents lieux du site : écuries, citernes etc. Entre temps, la salle du Dépôt de Rhum a fait l’objet d’une rénovation totale.

Petit à petit, Talipot et Pierrefonds semblaient unis pour le meilleur et pour le pire. Mais il semble hélas que le pire se profile à l’horizon. Si la convention triennale a bénéficié de l’accord de tous les partenaires (Région, Département, DRAC, Commune), il semble que la ville de Saint-Pierre ne respecte pas ses engagements. Pire : la convention liant la ville et la troupe pour l’occupation des lieux n’est toujours pas signée... Et malgré plusieurs courriers et tentatives de contacts, il semble que du côté de la mairie, on est en proie à une sérieuse panne de stylo...
Cela est d’autant plus dommageable que tous les partenaires institutionnels suivent financièrement alors que le devenir de Talipot reste suspendu à la signature par la ville de ladite convention.

"Malgré cela, nous avons lancé toutes les actions de formation, les ateliers, les stages. Nous voulons rester positifs malgré tout", affirme avec un brin d’espoir Philippe Pelen-Baldini.


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