
Mal-do-mèr dann sarèt
28 juin, parLo zour la pokor kléré, Zan-Lik, Mariz é sirtou Tikok la fine lévé, mèt azot paré. Madanm Biganbé i tir zot manzé-sofé, i donn azot, zot i manz. (…)
9 juin 2006
Qu yuan ne fut-il qu’un conseiller royal mal écouté ? Un poète avant-gardiste méconnu ? La tradition des lettrés chinois a fait de lui un poète “moral et patriote” qui se serait suicidé en signe de protestation devant l’incompréhension et l’ingratitude de ses contemporains. L’écrivain réunionnaise et sinologue Edith Wong Hee Kam lui consacre une étude, à paraître (chez Azalées éditions) sous le titre “De Confucius à Qu Yuan ; humanisme, courage et poésie chez les lettrés chinois”.
De la tradition de la littérature chinoise antique, celle des dynasties Qin, Han et suivantes, seules de rares œuvres écrites sont parvenues jusqu’à notre époque. Parmi elles, des poèmes attribués à Qu Yuan, probablement né en 340 avant J-C et mort (peut-être) en 278.
Dans un ouvrage à paraître aux éditions Azalées, Edith Wong Hee Kam interroge quelques-uns des signes et des textes disponibles, pour tenter de mieux cerner l’apport de ce lettré de la nuit des temps. Elle a donné une conférence* à l’occasion de la fête du Double Cinq - le 31 mai, cette année (voir ci-contre) - une fête traditionnelle dont les anciens, les premiers Chinois de La Réunion, avaient perdu la trace et qui a refait surface, il y a environ trois ans.
Alliances et retournements d’alliances étaient le lot commun des rapports politiques pendant toute la période où, de quinze royaumes, la Chine s’est constituée en sept royaumes - dont ceux de Qi, de Qin (le futur unificateur) et de Zhou, où aurait vécu Qu Yuan.
Que sait-on de Qu Yuan ? Qu’il a vécu sous les “Royaumes combattants”, ainsi que la tradition chinoise désigne les sept ou huit principautés qui pendant 250 ans avant l’ère chrétienne, se sont affrontées pour conquérir l’hégémonie, après la chute de la dynastie Zhou en 475 av. J-C. Vers le milieu du IVème siècle émergent les royaumes de Chu, Han, Lu, Qi, Qin, Wei, Yan et Zhao, qui s’affrontent en des combats souvent sanglants.
Chu fait partie des régions méridionales, où une grande culture chamaniste a légué à la Chine sa conception des énergies du Ciel et de la Terre. À la fin de la dynastie des Zhou, les arts militaires, artistiques et les Lettres ont atteint un haut niveau, dont témoigne l’œuvre de Qu Yuan, poète empreint de l’influence taoïste et de celle du yin et du yang. Sa vie s’arrête une cinquantaine d’années avant la victoire définitive des Qin (vers 221 av. J-C).
La vie de Qu Yuan
Né dans une famille illustre, Qu Yuan devient lui-même haut fonctionnaire, d’après le récit qu’en fit un historien célèbre, quelquefois appelé “le Thucydide chinois”. Sa carrière de fonctionnaire - il était secrétaire du roi Huai - souffrit de toutes les vicissitudes politiques ou morales inhérentes à une époque troublée. Il fut démis de ses fonctions après des calomnies. Il fut exilé deux fois, la première fois par Huai, puis par le fils de Huai, qui semble avoir instigué la captivité de son père pour prendre sa place.
Vers 292, le souverain de Chu se rendit à une invitation du souverain de Qin, contre les conseils de Qu Yuan. C’était un guet-apens et le roi de Chu ne revint pas. Les remontrances de Qu Yuan au fils cadet, instigateur (ou complice) de ce traquenard, valurent au poète d’être banni dans une contrée lointaine. Il mit fin à ses jours par le suicide rituel (par noyade) dans la rivière Milo.
Pour un certain nombre de sinologues, sa noyade ne fut pas qu’un geste de désespoir, mais aussi un geste de protestation contre l’iniquité et l’impéritie des monarques et de leur cour, ainsi qu’un “modèle d’honneur” laissé pour l’exemple - c’est le côté “confucéen” de Qu Yuan, selon Edith Wong Hee Kam.
Il y a controverse sur certains poèmes qui sont quelquefois attribués à Qu Yuan, mais un certain nombre de poèmes de lui nous sont parvenus par l’anthologie des Chants de Chu (Chu Ci) - qui réunit plus de trois cents textes, dont “Tristesse de la séparation” (Li Sao) et “Neuf Chants” (Jiu Ge).
Edith Wong Hee Kam s’est surtout arrêtée sur le Li Sao, le premier long poème de la littérature chinoise, écrit dans une prosodie qui bousculait complètement les règles alors en vigueur dans la versification, où dominaient des quatrains rimés de cinq ou sept mots. Qu Yuan a introduit des quatrains de vers plus longs. Son poème reste le plus commenté de l’ensemble des Élégies de Chu.
Qu Yuan y laisse éclater son amertume, attaque les flatteurs et exprime son souci d’éclairer le souverain dans “la conduite du char de l’État”. Il apparaît en Chine comme le fondateur d’une poésie “personnelle” marquée par “une inflation du je”. On sait en réalité bien peu de choses sur ce lettré du IVème siècle avant J-C et ses écrits mériteraient sans doute encore bien des études, auxquelles Edith wong Hee Kam a le mérite d’ouvrir la voie dans l’île.
P. David
* D’où sont tirées les informations données ici.
Double Cinq
Un faisceau de légendes entremêlées ont fait du Double Cinq, avec le temps, une fête commémorative de la mort de Qu Yuan, qui a mis fin à sa vie en sautant dans une rivière.
Cette fête, sans doute païenne à l’origine et surgie de la nuit des temps, a "peut-être été confucianisée au 12ème siècle", selon Georges Chane-Tune, sinologue réunionnais. Elle est fêtée le 5ème jour du 5ème mois lunaire, qui correspond pour les Chinois au solstice d’été.
"C’est à l’origine une fête de l’eau, célébrée pour se garder du risque de sécheresse et d’épidémie et pour garantir une récolte abondante", a complété Georges Chane-Tune.
Il faut pour cela amadouer le “dragon d’eau” en mettant sur les embarcations l’effigie d’un dieu pourfendeur de démons, Zhong kui.
Ce jour-là ont lieu des courses de bateaux en forme de dragon, mus par des rameurs, qui rappellent les efforts faits par les riverains pour repêcher le corps de Qu Yuan avant qu’il ne soit mangé par les poissons.
P. D.
De Confucius à Qu Yuan
Confucius (Kong Zi, ou Kong Fuzi) aurait vécu de 551 à 479 avant notre ère. Sa vie est une série d’échecs, mais il se définit lui-même par la joie qui l’anime. Inquiet du sort des hommes de son pays, en proie à la division et aux luttes, il se sent investi d’une mission et propose où il peut ses services aux princes d’alors. Son intransigeance le conduit à démissionner rapidement, quand il n’est pas brutalement chassé. Il finira sa vie sans voir les fruits de ses efforts et l’enseignement ne sera pour lui qu’un pis-aller. Il faudra deux siècles encore pour que la Chine se réunisse en un Empire centralisé et que cessent les guerres intestines, lorsque le premier Empereur Qin Shi Huang imposa sa loi aux différents royaumes. Sa dynastie fondée sur les idées de l’École des Lois (autoritarisme et pouvoir absolu des lois) dura quinze années, puis fut remplacée par celle des Han, qui érigea le confucianisme (l’école concurrente : celle des Lettrés) en doctrine officielle. Un rigorisme doctrinal contraire aux préceptes du fondateur biaisait déjà ses enseignements. Ensuite, Confucius fut tour à tour vénéré, honni, adulé, raillé, souvent déformé et sanctifié par le régime en place ou ses détracteurs.
(...) En lisant les “Entretiens”, ce compte-rendu de ses discussions avec ses disciples, on peut découvrir, outre ses idées politiques, son goût pour la musique, le gingembre, son amitié avec son disciple préféré, ses désillusions, ses espoirs pour l’humanité, et retrouver un peu la Voie qu’il a souhaité tracer pour les générations à venir.
(D’après l’Association française des professeurs de chinois)
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