Notre Histoire : À l’occasion du 86ème anniversaire de la naissance de Roland Jamin - 10 -

En 1957 : dissolution de la municipalité de La Possession

1er juillet 2004

Après la disparition du maire de Saint-André, le Docteur Raymond Vergès, et du député Raphaël Babet, le préfet de l’époque Jean Perreau-Pradier s’attaque au maire de La Possession Roland Jamin. Pressions et fraudes ne suffisant pas à intimider le maire possessionnais pour le faire démissionner, le préfet, par une voie tout à fait antidémocratique, fait dissoudre la municipalité.

C’est précisément pour lui permettre de truquer plus facilement l’élection du 17 novembre 1957 que Jean Perreau-Pradier s’attaque à la municipalité de La Possession, dirigée depuis décembre 1945 par le communiste Roland Jamin.
Le maire de La Possession lui paraît vulnérable en raison d’un sérieux contentieux qui l’oppose à la Caisse générale de sécurité sociale de La Réunion, ainsi qu’à l’un de ses associés dans une petite entreprise qu’il a créée à La Possession. On a de bonnes raisons de penser que si ce double contentieux s’est singulièrement aggravé, c’est en raison de l’immixtion du préfet dans ce qui relève de la vie privée de Roland Jamin. Le fait est que Jean Perreau-Pradier n’éprouve aucune gêne à proposer à ce dernier un odieux marché : sa démission de maire contre le règlement à l’amiable de ses problèmes personnels.
Le refus catégorique de Roland Jamin conduira le chef du département à se tourner vers des conseillers municipaux dont certains ne résisteront pas aux pressions préfectorales et lui remettront leur démission. Démissions qui n’entraînent évidemment pas l’organisation d’élections complémentaires comme le demande avec force - en application de la loi - le maire de La Possession. Car l’objectif recherché est de faire le vide autour de Roland Jamin.
Cet objectif n’étant pas atteint, Jean Perreau-Pradier obtient du ministre de l’Intérieur, Bourgès-Manoury, la dissolution de la municipalité de La Possession, en prétextant que "les graves dissentiments qui existent au sein du Conseil municipal de La Possession entravent l’administration de la commune". C’est le même prétexte qu’il invoquera quatre ans plus tard pour faire dissoudre la municipalité du Port par le ministre Roger Frey.
Ce qui est choquant dans ces décisions ministérielles, c’est qu’elles se basent sur la seule appréciation du préfet, sans que les parties concernées n’aient à fournir la moindre explication. Si les "dissentiments" au sein d’une municipalité doivent entraîner la dissolution de celle-ci, toute vie démocratique y devient impossible. La voie est alors largement ouverte à l’arbitraire.
S’agissant de la municipalité dirigée par Roland Jamin, comment ne pas rappeler que le décret de dissolution a été signé le 14 novembre 1957, inséré au journal officiel dès le 15 novembre et appliqué le samedi 16 novembre, veille d’une importante élection législative partielle à La Réunion. Il est évident que le but recherché par le gouvernement et son représentant dans l’île était de priver brutalement de leur mandat de président(e) de bureaux de vote des hommes et des femmes hostiles à leur politique. Car les membres de la délégation spéciale mise en place à moins de 24 heures du scrutin n’avaient rien à refuser au pouvoir de l’époque.

(à suivre)

Eugène Rousse

Roland Jamin

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus