Militant anti-colonialiste, condamné pour ses opinions

Disparition d’Henri Alleg

19 juillet 2013

Henri Alleg a lutté en Algérie pour la décolonisation de son pays. Cet engagement, il choisit de le mener dans un journal "Alger Républicain". La censure fit taire le journal, mais pas le militant qui passa dans la clandestinité.

Arrêté et torturé, il réussit à échapper à la mort. Il prit alors la plume pour dénoncer les méthodes de répression utilisées par la France en Algérie.

Son livre, "la Question", a été interdit. Il réussit à le faire imprimer en France, et à le diffuser de manière clandestine à 150.000 exemplaires.

Cela lui valut d’être inculpé pour atteinte à la sûreté extérieure du territoire, et condamné à 10 ans de prison. Il s’évada, continua la lutte et reprit la direction d’Alger républicain dès l’indépendance de l’Algérie.

Henri Alleg s’est battu pour la décolonisation, il a lutté pour faire respecter liberté de la presse dans un pays colonisé, il a été torturé et emprisonné pour ses opinions.

La lutte qu’il menait était aussi celle des communistes réunionnais. Au moment où Henri Alleg était entre les mains des paras, le gouvernement français avait envoyé le préfet Perraut Pradier à La Réunion pour combattre les communistes. Quelques années après le début de cette vague de répression, le directeur de "Témoignages", Paul Vergès, a été condamné à de la prison ferme. Il dut passer à la clandestinité pour poursuivre la lutte. Tout comme Henri Alleg, le dirigeant du PCR a été déferré devant la Cour de sûreté de l’État à cause de ses opinions.

La clandestinité pour mener la lutte

Henri Alleg arrive en Algérie en 1939, il sympathise aussitôt avec les Algériens des couches populaires. Six ans plus tard, il est en première ligne de la lutte contre le colonisateur. Voici des extraits d’un article de "l’Humanité" qui rappelle ces années de lutte.

En Algérie, à ce moment-là, un point de non-retour est franchi, avec les massacres de mai ?1945 à Sétif et Guelma, prologue d’une guerre qui devait éclater neuf ans plus tard. Pour Henri Alleg, la plume devient l’arme du combat pour une Algérie libérée du racisme et de l’oppression colonialiste. En novembre ?1950, il entre à "Alger républicain". (…) Lorsqu’Henri Alleg prend la direction du journal, en 1951, les communistes y ont déjà acquis une influence prépondérante. La ligne du journal se fait plus résolument anticolonialiste, solidaire des luttes ouvrières, favorable à l’objectif d’indépendance. Ce titre est le seul à échapper au monopole de la presse quotidienne détenue par les grands colons.

Aux côtés d’Alleg, chose inédite et impensable à l’époque, un « indigène », Boualem Khalfa, est promu rédacteur en chef. L’engagement du journal irrite au plus haut point les autorités, qui le censurent et multiplient les saisies au moindre prétexte. (…) Lorsqu’éclate l’insurrection, le 1er ?novembre 1954, Alger républicain  est déjà depuis longtemps dans le collimateur des gardiens du temple colonial. Le journal est interdit en 1955.

Henri Alleg entre dans la clandestinité. Régulièrement, il envoie des articles au journal l’ Humanité , interdit sur le sol algérien, cible, à son tour, en France, des ciseaux d’Anastasie. Il est arrêté le 12 ? juin 1957, alors qu’il se rend au domicile de son ami, le mathématicien Maurice Audin, enlevé la veille par les parachutistes. Torturé à mort, Audin n’est jamais revenu des supplices que lui infligèrent les barbares aux ordres de Massu et Bigeard.

Alleg, lui, est un rescapé de l’enfer. Tous les supplices, tous les noms, tous les lieux, les paroles mêmes se gravent à jamais dans sa mémoire. Il entend tout dire, s’il survit. (…) Son témoignage franchit les murs du camp de Lodi, puis de la prison de Barberousse, sur de minuscules papiers pliés. Son avocat Me Léo Matarasso, le transmet à l’ Humanité . L’édition du 30 ? juillet 1957, qui reprend ce récit glaçant, est saisie.

Au printemps 1958, Jérôme Lindon accepte de le publier aux éditions de  Minuit . Le livre, préfacé par Sartre, est aussitôt interdit. Mais la censure provoque l’inverse de l’effet escompté. Deux semaines plus tard, depuis Genève, l’éditeur Nils Andersson prend le relais.  La Question  passe la frontière dans des valises et circule, en France, sous le manteau. Au total, 150 ?000 exemplaires clandestins du livre seront diffusés, contribuant de manière décisive à lever le voile sur la torture. Trois ans après son arrestation, Henri Alleg est inculpé d’« atteinte à la sûreté extérieure de l’État ». Il écope de dix ans de prison. Transféré à la prison de Rennes, il s’évade, avec la complicité de Gilberte, lors d’un séjour à l’hôpital. Aidé par des militants communistes, il rejoint la Tchécoslovaquie, où il séjourne jusqu’à la signature des accords d’Évian.
L’hommage d’Alger républicain

« Notre frère et camarade de combat Henri Alleg vient de nous quitter »

Il est décédé suite aux conséquences d’un accident cérébral survenu l’an dernier.

Henri Alleg, de son vrai nom Harry Salem, a été ancien directeur d’Alger républicain avant son interdiction par les autorités coloniales en 1955 et après l’indépendance jusqu’à sa suspension après le coup d’État du 19 juin 1965.

Il a été membre dirigeant du Parti communiste algérien puis du PAGS. Fuyant la répression anti-communiste déclenchée après le coup d’État, il a dû rejoindre la France.

Authentique internationaliste, il a été pris d’un immense sentiment de révolte contre l’oppression coloniale dès son premier contact avec l’Algérie en 1939. Il a adhéré au Parti communiste algérien réduit à l’action clandestine et pris fait et cause pour la lutte pour l’indépendance de l’Algérie.

Durant la guerre de libération, il est activement recherché par toutes les polices. Il est arrêté en juin 1957 par les paras du sinistre Bigeard lors d’un traquenard qu’ils lui avaient tendu au domicile de son camarade Maurice Audin, dont le corps n’a jamais été retrouvé. Henri Alleg est soumis à la torture comme tous les patriotes et les combattants anti-colonialistes pris dans les griffes de l’armée française.

Il réussira à faire sortir de prison son retentissant témoignage " La Question " dans lequel il fera connaître au monde entier les atrocités commises par la soldatesque coloniales sur les patriotes.

Notre camarade Henri sera inhumé le 29 de ce mois

Alger républicain présente ses condoléances les plus attristées à la famille, aux amis et aux camarades du défunt.

Zoheir Bessa

Directeur d’Alger républicain
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