
Mal-do-mèr dann sarèt
28 juin, parLo zour la pokor kléré, Zan-Lik, Mariz é sirtou Tikok la fine lévé, mèt azot paré. Madanm Biganbé i tir zot manzé-sofé, i donn azot, zot i manz. (…)
Cultures de l’oralité, mémoire et transmission
4 novembre 2006
Arrivée hier matin dans notre île, Marie-Claude Tjibaou prendra part aujourd’hui à deux événements culturels organisés par la Région pour la sauvegarde et la valorisation du patrimoine réunionnais. Accueillie par les responsables de l’association pour la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise, la dirigeante kanake a échangé longuement hier après-midi avec une dizaine de collecteurs du patrimoine réunionnais.
L’équipe de la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise est installée depuis peu dans la villa Foucque, ancien siège du Comité pour la Culture, l’Education et l’Environnement (CCEE), qui a migré vers la rue Sainte-Marie. Eric Alendroit (...) et une dizaine de collecteurs du patrimoine matériel et immatériel y attendaient hier la présidente de l’Agence de développement de la culture kanake et du Centre culturel Jean-Marie Tjibaou, pour un échange sur les procédés mis en œuvre, en Nouvelle-Calédonie et à La Réunion, pour transmettre aux générations futures les trésors des cultures de l’oralité.
Marie-Claude Tjibaou, qui est aussi membre du Comité international de parrainage de la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise, a répondu aux questions de Stéphane, Max, Candyce, Emmanuelle, Carole, Bruno, Alexandra et Pascale, qu’accompagnait une référente de l’AREP (Association Réunionnaise d’Education Populaire), chargée d’organiser le résultat du travail de collecte.
Présentant le travail de l’équipe réunionnaise, Eric Alendroit a expliqué qu’elle réalisait depuis plus d’un an une collecte du « patrimoine culturel vivant », prioritairement axé sur « la vie, l’histoire des gens et à l’occasion les objets au travers desquels elles s’expriment ». Environ 400 objets constituent pour l’heure le fonds de la collection de la MCUR.
La course de vitesse des Kanaks
Pour faire comprendre la spécificité du Centre culturel Jean-Marie Tjibaou et le travail initié par l’Agence de développement de la culture kanake - établissement public d’Etat créé par les accords de Matignon en 1988 - dans la transmission de la culture, Marie-Claude Tjibaou a commencé par parler d’histoire : la colonisation, l’impact des églises (protestantes, catholiques), les nombreuses révoltes kanakes et plus récemment, à partir de “Melanesia 2000” (1975), la prise de conscience irréversible d’un peuple et l’affirmation de ses langues (28 - dont 4 principales sont aujourd’hui enseignées à l’école, en option) et de sa culture.
Jusqu’en 1945, les Kanaks n’avaient pas le droit de sortir des tribus sans une autorisation de la gendarmerie » a-t-elle dit, en évoquant « la course de vitesse » dans laquelle les Kanaks sont engagés depuis « pour redonner à la culture kanake ses lettres de noblesse dans la ville » a-t-elle souligné. Elle est revenue plusieurs fois sur la bagarre qu’a été l’implantation, puis l’inauguration, en plein Nouméa, selon les codes coutumiers kanaks, du Centre culturel qui porte le nom de son mari assassiné.
Aujourd’hui, le Centre abrite l’Agence de développement de la culture kanake et s’attache à faire leur place aux huit aires culturelles des tribus kanakes, à leurs langues et à leurs coutumes.
« Sur le plan du patrimoine, la parole et tout ce qui a trait à l’oralité étaient le domaine réservé de chercheurs et universitaires » a-t-elle dit de l’évocation d’un passé qui a donné lieu à de volumineux travaux, mais peu d’irrigation et de restitution culturelle à la société. « Dans chaque aire culturelle, les tribus et leur chef, leur conseil des anciens et les membres-citoyens hors de la tribu, ont eux aussi pris conscience de l’importance d’une collecte de ces choses qui font la vie : mariage, enterrement, formules d’accueil ».
Un contrat de confiance très codé
En Nouvelle-Calédonie, environ 70 collecteurs travaillent avec le Centre culturel sur un contrat de confiance avec les référents de chacune des aires culturelles des tribus. Ils reçoivent une formation spécifique (à la langue, à la collecte) et sont chacun responsable d’un réseau.
« Aujourd’hui, c’est un travail qui reçoit l’agrément de nos vieux, qui interpelle nos jeunes, en termes de reconnaissance sociale » a poursuivi Marie-Claude Tjibaou, en expliquant que ce contrat repose sur une nomenclature complexe d’autorisations réglant la diffusion des informations recueillies, selon leur nature.
C’est ainsi que, progressivement, à la demande des conseils d’aires - confrontées comme toutes les cultures traditionnelles à une déperdition des liens intergénérationnels, les jeunes étant obligés de s’éloigner pour se former - l’Agence et le Centre culturel « ont pris le relais de la transmission » a continué Marie-Claude Tjibaou en donnant des exemples de ce qui se transmet : de père à fils, de mère à fille, de clan à clan.
Le temps court et la mondialisation écorne la culture kanake comme les autres. Aussi, même si certaines pratiques ne sont plus guère usitées, les Kanaks ont pris conscience de la nécessité urgente de les intégrer à des “banques de données” qui sont un bien commun de la société. « Ces banques de données existent depuis longtemps - poursuit Marie-Claude Tjibaou en faisant référence aux travaux des scientifiques - mais elles étaient un domaine réservé. On leur demande aujourd’hui de nous rendre les données collectées auprès de nos grands-pères, pour les traduire » (dans les autres langues kanakes-Ndlr). Et ce dialogue avec les chercheurs pour un retour à l’origine s’opère dans de bonnes conditions, selon la responsable culturelle kanake.
Des projets différents
Le dialogue avec les jeunes Réunionnais s’est peu à peu engagé sur les différences de perspectives et de projet sociétal. A la différence de la MCUR, qui tente de conforter son assise sur un tissu associatif, le centre culturel kanak, inscrit aux grands travaux de la République, fait reposer la collecte de ses collections et de ses contenus sur le “contrat de confiance” évoqué plus haut, c’est-à-dire sur des normes codifiées par la culture kanake traditionnelle. Certaines données ne peuvent être collectées que par des femmes, d’autres uniquement par des hommes. La religion là-bas n’entre pas dans les critères de sélection qui organisent le travail des collecteurs.
A La Réunion, Eric Alendroit a fait part des difficultés rencontrées dans la formation des collecteurs. Ne trouvant pas sur place de formations aux métiers culturels, ils se sont tournés vers la Fédération des écomusées et des musées de société. Il reste que le projet nodal de la MCUR, son objet principal étant « la société réunionnaise elle-même et ses ouvertures sur au moins six mondes », a dit Eric Alendroit, les principaux critères de sélection ou de formation sont à élaborer ici même, dans l’accompagnement du projet.
... quelque chose de vivant
Le rapport des jeunes à leur patrimoine ? Il évolue lui aussi, répond la responsable kanake. Les deux projets culturels intègrent chacun à sa façon la collecte d’un fonds contemporain : fonds d’art kanak et calédonien au Centre J-M Tjibaou, approche plus sociétale à la MCUR.
« Vous êtes en train de fabriquer des matériaux pour faire de la MCUR quelque chose de vivant, qui soit l’expression de la réalité réunionnaise » a dit Marie-Claude Tjibaou aux jeunes collecteurs, au moment de se quitter.
Membre du Comité de parrainage, la responsable kanake a résumé les avancées du mouvement culturel néo-calédonien en disant que « partis du néant, nous avons réussi à faire quelque chose. En 1975, pour nous, cela n’a pas été facile et il en a été ainsi jusqu’au chantier de l’inauguration du centre culturel Jean-Marie Tjibaou » a-t-elle poursuivi. Ceci, pour l’expérience kanake.
« Vous avez ici une histoire. C’est aux politiques d’ici de définir ce que vous voulez faire de cette richesse. Vous vivez en bonne harmonie ; c’est peut-être cela la particularité réunionnaise. C’est peut-être ce qu’il faut mettre en avant » a-t-elle conclu.
Marie-Claude Tjibaou participera cet après-midi à la signature de la Charte Unesco pour la sauvegarde et la valorisation du patrimoine réunionnais et à la cérémonie des Zarboutan, qui verra la remise de décoration à sept femmes tizanèz de La Réunion.
P. David
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