
Mal-do-mèr dann sarèt
28 juin, parLo zour la pokor kléré, Zan-Lik, Mariz é sirtou Tikok la fine lévé, mèt azot paré. Madanm Biganbé i tir zot manzé-sofé, i donn azot, zot i manz. (…)
8 janvier 2010
Selon le “JIR” du 31 décembre 2009, l’historien Prosper Eve s’opposerait à la thèse de l’équipe scientifique et culturelle de la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise sur l’absence de sépulture des esclaves. Pourtant, dans ce texte, l’historien suggère que les esclaves ont marronné pour établir des sépultures et inscrire leur ancestralité. Cette interprétation, qui ouvre une piste intéressante de recherche, semble donc contredire ce que le titre de l’article annonce. Dans un communiqué le 31 octobre 2009, l’équipe scientifique et culturelle de la MCUR écrivait à propos du monument au cimetière du Père Lafosse : « Ce monument inscrit dans la pierre la présence de centaines de milliers de femmes, d’hommes et d’enfants inhumés sans que leur nom et la trace de leur présence sur notre île aient été enregistrés comme l’aurait fait toute société civilisée. Mais la barbarie de l’esclavage les a traités comme des gens sans nom et sans présence en les enterrant comme les y obligeait le Code Noir de manière anonyme, pour éviter maladies et épidémies. Nous n’acceptons aucun révisionnisme historique : l’esclavage est un crime contre l’humanité et ses victimes ont droit à un monument qui leur rende hommage. Les sociétés construisent des monuments pour honorer leurs morts, même quand ceux-ci ont disparu dans la tourmente des guerres, des épidémies, des massacres ».
Or que dit ou qu’écrit Prosper Eve qui contredirait cette thèse ? Dans l’article du “JIR”, il dit que « Les cimetières créés après le 20 décembre 1848 contiennent forcément les restes des anciens esclaves morts après ce grand événement historique. Donc les esclaves et leurs descendants sont bien dans tous les cimetières actuels."
Mais ces sépultures sont-elles toutes encore identifiables ? Dans ses précédents ouvrages, l’historien confirme la thèse d’une absence de sépulture. Dans Naître et mourir à l’île Bourbon à l’époque de l’esclavage (1999), il écrit, p. 139 : "Comment parler de la mort des esclaves sans évoquer celles des marrons qui n’apparaissent pas, il est vrai, dans les registres de sépultures, puis de décès ?" et p. 161 : "Pour les esclaves, l’absence des registres d’Etat-civil, avant 1805 est un lourd handicap". Dans Les Cimetières de La Réunion (1994) : "En principe [sic], une partie du cimetière public devait leur être réservé". (p. 27), puis p. 28 : "L’épais silence qui a enveloppé la mort de l’esclave est lourd de conséquences. Nous n’avons pratiquement retrouvé aucune tombe d’esclaves décédés avant 1848. Nous ne sommes point surpris. À Sainte-Rose, nous avons visité, en compagnie d’un informateur averti de sa généalogie, une concession où les esclaves décédés après l’abolition de l’esclavage, ont été inhumés. Pour cet homme du XXème siècle, sa concession se situe dans l’ancien cimetière des esclaves malgré l’absence de signe, pour individualiser le lieu de sépulture de ses premiers ancêtres". Dans le même ouvrage, pp. 38-39 : "Jusqu’en 1824, les fosses sont creusées par les esclaves. Un dérèglement contraire à la morale et à la salubrité publique prévaut lors des inhumations. À Sainte-Rose, au début du XIXème siècle, les propriétaires proches du cimetière se plaignent de sentir les exhalaisons émanant du cimetière. En fait, les Noirs chargés de la corvée d’inhumation d’une personne morte, laissés à eux seuls sans aucune surveillance, s’en débarrassent au plus vite. Ils enterrent les cadavres à fleur de terre, dans le chemin qui mène au cimetière et les livrent presque en pâture aux chiens". Un dernier exemple pour illustrer la disparition au fil du temps des sépultures (p. 77) : "Jusqu’en 1848, seuls ceux qui possèdent les moyens de production peuvent réaliser leur survie [après la mort]. Les monuments qui demeurent sont ceux des puissants [...]. Le but avoué des possédants est d’édifier un monument qui puisse franchir la barrière du temps, résister à l’usure, aux épreuves des cyclones et autres intempéries pour réaliser leur promotion ontologique". Et de poursuivre (p. 83) : "Après l’abolition de l’esclavage, les esclaves d’hier comme les engagés nouvellement introduits dans l’île, ne sachant ni lire ni écrire, ayant peu de moyens financiers, ne sont pas armés pour s’extraire de l’après mort anonyme".
Nous redonnons ces citations car nous avions pris soin de lire les ouvrages de Prosper Eve avant de suggérer un monument aux morts sans sépulture. Toutes ces citations soulignent le manque de sépulture, c’est-à-dire de monument qui inscrive la présence.
Nous avons pris soin de préciser la différence entre inhumation et sépulture. On enterre bien les chiens, mais la tradition ne leur donne pas de sépulture. De tout temps, les sociétés ont eu le souci d’inhumer les morts, c’est-à-dire de les mettre en terre, par peur des fantômes, par peur des esprits, par peur des épidémies, ou par respect de l’hygiène, les raisons sont diverses. Parfois dans les guerres, les corps des ennemis n’étaient pas enterrés pour leur infliger une plus grande insulte que la défaite, mais en général, tout cadavre est enterré (qui est synonyme d’inhumer) ou brûlé. La sépulture inscrit, reconnaît l’existence de l’être humain sur cette terre. Elle offre a ses descendants un lieu où se recueillir et se souvenir.
Dans les colonies françaises, le Code Noir demandait que les esclaves soient inhumés. Certains esclaves furent enterrés avec leurs maîtres, mais sans que leur filiation soit reconnue mais cela ne concerne pas la majorité des esclaves. Les esclaves avaient sans aucun doute, comme tout groupe social, des rituels aux morts dans les plantations. Et des rituels se sont conservés. Le dictionnaire est clair, une sépulture n’a rien à voir avec une tombe commune, une fosse commune ou une tombe sans inscription. Une sépulture est une construction (monument, tombe, autel…) qui inscrit la présence d’une personne sur la terre, reconnaît sa filiation et laisse une marque pour le futur. C’est cet oubli que la MCUR a suggéré de réparer par un monument à tous ceux qui furent enterrés sans sépulture. C’est un monument, donc un symbole qui s’adresse à tous comme les monuments aux morts, aux disparus, aux soldats tombés, aux déportés. Celles et ceux qui étaient présents ce jour-là ne s’y sont pas trompés.
Nous ne sommes pas fondamentalement étonnés de constater à quel point un monument aux esclaves, enfants, femmes et hommes, morts sur cette île en captivité et laissés dans l’anonymat, provoque un tel désir de contester sa légitimité. Où sont leurs tombes ? Où sont les monuments qui célèbrent leurs vies ? Certes, les rituels perdurent mais l’existence de monument aux morts, quelle que soit leur forme, est reconnue comme une création des sociétés humaines. Pourquoi la société réunionnaise en serait-elle privée ?
Françoise Vergès et Carpanin Marimoutou
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Messages
8 janvier 2010, 05:10, par Sofi
Un monument ! c’est un grand mot, je pense qu’il aurait été souhaitable justement que cela soit une oeuvre réalisée par un artiste, Zitte, Vildeman, BengThi etc. la liste est longue, mais malheureusement......
14 juin 2011, 01:29, par YVES
Qui pourrait m’indiquer à quelle catégorie juridique que l’ on pourrait rattacher le fait que les esclaves ont été "Dé nommer " c’est à dire que leur identité leur a été enlevée.
Quelle est la responsabilité de l" Etat dans leur " Dé filiation"
S’il est vrai que des noms ont été attribués aux esclaves libérés, il n’ en reste pas moins vrai que ce nom ne peut vous permettre de reconstituer votre généalogie.
Quelle est l’action juridique que chacun qui le voudrait pourrait engager
Le premier des droits est celui de la filiation
Notre réhabilitation passe par retrouver notre FILIATION pas celle qui fut FABRIQUEE à l’ abolition de l’ esclavage
Merci pour toute réponse
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