Des textes pertinents

Christophe Poussier, Journaliste indépendant à La Réunion, agrémente les images de nombreux textes. Au début, il établit un historique de la présence indienne dans l’île. Puis, il se tourne rapidement vers des textes beaucoup plus axés sur la présentation de l’hindouisme à La Réunion. Il y explique ce que signifie le titre du livre : « Si le bouddhisme sera la voie de la sagesse, l’hindouisme sera celle de la dévotion, la bhakti qui va s’épanouir et dominer l’ensemble des doctrines ».
Il rappelle les temps forts de la dévotion : « Les cérémonies effeuillent le calendrier tamoul à un rythme soutenu. Elles peuvent être classées en 3 catégories. Les fêtes de Kali, le Kavadi, Mâriamman, la marche sur le feu, Govinden ou encore le Dipavali sont autant de grands rendez-vous qui drainent une foule considérable. Par leurs processions, ils représentent, avec les façades des temples, l’aspect le plus visible de l’hindouisme réunionnais. Mais en dehors de ces fêtes publiques longuement préparées, l’activité des temples et chapelles continue. Y ont lieu des cérémonies plus discrètes, sans musiciens, ni cortège, selon une fréquence mensuelle ou hebdomadaire, voire quotidienne dans les grands temples. A cela, il faut ajouter les services annuels organisés par les familles qui entretiennent un sanctuaire domestique et les rites familiaux propitiatoires [qui a la vertu de rendre propice - NDLR] tels que la “cérémonie poule noire” pour la déesse Pétiaye et le sambrani pour les défunts ».
Avant toute chose, l’équipe qui a mené à bien ce projet a souhaité présenter différents aspects de la culture tamoule, sans la juger. Le lecteur sera peut-être étonné par certaines photos sur des pratiques de souffrances corporelles que certains croyants s’infligent. Cependant, il trouvera à ce sujet l’explication suivante :
« Muruga a reçu le vel des mains de sa mère Parvati, avant la guerre contre le démon Surapadman. Cette lance se compose de trois parties ayant chacune une signification. La tige, la partie large du fer et la pointe symbolisent respectivement la puissance, l’intelligence et la victoire. (...) La puissance de l’intelligence mène à la victoire du Bien sur le Mal et à la réussite en général, mais elle est inopérante sans la volonté et inutile sans la sagesse de la connaissance que le dieu seul possède. C’est riches de cet enseignement que les pénitents du Kavadi se font planter dans la langue et les joues, sur le front, les bras, le dos, le torse de longues piques et fines aiguilles d’argent rappelant l’arme mythique, accompagnés de crochets lestés de citrons galets laissant couler un jus acide. Leur disposition est une science en plus d’être un art. Elles sont piquées de manière à favoriser l’action conjugée de l’argent et des rayons du soleil sur le corps humain, tout en glorifiant le dieu par le sacrifice corporel et la beauté des représentations de la queue du paon sur la peau. Purifiés par le carême et la préparation mentale, les pénitents s’en remettent totalement à la divinité. Tout à la dévotion et concentrés sur leur effort, ils n’affichent sur le visage aucune souffrance et leur corps ne perd pas une goutte de sang ».

M.D.