L’auteur de ’Peau noire, masques blanc’ à l’honneur vendredi à 18h30 au Théâtre du Grand Marché

Frantz Fanon présenté par Françoise Vergès

12 avril 2011

Militant de la libération de la lutte anti-coloniale, médecin et écrivain, Frantz Fanon est un personnage du 20ème siècle. Ce vendredi, les ’Rencontres de Bellepierre’ proposent une soirée durant laquelle Frantz Fanon sera présenté par Françoise Vergès, présidente du Comité pour la Mémoire et l’Histoire de l’esclavage. Des extraits seront lus par Nicolas Givran. Voici la présentation de cet événement :

• Frantz Fanon
Quel destin singulier, fougueux et imprévisible que celui de Fanon. Le « Rousseau noir » n’aura cessé de combattre avec conviction et générosité toutes les formes d’inégalité. Militant activiste des causes anti-raciste et anti-colonialiste, il travailla également au renouveau de la psychiatrie, mais il aura encore pris le temps de laisser une œuvre dense et féconde, parfois lyrique, qui fait de lui un avocat infatigable de tous les peuples opprimés et un penseur original de la domination. Beaucoup lu et commenté aux États-Unis, héros national en Algérie, encore peu connu en France, Fanon semble aujourd’hui sortir lentement de l’oubli.
Né en 1925, il quitte sa Martinique natale en 1943 pour aller combattre le nazisme. Engagé passionnément dans une lutte pour préserver ses idéaux de justice et de liberté, il est vite désabusé et fait plutôt l’expérience du racisme ordinaire. En 1952, il publie “Peau noire, masques blancs” dans lequel il s’interroge sur la « désaliénation du Noir ». Après ses études de psychiatrie, il est nommé médecin-chef en Algérie en 1953 et s’intéresse aux effets psychiques dévastateurs de la colonisation, « une déshumanisation systématique […] grande pourvoyeuse des hôpitaux psychiatriques ». Ne cessant de soigner, il démissionne néanmoins et s’engage activement auprès du FLN dans la guerre de libération nationale. Grand humaniste et internationaliste convaincu, il pense à la décolonisation de toute l’Afrique. Apprenant qu’il est atteint d’une leucémie, il se retire aux États-Unis en 1960 et écrit “Les Damnés de la Terre” : l’Afrique ne doit pas « singer l’Europe », mais inventer « un homme neuf ». Il mourra quelques jours après la parution de son livre en 1961 et quelques mois avant l’indépendance de l’Algérie, où il sera inhumé à sa demande.
À une époque où revient comme une obsession le questionnement sur l’identité, où le communautarisme rime moins avec commun et communication qu’avec privilèges et fermeture, où les nouvelles configurations géopolitiques imposent que l’on réfléchisse à l’avenir des États-nations, où le monde arabe se bat pour un autre avenir… il n’est sans doute pas inutile de (re)lire Frantz Fanon.

• Françoise Vergès
Docteure en sciences politiques, Françoise Vergès est professeure à l’Université de Londres. Elle est depuis 2008 présidente du Comité pour la Mémoire et l’Histoire de l’Esclavage (CPMHE). Elle a écrit plusieurs articles sur Fanon et prépare un livre sur lui. Spécialiste de l’esclavage et de la domination coloniale, son dernier livre s’intitule “Ruptures postcoloniales. Les nouveaux visages de la société française”, (collectif, La Découverte, 2010).

Légende 4a
Frantz Fanon, né le 20 juillet 1925 à Fort-de-France et décédé le 6 décembre 1961 à Washington.

Légende 4b
Après ses études de psychiatrie, Frantz Fanon est nommé médecin-chef en Algérie en 1953 et s’intéresse aux effets psychiques dévastateurs de la colonisation.


"Les Damnés de la Terre", 1961

Le langage du colon, quand il parle du colonisé, est un langage zoologique. On fait allusion aux mouvements de reptation du Jaune, aux émanations de la ville indigène, aux hordes, à la puanteur, aux pullulements, aux grouillements, aux gesticulations. Le colon, quand il veut bien décrire et trouver le mot juste, se réfère constamment au bestiaire.


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