Déjà se préparent les états généraux de la Culture de septembre 2005. Le séminaire préparatoire de Stella Matutina, à Piton Saint-Leu, s’est ouvert hier matin en présence de plusieurs dizaines d’acteurs culturels auxquels le président de la Région, Paul Vergès, a adressé comme à son habitude un discours d’accueil flamboyant et visionnaire, inscrivant l’initiative de la Région dans une perspective historique de construction de l’identité réunionnaise.
Le nouveau directeur régional de l’action culturelle (DRAC), Louis Poulhès, tout fraîchement arrivé, a participé à la séance d’ouverture, en soulignant l’importance qu’il accorde au dialogue avec les collectivités territoriales.

Une première restitution ce matin

Malgré un contexte difficile - notamment au regard des coupes sombres budgétaires - la collectivité régionale a pris la mesure de sa responsabilité devant les aspirations identitaires et le soutien tant à la création artistique qu’à la formation pour la transmission de savoir-faire et la recherche d’excellence.
Le contexte est aussi celui - comme l’a souligné Françoise Vergès dans son plaidoyer pour la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaises - d’un formidable foisonnement d’initiatives et d’un dynamisme du tissu associatif, qui ne disposent pas encore de cadre d’intervention formel et qui, donc, expriment souvent un manque.
Ce creuset, cette richesse, ont fait dire à Paul Vergès que l’avenir de ce pays se fera en fonction de l’identification de chacun à sa réunionnité.

La préparation d’états généraux de la Culture dans ce contexte vise à inscrire au mieux la culture dans une logique globale de développement et à construire une stratégie culturelle selon les orientations qui se dégageront des travaux des ateliers.
Une première restitution des réflexions des six ateliers aura lieu ce matin, à Stella. Il s’agit des ateliers Patrimoine-Tradition, Livre-lecture-littérature, Langue et Culture, Spectacle vivant, 7ème art et création numérique image/son et Arts plastiques.
Sans s’engager trop loin sur ce que sera la suite de la préparation, il est des idées-forces qui ont parcouru hier les débats : Comment fédérer notre identité ? Comment l’inscrire dans des espaces d’expression et dans un espace commun ? Comment garantir l’ouverture au monde comme source d’inspiration, d’enrichissement et comme processus de confrontation, dans le refus d’un double écueil : celui du “repli communautaire” à un pôle et de “l’assimilation mutilante” à l’autre ?

Une culture autre que celle du conflit

"Pourquoi des états généraux de la Culture ?". C’est la question à laquelle a répondu Paul Vergès, en faisant un tour d’horizon des bouleversements auxquels La Réunion va devoir s’adapter dans un temps extrêmement court : la révision du Schéma d’aménagement régional, de nouveaux contrats avec l’Europe et avec l’État ; la préfiguration d’un schéma de développement économique, de grands chantiers d’aménagement, la décentralisation ; des mutations dans le champ économique et une évolution du statut de région ultrapériphérique (RUP) dans une Europe en pleine transformation.
La Réunion va devoir faire face à ces très importants bouleversements avec ce qu’elle est, avec son creuset fait de croisements, d’échanges - voire de confrontations dans tous les domaines (langue, religion, cultures...), bien qu’exprimées dans une culture autre que celle du conflit, contrairement à ce qui se voit ailleurs. Dans un “modèle original” dont l’unité se fonde sur la fécondité des échanges.
Mais existe-t-il un réel accord sur l’objectif de valoriser l’identité réunionnaise dans toutes ses dimensions ? C’est ce que devra faire émerger la préparation des états généraux de l’année prochaine.

P. David