
C’était un 30 juin
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Exposition d’art contemporain à Bourg Murat
23 août 2005
“Entre terre et ciel, une marelle improbable” est le titre qu’André Béton a choisi pour cette exposition. André Béton a invité 3 artistes à le rejoindre qui, chacun à leur manière, évoquent leur terre, le rapport au sacré et la quête identitaire. L’exposition dont André Béton est l’instigateur, vous propose Quatre regards singuliers, ceux de Margareth Adenor, Dolène Fuma-Courtis, Charlie Lesquelin et bien-sûr André Béton. Chacun y crée son univers, pose ses jalons, nous conte notre histoire.
André Béton
“Et puis il a eu cet arbre...”
(...) André Béton vit les couleurs vives de rouge et d’orange, l’arbre généreux qui offre son ombre salutaire en novembre, l’arbre au feuillage de plumes vert tendre dont la frondaison de flamme annonce la mort et la renaissance. Apparaît le flamboyant qui traverse en pochoir ses portraits, puis répand ses rouges oranges et bruns sur les bannières où l’écriture défile en prières. Ce sont les couleurs du sang qui coule à la puberté des jeunes filles, qui coule à la naissance de leurs enfants. La couleur des chapelles qui ponctuent les routes en lacets de l’île.
La floraison du flamboyant annonce la fin d’une année au calendrier chrétien, c’est l’heure des bilans, des regrets, des prises de conscience et du renouveau. Les pétales se fanent en éclats de lumière au sol, éclats de rires et de joie des fêtes qui s’annoncent dans l’abondance généreuse de l’été austral. L’installation d’André Béton est conçue de manière à nous faire traverser une forêt symbolique. Suspendus au-dessus du visiteur ses oriflammes aux couleurs de flamboyant flottent par dizaines, fragiles, éphémères et éternelles, rappelant le cycle de la nature qui porte en elle la mort et la renaissance, l’essence de la vie en somme.
Dolaine Fuma Courtis
“Chemins de vie”
Les mains larges et généreuses de Dolaine Fuma Courtis avaient d’abord apprivoisé la terre en la travaillant, plantant et récoltant les grains, fruits et fleurs dans les hauts du Nord de l’île. Ainsi déjà elle sculptait la terre.
Puis la roche que l’agriculteur d’habitude maudit, extrait et jette, la séduit et l’attire. La matrice tellurique l’émeut. Elle répond à son appel. Une évidence, un besoin, un devoir même. Elle s’attache à libérer les visages mystérieux, les bras de la mère qui enveloppent et consolent ; calmes et solides de sagesse ses représentations de la matrice éternelle émergent et se dressent debout dans le ciel, fières et douces.
De la roche brute elle tient à garder la trace, comme pour nous rappeler que le regard doit toujours pénétrer plus loin que l’écorce rugueuse du paraître et, patiente, se mettre en quête de l’âme. (...)
Dolaine Fuma Courtis nous invite à renouer avec le sacré initial, à respirer le silence parfait de la pierre et, à garder toujours avec nous le souvenir de l’instant fugace du contact de votre matière avec la sienne.
Margaret Adenor
o Mystères : cultes et rites, savoir réservé aux initiés.
o Mythologie : ensemble de légendes propres à un peuple, une civilisation, une religion.
o Religion : ensemble d’actes rituels destinés à mettre l’âme humaine en rapport avec Dieu.
Margaret Adenor nous entraîne dans une mythologie toute personnelle inspirée de la religion chrétienne certes, car y figurent les anges, mais aussi d’autres symboliques tels que l’arbre de vie, la lune, le bœuf, et le dodo ou Dronte : oiseau mythique qui aurait existé au début du peuplement de l’île, il fait partie de l’inconscient collectif Réunionnais.
Le Dronte rémanence du Paradis perdu, de l’Atlantide, de la Lémurie chère à Jules Hermann, hante son imaginaire mystique ; Margareth Adenor nous livre son image avec tout le respect que l’on doit aux manifestations divines, enchâssée dans un cadre de bois, parée de couleurs somptueuses, représentée de manière formelle et codifiée.
Les ardoises d’écolier sont le support de prédilection pour ces icônes, car c’est dès l’enfance, quelle que soit la religion pratiquée, que l’initiation aux rites et aux dogmes commence. (...)
En vérité je vous le dis, le Dronte existe, il est désormais imprimé sur votre rétine, prêt à émailler vos rêveries, embellir votre quotidien.
Charly Lesquelin
“Beauty is in the eye of the beholder”
(“Chacun trouve le beau à sa porte”)
La peinture de Charly Lesquelin honore l’homme au sens large celui qui se coltine avec la terre au quotidien, dont les mains sont durcies par les contacts rudes de tôle et de jute.
Son regard tendre l’observe dans la cour, dans les champs. Ému par la perfection des gestes simples, il ne résiste pas à la tentation, son pinceau les saisit au vol et nous offre cet instant de vie : la brise qui soulève le bord du chapeau, les plis d’une robe, la sensuelle courbe du pays aimé, la fraîcheur promise du ruisseau.
L’artiste offre son talent à la ferveur des hommes tendus vers le même soleil rouge ; ruisselants des eaux purificatrices,... et l’atmosphère se charge de fumées et de camphre, un murmure lancinant monte des profondeurs de l’être. (...)
Portraits, paysages, scènes de la vie quotidienne, les tableaux de Charly Lesquelin sont une ode à sa terre natale, son terroir. (...)
L’expo est ouverte jusqu’au dimanche 28 août de 10 heures à 18 heures.
Les visiteurs sont accueillis par les artistes et invités à prendre une boisson chaude dans l’atelier de sérigraphie où ils pourront assister à la fabrication de tee-shirts. Ils pourront aussi y admirer les œuvres de Bertrand Bourdon, ainsi que de 2 artistes mauriciens, Ismet et Firoz Ghanty.
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