Témoignages

Eddy Babet (batteur) : ’Plus de cachets, plus d’ASSEDIC’

19 juin 2006

Quand le Premier ministre est venu annoncer les mesures du gouvernement, il a promis une belle enveloppe pour le tissu économique local. Et les musiciens et personnels du spectacle ? Sommes-nous de perpétuels oubliés ? Le problème est à double facette : il y a ceux qui sont touchés par la maladie et qui ne peuvent plus travailler, et ceux qui sont affectés par la pénurie de touristes. Les hôtels se vident et les musiciens ne jouent plus. Pour moi, cela représente une dizaine de cachets en moins, c’est-à-dire de 800 à 1.000 euros en moins. J’ai été très étonné d’entendre de Villepin déclarer - à 800 mètres de l’hôtel Appolonia, fermé depuis - que le tourisme reprend. Aujourd’hui, nous sommes surtout obligés de nous serrer la ceinture. Avec le régime des intermittents du spectacle, il nous faut jouer davantage pour pouvoir prétendre aux ASSEDIC. Encore faut-il noter une chose : on dispose de moins d’argent, mais en même temps, il faut continuer à nous protéger contre le moustique et payer des produits. Je propose que l’on crée un fonds de solidarité chikungunya en faveur des artistes et des personnels de spectacle. Pour qu’on puisse s’en sortir.

Jean Salier d’Olette (pianiste) :"Les artistes sont laissés pour compte..."

Intermittent du spectacle, le pianiste Jean Salier d’Olette assure des prestations dans les hôtels ou restaurants. Évoluant en soliste ou en trio, musicien de Françoise Guimbert, il attend que les choses reprennent et que la belle saison revienne. Si la crise persiste, il sera contraint de rentrer en métropole.
"J’avais prévu de partir en vacances 2 mois. Je vais essayer de décrocher quelques dates. Je devrais revenir avec Léda Atomica Musique pour le projet de résidence avec Françoise Guimbert, et si les choses ne s’arrangent pas après notre tournée en métropole, en novembre prochain, je serai contraint de rester en France", lance-t-il. Cet habitué des hôtels - Créolia, Villa du Lagon ou Villa du Récif - déplore que les artistes restent oubliés. "Toujours les derniers".
Il note que plusieurs restaurants sont en difficulté et annulent des dates.
Ce qui n’arrange pas son quotidien. "Dans un piano-bar qui m’offrait 8 dates, je n’assure qu’une prestation", constate Jean Salier d’Olette. En tout, c’est une baisse de 70% qu’il enregistre sur son salaire d’artiste. Dur dur d’être “Zicoss”.
Selon lui, "les grosses structures aussi souffrent et manquent de soutiens". Les artistes nationaux annulant leur concert, elles se retrouvent sans le sou, et le personnel craint de perdre son travail. Il cite volontiers l’exemple d’Hémisphère Sud qui n’a reçu que 2.500 euros de prime, alors qu’il brasse beaucoup plus d’argent les saisons de vaches grasses. "C’est du pipi de chat", déclare-t-il. C’est peu dire.
Les musiciens et personnels de spectacle sont donc les laissés pour compte de l’aide gouvernementale.
Peuvent-ils compter sur l’ASSEDIC ? Réaliser 507 heures de spectacle, soit 43 cachets sur 10 mois et demi dans une telle crise, c’est ingérable pour des artistes qui doivent toujours continuer à payer leurs charges patronales et salariales. Donc, pas d’ASSEDIC parce que le nombre de cachets n’y est pas.
C’est dit, rien de mieux que la culture pour vivre. Et bonne fête à cette musique ... “funèbrement” chikungunyée.

Entretien de Willy Técher


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