États généraux de la culture

Des ateliers pour une réflexion collective

9 novembre 2004

Les acteurs institutionnels des états généraux ont présenté hier les étapes prochaines, les enjeux et les partenaires d’une réflexion collective ressentie comme indispensable et urgente. Livre, cinéma, arts plastiques, langues... feront l’objet d’ateliers dans les quatre micro-régions.

On peut bien sûr se demander pendant longtemps “pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?” et surtout “pourquoi maintenant ?”
Il s’agit des états généraux de la culture, dont les acteurs institutionnels ont présenté hier les étapes prochaines, les enjeux et les partenaires.

Les questions ci-dessus pourraient bien se glisser au nombre de toutes celles que va soulever, pendant un an, la tenue des ateliers préparatoires aux états généraux, jusqu’à ce qu’ils débouchent en septembre 2005 sur le Séminaire de synthèse.

Toutefois, Alain Armand, l’élu régional délégué à la culture, a coupé court assez vite à ce genre de digression en rappelant que ces états généraux étaient un engagement fort de cette mandature et de la nouvelle majorité, chaque majorité et chaque mandature ayant des priorités.

Dans une île où tout va si vite, où les transformations sociales bousculent tout le monde depuis au moins vingt ans et où les changements en cours dans le monde apportent sans cesse de nouveaux problèmes et de nouvelles questions, il ne faut pas chercher trop longtemps les raisons du besoin ressenti par les acteurs culturels de faire le point et de se demander ce qu’est leur rôle, dans un tel monde, et comment et à quel prix ils peuvent le tenir.
En présence de chaque responsable d’atelier, venu cette fois avec une synthèse plus élaborée qu’elle ne pouvait l’être à l’issue des vingt-quatre heures du séminaire de lancement, l’élu régional délégué à la culture a fait le point devant les médias sur l’organisation de la suite des travaux.

Chaque atelier a commencé par un court résumé de la problématique posée lors du Séminaire de lancement (voir “Témoignages” du mardi 2 novembre (?). Pour les présenter dans une problématique commune - en attendant un retour plus approfondi sur chaque sujet - chaque atelier a fait le point, dégagé les principaux axes de la réflexion qu’il paraît important d’élaborer dans chaque domaine, en gardant pour objectif de répondre aux questions qui permettront ensuite à la collectivité régionale de construire une politique culturelle cohérente, répondant aux attentes de la société réunionnaise.
Un calendrier a vu le jour depuis la semaine dernière et chaque atelier sait désormais à quoi il doit se préparer. Dès la semaine prochaine (lundi, en principe), un site Internet sera accessible pour participer au Forum, à l’adresse : http://www.culture.reunion.re.
Puis des “rencontres de terrains” doivent avoir lieu dans les quatre micro-régions, à raison d’une rencontre hebdomadaire entre le 3 février et le 28 juillet 2005. Ces rencontres commencent en effet après la coupure de décembre-janvier.

Niveau d’implication maximum

En février-mars, les ateliers vont se réunir dans le Nord : livre (3/2), cinéma-audiovisuel-numérique (10/2), spectacle vivant (17/2), patrimoine-tradition (24/2), langue et culture (3/3) et arts plastiques (10/3).
En mars-avril, ils seront dans l’Est, en gardant en principe le même ordre d’entrée en scène : les 17, 24, 31 mars et 7, 14 et 21 avril. Puis l’atelier Livre ouvrira dans le Sud la 3ème session des rencontres avec les acteurs de terrain, le 28 avril, suivi des autres ateliers les 12, 19 et 26 mai ainsi que les 2 et 9 juin.
Juin-juillet verra la tenue des ateliers dans l’Ouest : dans le même ordre, les 16, 23 et 30 juin puis les 7, 21 et 28 juillet.
Dans le même temps, entre avril et juillet, des rencontres vont être organisées avec les communes et communautés de communes, du Nord à l’Ouest en faisant le tour complet.
Il sera ensuite temps de préparer la séance de synthèse proprement dite, programmée en septembre.
Tous les partenaires ont manifesté hier un niveau d’implication maximum, du CCEE (Conseil de la culture, de l’éducation et de l’environnement) au Département - représenté hier par Jean-René Dreinaza - en passant par les services de l’État (DRAC et rectorat). Il leur faudra maintenir cette motivation à un haut niveau, devant l’ampleur de la tâche esquissée par les différents ateliers, et sur laquelle nous aurons l’occasion de revenir au fil du calendrier.

P. David


Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise

"Nous nous proposons de choisir notre avenir"

Lors de la dernière assemblée plénière de la Région, le président de la Commission de l’Épanouissement humain, Rajah Veloupoullé, était intervenu pour expliquer l’importance du projet de la MCUR dans les orientations de la mandature.

"L’histoire d’un peuple se mesure à son passé, qui est révolu, mais imprime une marque indélébile sur plusieurs de ses générations. Jusqu’à lui dicter des décisions et des comportements qui influent sur son présent.
Présent, qui par définition est transitoire, mais possède cette inestimable importance, de conditionner l’avenir. Et l’avenir, nous le savons tous, peut se révéler imprévisible, mais néanmoins et nécessairement, sujet à anticipation.
"Et la responsabilité qui nous incombe, au sein de cette assemblée, c’est bien de préparer l’avenir, en tenant compte des leçons du passé, mais surtout d’agir au présent, en tenant compte des obligations d’une mondialisation considérée comme l’uniformisation d’une certaine pensée dans laquelle nous sommes forcément impliqués.
"La Réunion n’a pas choisi son passé. On n’a pas voulu lui laisser ce choix, et aujourd’hui encore nous sommes tributaires de cette absence de choix dans bien des domaines. Nous nous proposons donc, pour sortir de ce dédale dans lequel nous avons été enfermés, de choisir notre avenir. Cet avenir, nous tenons à ce qu’il symbolise ce que le Réunionnais possède au plus profond de lui-même, ce qui n’a pas été dit, ce qui n’a pas été exprimé, ce qui n’a pas été autorisé.
"Tous ces non-dits, toute cette ignorance inculquée, tous ces enfouissements labellisés, nous pouvons les résumer en deux mots : la méconnaissance de l’autre, d’autrui, de ce moi-même que je rencontre sans pouvoir le connaître et le reconnaître.

"Rendre à chacun ce qu’il possède, ce qu’il est"

"La MCUR se propose de rendre à chacun ce qu’il possède, ce qu’il est, pour qu’il puisse enfin aller à la rencontre de l’autre, de découvrir, de comprendre, de transmettre ce qu’il y a de semblable et de différent entre lui et l’autre. Et dans ce voyage, le Réunionnais reviendra à ce qu’il a été, il se dépouillera de la soustraction opérée par l’esclavagisme, l’engagisme, l’assimilationisme. Il se reconnaîtra Africain, Asiatique, Indo-musulman, Indo-dravidien, Européen, il se découvrira monde.
"Il saura enfin qu’il ne peut se réduire à une étiquette, fut-elle raciale, religieuse, ou phénotypique, il offrira l’image d’une femme-monde, d’un homme-monde, qui dégagé des peurs et des frustrations d’un conditionnement meurtrier, lui permettra d’appréhender l’autre dans son intégrité. Et du même coup, il saura que vivre ne se réduit pas à vouloir avoir ou être, mais à devenir. Telle est l’ambition affichée, de la MCUR.
"Je me construis à travers le regard qu’autrui pose sur moi" (J.P. Sartre, “l’Être et le néant”)
"Faisons que ce regard soit valorisant, dégagé des carcans aliénants que l’histoire nous a imposés et avançons ensemble, solidaires pour affronter les problématiques présentes et à venir.


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