États généraux : Les propositions du G.R.A.H.TER— 2 —

Culture, coopération et plan d’action

23 avril 2009

Voici la 2ème et dernière partie du texte de Marc Kichenapanaïdou concernant les propositions pour la Culture que le G.R.A.H.TER (Groupe de Recherches sur l’Archéologie et l’Histoire de la TErre Réunionnaise) souhaite soumettre aux États généraux.

• Coopération régionale :

Si l’on voulait faire le bilan à ce jour de la coopération régionale en matière culturelle, on s’apercevrait qu’il est plutôt modeste : les échanges, en général, restent enfermés dans les limites du “folklore”. L’un ou l’autre festival a tenté la carte de l’internationalisme. Mais des embryons de colloques sur l’action culturelle en ont démontré la pauvreté et l’inefficacité. En effet, des manifestations organisées en commun faisaient davantage appel aux bons sentiments, au plaisir de la fraternité et de la convivialité, qu’à un besoin de confrontation des expressions culturelles et d’émulation au niveau des recherches esthétiques.
Ce condensé rapide de la situation pourrait passer pour pessimiste et donner le sentiment d’un repli excessif sur soi, de la part de chacun des territoires du Sud-Ouest de l’océan Indien. Ce serait oublier que d’autres portes se sont ouvertes sur le monde et que, pour La Réunion par exemple, les échanges avec la France métropolitaine constituent l’essentiel aussi bien des besoins exprimés que des réalisations menées à terme.

De la diffusion des créations artistiques dans le cadre de la coopération régionale ?

Si les créations artistiques de chacun des territoires en question se diffusent mal, c’est peut-être qu’elles sont mal connues. N’est-ce pas souvent aussi, hélas, qu’elles n’atteignent guère un niveau honorable et que les pouvoirs publics répugnent à consacrer d’importantes subventions pour soutenir des projets, de bon aloi local certes, mais d’un amateurisme un tantinet désinvolte, avec parfois une prétention lourdement affichée. Il est donc difficile, sinon impossible de les prendre en compte pour une représentation internationale.
C’est là que se situe le nœud du problème : la coopération régionale en matière culturelle ne peut que coûter très cher. Le moindre déplacement dans l’océan Indien a un coût élevé. Aucun organisme ne veut donc courir seul le risque financier d’un échange inter-îles ou inter-pays. Il apparaît donc nécessaire de mieux définir les conditions d’une réelle coopération régionale en matière de culture.

Proposition d’un plan d’action

Cinq projets nous paraissent aujourd’hui pouvoir orienter prioritairement l’action du Ministère de la Culture et des Collectivités :
1) Mettre en chantier une réflexion sur le rôle, la place et l’organisation des institutions du secteur culturel.
Cette réflexion ne concernerait pas seulement ce que l’on appelle les grands projets même si la réflexion sur leur mode de fonctionnement a été beaucoup trop embryonnaire dans la dernière décennie.
C’est de manière plus globale encore que devrait être menée cette réflexion : parvenues à un stade de leur développement qui provoque une crise de leur gestion, les institutions culturelles sont aujourd’hui confrontées à une échéance majeure qu’il convient de préparer : penser ou repenser les institutions en Outre-mer d’avant la crise.
2) Donner la priorité à une action contre toutes les formes nouvelles d’exclusion et de régression culturelle.
Cette politique privilégierait la formation, aussi bien celle des professionnels que celle des élèves, des enseignants et du public.
3) Intégrer la dimension européenne dans la politique nationale de développement des industries culturelles.
4) L’Archéologie.
5) La mémoire : l’histoire de notre pays se trouve à travers nos anciens. Il faut faire une récolte de leur mémoire, indispensable pour comprendre l’histoire de notre peuple.

En matière d’audiovisuel, de presse, mais aussi d’édition de livres ou de phonogrammes, les prochaines années verront s’accentuer considérablement les regroupements industriels et financiers de la part de partenaires extrêmement puissants. L’Etat et les Collectivités doivent faire prévaloir la nécessité d’un traitement spécifique des productions culturelles, ce qui n’est nullement contradictoire avec la priorité européenne.
Complémentaires à ces quatre projets, trois moyens, indissociables l’un de l’autre, m’apparaissent devoir être privilégiés :
Promouvoir une clarification et une nouvelle répartition des rôles entre l’Etat, les collectivités locales, le secteur privé et le tissu associatif. Cet enjeu suppose à la fois qu’on veuille :

- réaffirmer la vocation de l’Etat et des Collectivités en tant que structures nationales,

- réorienter les moyens et rééquilibrer les interventions entre Paris et les régions d’Outre-mer,

- réfléchir aux conditions d’une nouvelle donne du processus de décentralisation accentuée,

- redéfinir les limites et les moyens de l’intervention de l’Etat et des Collectivités en matière d’aide aux industries culturelles et d’intégration européenne.
Voilà quelques pistes que nous aimerions trouver dans les États généraux.

Marc Kichenapanaïdou
Président du G.R.A.H.TER
(Groupe de Recherches sur l’Archéologie et l’Histoire de la TErre Réunionnaise)

Outre-mer

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