États généraux : Les propositions du G.R.A.H.TER -1-

De nouvelles orientations pour la culture

22 avril 2009

En 1982, les Assises de la Culture avaient fixé des orientations qui ont servi de base aux orientations de la D.R.A.C. Qu’en est-il aujourd’hui ? Le G.R.A.H.TER fait un état des lieux de la culture à La Réunion et émet quelques propositions qui, il le souhaite pourrait trouver écho lors de états généraux. Si les actions culturelles continuent, les moyens eux ont baissé. Les politiques culturelles sont souvent propres à chaque collectivité. Les démarches administratives compliquent les démarches culturelles. Il est temps de chercher les pistes qui vont promouvoir la Culture de demain.

La D.R.A.C. de La Réunion (Direction Régionale des Affaires Culturelles), l’antenne du Ministère de la Culture, a été mise en place en 1981. Son directeur, Monsieur Yves Drouhet, a organisé en 1982 les Assises de la Culture. Il y a eu un brassage de toutes les idées. Plusieurs commissions correspondant aux différentes disciplines culturelles ont été mises en place. Ce fut un moment très fort d’expression de notre identité. Pour la conclusion de ces Assises, le Ministre Jack Lang a délégué son directeur de Développement culturel, Dominique Wallon, pour le représenter.
Certaines conclusions de ces Assises ont servi de base à la D.R.A.C. pour mener une action importante et intense. Il y a eu un remue-ménage dans toutes les directions :

- Aide aux associations,

- Signature de plus de 60 conventions culturelles entre les villes, les collectivités territoriales et l’Etat,

- Mise en place de structures nouvelles : Maison du volcan, le musée Stella Matutina, quatre C.N.R. (Conservatoire National de Région).
C’est à cette époque que la D.R.A.C. a réussi à nommer un adjoint culturel dans chaque ville.
Qu’en est-il aujourd’hui, 28 ans plus tard ? Les actions culturelles continuent, mais les moyens ont beaucoup diminué. La Région et le Département ont leur propre politique culturelle.

• L’administration culturelle :

Michel Rocard, Premier ministre, dans une circulaire à son gouvernement avait demandé de supprimer tant bien que mal la paperasserie dans les administrations, afin d’être plus près de la population et des associations. Jacques Chirac, Président de la République, est allé dans le même sens contre la bureaucratie. L’actuel gouvernement est confronté aux mêmes problèmes. Il y a trop d’Etat dans l’Etat. Depuis 1974, nous vivons la décentralisation qui, d’année en année, a pris place dans la vie quotidienne des citoyens.
A tort ou à raison, les collectivités locales et territoriales ont hérité de prérogatives de l’Etat. La plupart des décisions sont prises localement et non plus à Paris. C’est une avancée de l’autonomie administrative. Par contre, les collectivités ont accepté à tort l’installation de la bureaucratie. Nous nous retrouvons devant les mêmes problèmes. Les élus sont contraints d’accepter les directives de leurs propres administrations, quitte à mécontenter les administrés. Le G.R.A.H.TER (Groupe de Recherches sur l’Archéologie et l’Histoire de la TErre Réunionnaise) subit ces tracasseries. Il serait bon qu’à l’occasion des États généraux, la culture ne soit pas la cinquième roue de la charrette.

Plus d’échanges voués à la Culture

Trois constatations préalables :

- Les ministres de la Culture des différents Etats de l’océan Indien ne se sont jamais rencontrés de manière officielle (à l’exception de leurs services techniques). Concernant La Réunion, un protocole a été signé avec le ministère de la Culture mauricien, et ce protocole est presque essentiellement consacré aux échanges scolaires et universitaires, les échanges culturels se limitant à la programmation de quelques spectacles.

- Les différents Etats disposent tous d’équipements de diffusion culturelle, soit nationaux, soit dépendants d’ambassades étrangères. On pourrait citer en exemple les moyens des centres culturels français de l’océan Indien, auxquels s’ajoutent ceux de l’O.D.C. (Office Départemental de la Culture) lors de ses tournées.

- En revanche, les niveaux et les moyens des équipements culturels traditionnels (bibliothèques, musées, archives…) sont si différents que seule une étude particulièrement affinée permettrait de définir les conditions d’une réelle collaboration avec nos partenaires. Enfin, les structures de formation sont balbutiantes.

• Archéologie :

La Région-Réunion avait décidé, parmi ses priorités culturelles, de favoriser l’ouverture de l’île vers l’extérieur, et notre Association peut citer en exemple, dans le cadre de cette politique, l’organisation de la “Première conférence internationale sur les Archéologies de l’Océan Indien” en septembre 2000.

Mettre en commun les réflexions

Les grandes lignes de la coopération régionale en matière culturelle se dessinent d’elles-mêmes. Il est important d’agir vite :

1) Faire l’inventaire des structures culturelles existantes et des différents moyens nécessaires à leur fonctionnement, ainsi que leurs besoins en formation,
2) Mettre en commun les réflexions et les expériences des différents services habilités à promouvoir l’action culturelle (ministère de la Culture, collectivités territoriales et locales, organismes et associations). Cela permettrait de définir des priorités et les financements d’une collaboration des pays de la zone océan Indien et autres.
3) Etablir un calendrier d’actions sur plusieurs années.

Prenons le cas de l’archéologie : comment convaincre ?
Le G.R.A.H.TER, avec le concours de l’Université de La Réunion, du Rectorat, de l’UNESCO, du Conseil régional et du Conseil général, a organisé une “Première conférence internationale sur les Archéologies de l’Océan Indien” du 18 au 23 septembre 2000.
Cette première rencontre a réuni à La Réunion trente spécialistes de différents horizons travaillant en archéologie dans l’océan Indien et au-delà. Douze pays étaient présents : l’Afrique du Sud, la Colombie, les Comores, la Tanzanie, la France, Mayotte, La Réunion, l’Inde, Madagascar, le Kenya, le Pakistan, le Sri Lanka.
Le choix de La Réunion comme lieu de rencontre correspondait à une volonté du G.R.A.H.TER de mieux connaître les chercheurs et les recherches archéologiques dans différentes régions de la zone. Il a également permis d’envisager des voies de recherche pour la connaissance du passé de l’île dans son contexte régional.

Un passé récent mais peu connu

L’occupation humaine de La Réunion semble récente d’après les sources écrites utilisées pour rédiger son Histoire. Et lorsqu’elle fut occupée, seule une partie de sa population a pu écrire cette Histoire. Ainsi, pour le passé pré-européen de l’île, nos connaissances sont ténues, et pour le passé le plus proche, une grande partie des populations nouvelles est restée sans passé, sans Histoire, sans mémoire.

Les archéologies de l’océan Indien et autres ont montré la diversité des apports culturels régionaux, les étendues explorées par les navigateurs et la circulation des idées et des techniques dans ce vaste espace. La “Première conférence internationale sur les Archéologies de l’Océan Indien” a été une magnifique occasion de débats et d’échange des savoirs.

Depuis trois cents ans, la France, à des titres divers, est présente dans le Sud-Ouest de l’océan Indien. Aussi n’est-il pas étonnant de trouver sa marque profondément gravée dans la vie quotidienne des territoires situés dans cette partie du monde. C’est pourquoi, il est fréquent de parler de cousinage, de parenté ou d’identité entre les populations de ces territoires.
A tort ou à raison, c’est en effet aux liens tissés pendant la période de la colonisation française que l’on se réfère.
Cependant, les évolutions administratives et politiques des peuplements, les situations géographiques sont à ce point différentes que chaque territoire s’est forgé son identité propre.

(à suivre)

Marc Kichenapanaïdou
Président du G.R.A.H.TER
(Groupe de Recherches sur l’Archéologie
et l’Histoire de la TErre Réunionnaise)

Outre-mer

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