10ème Prix RFO du livre à Paris

Gary Victor récompensé à nouveau

19 octobre 2004

Serions-nous tous devenus fous ? Dans “Je sais quand Dieu vient se promener dans mon jardin”, le romancier haïtien, esprit rebelle, continue à faire des vagues.

Il n’a fallu qu’un tour se scrutin pour choisir le livre de Gary Victor. Parmi douze ouvrages sélectionnés dans la littérature ultramarine, les membres du jury ont décerné le 10ème prix RFO du livre au romancier haïtien, auteur de "Je sais quand Dieu vient se promener dans mon jardin", aux éditions Vent d’Ailleurs.
Avec "Je sais quand Dieu vient se promener dans mon jardin", Gary Victor raconte l’histoire d’Adam Gesbeau, en proie à un délire schizophrénique, qui guette l’ombre à travers la fenêtre de sa cellule et tente d’échapper au regard du père et à l’appel de Dieu. L’espace et le temps s’abolissent, les personnages se dédoublent pour dépeindre une fresque où seuls les fous sont sains d’esprit.
Qui est cette vieille clocharde qui s’offre à tous sur un banc de Port-au-Prince ? Et ce président, pantin dangereux de sa folie destructive ? Et ces têtes coupées, ces masques que ce même président collectionne pour endosser des identités plus supportables ? Et combien de fois peut-on tuer cet homme ?
Cette dérive haletante que les personnages de Gary Victor subissent sans un seul instant de répit nous touche au plus profond de nous-mêmes. Serions-nous tous devenus fous ?

Mention spéciale à Le Clézio

L’écrivain, avec ce roman, ajoute une pierre essentielle à l’œuvre magistrale qu’il construit livre après livre. Il a obtenu le prix du Livre insulaire avec "À l’angle des rues parallèles".
Gary Victor est né à Port-au-Prince en 1958. Il est incontestablement l’un des romanciers haïtiens les plus lus en Haïti. Outre son travail d’écriture, il est scénariste pour la radio et la télévision. Esprit rebelle, indépendant, ses réflexions sur la société haïtienne font quotidiennement des vagues sur les ondes...

Une mention spéciale du jury a été décernée à Jean-Marie Gustave Le Clézio pour "L’Africain", à l’unanimité.
Le lauréat du Prix RFO du Livre 2004 est récompensé d’une dotation de 5.000 euros et d’un billet d’avion aller-retour à destination des Antilles, de la Guyane ou de La Réunion. Le lauréat de la mention spéciale remporte également un billet d’avion aller-retour pour les mêmes destinations.
Le prix a été remis par Daniel Picouly, président du jury, à la suite du déjeuner délibératoire, dans le cadre d’un point presse au salon de thé Ladurée.

Le jury, réuni jeudi dernier au restaurant Ladurée, à Paris, était composé également de Laure Adler, directrice de France Culture ; Françoise Barret-Ducrocq, secrétaire générale de l’Académie universelle des Cultures ; des écrivains Paule Constant, Édouard Glissant, Gisèle Pineau, Dany Laferriere ("Prix RFO du livre 2002") ; de Martine Laval (critique littéraire à Télérama) et de Jean-Marie Ozanne, de la librairie Les Folies d’encre.


Déjà onze écrivains récompensés

Les précédents lauréats du prix du livre RFO, décerné depuis 1995, sont les suivants :
1995 : Nelly Schmidt pour "Victor Schoelcher" (Éditions Arthem Fayard). 1996 : Gisèle Pineau pour "L’Espérance Macadam" (Éditions Stock).
1997 : Ernest Pépin pour "Tambour Babel" (Éditions Gallimard).
1998 : Raphaël Confiant pour "Meurtre du samedi Gloria" (Éditions Mercure de France).
1999 : Louis-Philippe Dalembert pour "L’autre face de la mer" (Éditions Stock), et Denise-Anne Pentcost pour "L’appel du Pacifique" (Éditions Robert Laffont) pour le prix spécial du Jury.
2000 : Roland Brival pour "Biguine Blues" (Éditions Phébus).
2001 : Anouar Benmalek pour "L’enfant du peuple ancien" (Éditions Pauvert).
2002 : Dany Laferriere pour "Cette grenade dans la main du jeune nègre est-elle une arme ou un fruit ?" (Éditions Le Serpent à Plumes). Patrick Chamoiseau pour “Biblique des derniers gestes” pour le prix spécial (Éditions Gallimard).
2003 : Natacha Appanah-Mouriquand pour "Les rochers de poudre d’or" (Éditions Gallimard, Collection Continents Noirs).


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