La Région et le 1er Salon du Livre de Jeunesse de l’océan Indien

Contribuer à ’la vitalité et à la richesse de notre communauté culturelle’

3 octobre 2005

Mercredi dernier, lors de l’inauguration du 1er Salon du Livre de Jeunesse de l’océan Indien à la Halle des Manifestations du Port, Raymond Mollard, vice-président délégué à l’Éducation du Conseil régional, représentait la Région. Nous reproduisons ci-après son discours. Les intertitres sont de “Témoignages”.

C’est un plaisir pour moi de pouvoir représenter ce soir le président Paul Vergès (retenu à Bruxelles) et l’ensemble des élus du Conseil régional, à cette inauguration du 1er Salon du Livre de Jeunesse de l’océan Indien
Plaisir d’abord parce que l’initiative de cette première vient du sein-même de l’Éducation nationale, qui est notre maison commune, et qu’un ministre - à coup sûr hypocondriaque - s’autorisa il y a quelques années à qualifier de mammouth.
On mesure aujourd’hui, devant des initiatives, de la qualité de celle qui nous réunit ce soir, le degré d’inanité d’un tel jugement, et je me plais à saluer les efforts méritoires, la persévérance et la compétence de l’Association des Documentalistes Bibliothécaires de l’Éducation nationale de La Réunion, et particulièrement mon collègue Yannick Le Poan, avec qui j’entretiens un dialogue suivi depuis l’origine du projet.
Plaisir aussi parce que la démarche est largement partenariale et inter-institutionnelle : on le voit à la diversité des intervenants : établissements, services académiques, jeunesse et sports, culture et communication, collectivités locales (notamment les médiathèques), presse écrite et audiovisuelle, avec une mention particulière, je tiens à le souligner, pour la commune du Port, qui accueille la manifestation, dont le dynamisme en matière d’éducation et de culture n’est plus à démontrer, et où nous nous retrouverons dans quelques jours je crois, Mme la représentante du maire, à l’occasion du Festival du Film d’Afrique et des Îles du 4 au 9 octobre prochains.

Des milliers de lecteurs attendus

Plaisir enfin et surtout parce que ce Salon du Livre de Jeunesse réunira dans un cadre choisi et sur 4 journées d’activités cette triade irremplaçable que constituent, dans le champ de la lecture, des auteurs, des éditeurs... et des lecteurs.
Les lecteurs, par la force des choses, ne sont pas là ce soir, mais ils viendront nous le savons par milliers dès demain de tous les secteurs de l’île.
Quant aux éditeurs et aux auteurs, je me félicite de leur mobilisation en réponse à l’appel qui leur a été lancé, et je souhaite la bienvenue et un séjour des plus fructueux à celles et ceux qui nous arrivent des pays voisins et de Métropole.
Je leur demande par avance leur indulgence face à l’affligeante polémique née depuis quelques jours sur le droit du sol et sur le droit du sang, et je leur garantis du fond du cœur que le seul test qu’ils auront à subir sur la terre réunionnaise - terre d’accueil et de partage s’il en fut - sera celui de l’engouement, et j’espère de l’enthousiasme, que feront naître leurs œuvres dans le cœur des 250.000 élèves de nos écoles, de nos collèges et de nos lycées...

Le livre tient sa place

Car c’est bien de lecture qu’il s’agit, et de lecture de jeunes, c’est-à-dire de rencontres, de passions, d’exploration, d’imagination, de compréhension, de cette alchimie à la fois une et plurielle par laquelle les itinéraires individuels se fondent en une aventure collective.
Bien-sûr, des esprits chagrin ou des Cassandre en manque d’inspiration nous prédisent depuis des années la fin du livre, d’abord sous l’invasion des hordes barbares de l’audiovisuel, puis face à la déferlante des NTIC et de l’Internet.
On voit ce qu’il en est.
À n’en juger que par le volume de la production littéraire de rentrée, ou par la diversité des auteurs, des genres et des œuvres représentés dans ce Salon, on peut dire que les nouveaux supports de la parole et de l’écrit, s’ils ont pris toute leur part dans le concert de la création et de la communication, n’ont en rien occulté celle qui revient au livre et à la production littéraire...

"Encourager de nouveaux auteurs"

Tout simplement parce que la démarche de lecture reste avant tout une démarche active, volontariste, d’autant plus productive à l’arrivée qu’elle est exigeante au départ, excluant toute passivité. Elle est par essence celle qui conduit à enrichir l’imaginaire des individus (et pas seulement des enfants !), à construire leur personnalité, à s’émanciper par l’affirmation de leurs goûts et de leurs convictions.
C’est pourquoi la Région Réunion s’est résolument engagée dans une politique de promotion des livres et des écrivains réunionnais, notamment sous forme d’aide à la création par le soutien aux publications et aux résidences d’écrivains.
En accompagnant des maisons d’édition, notre collectivité affirme sa volonté d’encourager de nouveaux auteurs, et de partager les risques de production non commerciale. De plus, le principe du prix unique du livre continue aujourd’hui d’inspirer notre politique visant à favoriser l’accès du plus grand nombre aux pratiques de lecture.

Les initiatives de la Région

La Région s’est aussi engagée dans l’aide à la production de manuels scolaires (et cet après-midi encore, notre Commission du développement humain rencontrait M. le directeur du CRDP - ici présent - pour envisager les partenariats que nous pourrions mettre en place en accompagnement de l’action des enseignants.
Je rappelle également notre coopération, l’an passé, avec les éditions Nathan, qui sont présentes à ce Salon, pour l’édition à environ 10.000 exemplaires de “l’Anthologie de la littérature réunionnaise”, ou la publication en 2002 de “L’Histoire de La Réunion”, à l’initiative de 4 professeurs de notre université. De multiples autres titres pourraient être cités.
Enfin, la Région encourage les grandes manifestations littéraires à rayonnement régional, national et international, démarche indispensable à la vitalité et à la richesse de notre communauté culturelle. Je me félicite, de ce point de vue, que soit programmée ce soir-même, ici, la remise du prix Jacques Lacouture. D’abord parce que ce prix consacre le talent d’un nouvel auteur réunionnais (en l’occurrence, une Réunionnaise), ensuite parce que Jacques Lacouture a été pendant des années mon collègue et mon ami au sein du Conseil de la Culture, de l’Éducation et de l’Environnement, et enfin parce que cette remise de prix m’est aussi l’occasion de saluer, en la personne de la présidente du jury, le dévouement de notre infatigable militante de la lecture, de la culture et du livre, Dominique Dambreville.

"Intarissable source de richesse et de sagesse"

Pour conclure, je rappellerai la parole de Rabelais, qui fait dire quelque part à l’un de ses personnages, dans le Tiers Livre :
"Je ne bâtis que pierres vives, ce sont hommes,
Et je me souviens qu’une maison d’édition, à l’époque hélas lointaine où j’étais encore étudiant en Lettres, choisit avec bonheur de créer dans ses catalogues une Collection pierres vives"
.
Puissent longtemps encore nos auteurs construire ce magnifique édifice de pierres vives, et puissent tout aussi longtemps nos jeunes lecteurs et nos jeunes lectrices entrer toujours plus nombreux dans cette Abbaye de Thélème, et y étancher leur soif à cette intarissable source de richesse et de sagesse.
Bravo encore a l’ADBEN, merci à ceux qui ont répondu à son appel, et plein succès au 1er Salon du Livre de Jeunesse !


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