Sainte-Suzanne rend hommage dès lundi au militant culturel disparu
Festival de contes créoles dédié à Daniel Honoré
20 octobre 2018, par
C’est à Sainte-Suzanne qu’aura lieu le premier grand hommage à Daniel Honoré à l’occasion du Festival du conte créole organisé par la municipalité et ses partenaires. Le militant culturel disparu est un des initiateurs de la manifestation annuelle qui débutera lundi.
Militant communiste pendant de nombreuses années et plusieurs fois candidats du PCR à Saint-Benoît, Daniel Honoré était surtout connu en tant que militant culturel. Depuis son décès jeudi, de nombreuses personnes et organisations de tous horizons lui ont rendu hommage. Il avait en effet fait de la promotion de la langue créole une de ses raisons d’être.
Il est un de ceux qui a permis à la langue créole de prendre la place qu’elle occupe aujourd’hui dans la société réunionnaise. Il fut en effet un temps où un vice-recteur demandait de « fusiller le créole ». Cette période de répression fit d’important dégâts. Cela laisse encore aujourd’hui des traces. Ainsi, des Réunionnais partis avec le BUMIDOM de retour à La Réunion n’osent toujours pas s’exprimer dans leur langue maternelle dans leur pays natal. Des parents créolophones persistent à vouloir que leurs enfants s’expriment en français. Malgré cela, l’engagement de militants communistes et culturels a permis au créole de résister et d’organiser sa présence dans l’espace public et même à l’école. C’est une présence qu’aujourd’hui personne ne peut plus remettre en cause.
Former les jeunes générations
Daniel Honoré s’est beaucoup investi dans la formation. Cela se fit dans la rédaction de plusieurs ouvrages et également dans la transmission des savoirs. La société réunionnaise est marquée par l’oralité. Les contes sont un des piliers de cette communication. Daniel Honoré a agi pour promouvoir cette part de l’identité réunionnaise. Il fut ainsi un des initiateurs du Festival de contes créoles de Sainte-Suzanne, une des manifestations phares de la Semaine créole.
Hier à Sainte-Suzanne, autour de Maurice Gironcel étaient rassemblés les partenaires de cette manifestation pour présenter à la presse l’édition 2018. Ils ont annoncé que ce Festival lui sera dédié. Ce sera le premier grand hommage rendu au militant culturel disparu. C’est une décision symbolique, car ce festival est un moyen de transmettre la pratique de la langue créole aux jeunes générations.
Combat à poursuivre
Au cours de cette rencontre avec les journalistes, Maurice Gironcel a souligné que le meilleur hommage que l’on puisse rendre à Daniel Honoré, c’est de se replonger dans son œuvre. C’est en effet une source d’inspiration pour valoriser ce qui constitue un des éléments constitutif d’un peuple : sa langue.
Daniel Honoré laisse derrière lui l’assurance que son combat sera poursuivi. Le flambeau de la lutte pour le créole a en effet été transmis. Il reste désormais à donner au créole toute la place qu’il mérite. Cela passe notamment par la prise en compte de la réalité linguistique réunionnaise dans le système scolaire. Car concrètement, la langue d’enseignement n’est pas la langue maternelle de la quasi-totalité des élèves. À cela s’ajoute la place trop réduite de l’histoire de La Réunion dans les programmes par rapport à celle d’autres pays. Ceci constituent autant de difficultés supplémentaires que doivent affronter les jeunes Réunionnais, alors que dans le système actuel, la réussite scolaire conditionne pour beaucoup l’accès à un emploi.
La place du créole dans l’audiovisuel est également à valoriser. En France, il existe des heures de programmation uniquement en langue régionale. A une époque, RTL diffusait le dimanche « Buona domenica ». C’était des émissions télévisées en italien pour tenir compte de la forte population immigrée originaire d’Italie au Luxembourg, en Lorraine et en Belgique. Ce sont autant d’initiatives qui mériteraient d’exister afin d’etre en prise avec la réalité linguistique de La Réunion.
C’est donc un combat à poursuivre, avec comme première étape le Festival de contes créoles de Sainte-Suzanne la semaine prochaine.
M.M.