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Hier 8 mars : Journée internationale des femmes

9 mars 2011

• Pour l’égalité au travail
Partout dans le monde depuis plus de 100 ans, la journée du 8 mars est dédiée aux femmes et au respect de leurs droits. De nombreux événements sont organisés sur tous les continents pour mettre en lumière le combat pour l’égalité des sexes, et cela, dans tous les domaines. Cette année, la Journée internationale des droits des femmes est consacrée à l’éducation et à l’accès à un travail décent.

Comme l’explique Ban Ki-moon, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, « l’égalité des sexes et l’accès à l’autonomie des femmes sont des impératifs à la fois économique et social. Tant que les femmes n’auront pas été libérées de la pauvreté et de l’injustice, la réalisation de tous nos objectifs — la paix, la sécurité, le développement durable — sera aléatoire ».

Malgré l’implication de l’ONU dans le combat pour l’égalité hommes/femmes, des inégalités souvent marquées persistent dans tous les pays. Notamment en matière d’accès à l’éducation, à l’emploi, d’égalité des salaires et de représentation politique. Pour en savoir davantage sur ce sujet, vous pouvez d’ailleurs vous rendre sur le tout nouveau portail de l’ONU Femmes à l’adresse www.unwomen.org/fr{

D’après les Nations Unies, les deux tiers des 774 millions d’adultes illettrés dans le monde sont des femmes. Or, cette proportion est inchangée depuis 20 ans, ce qui traduit l’absence de toute évolution probante. L’Afrique sub-saharienne et l’Asie du Sud-Est restent les régions les plus touchées par ces inégalités. Toutefois, les pays développés continuent de présenter des disparités importantes et inadmissibles. En France par exemple, à peine 18,5% des députés étaient des femmes en 2007. Un chiffre qui est très loin d’être représentatif de la composition de la population bien sûr, même s’il est en progression par rapport au scrutin précédent où il ne dépassait pas 12%…

Au niveau européen, l’écart moyen de rémunération entre les hommes et les femmes — à poste et compétence égaux naturellement — est de 17,8%. En France, 82% des personnes travaillant à temps partiel sont des femmes. Ce temps partiel est contraint pour au moins 30% d’entre elles, qui ne parviennent pas à trouver d’emploi à temps plein.

• Grossesses adolescentes : le drame silencieux
Le nombre des grossesses précoces ne cesse de progresser à travers le monde, particulièrement dans les pays en développement. Mais certains pays très développés, comme les États-Unis et le Royaume-Uni, sont également concernés. Selon l’association Gynécologie Sans Frontières, qui vient d’organiser un colloque à Paris sur ce sujet, chaque jour, dans le monde, 38.500 de ces grossesses “adolescentes” seraient recensées. Leurs conséquences socio-économiques et sanitaires sont très souvent gravissimes.
Les explications de Luc de Bernis, conseiller principal en Santé maternelle auprès du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) :
« En Éthiopie par exemple, l’âge moyen du mariage est de 16 ans. Cela veut dire que, dans certains cas, l’union peut intervenir dès 8-9 ans. Or, le mariage précoce est l’une des raisons majeures des grossesses adolescentes », nous explique-t-il.

Et ces grossesses se terminent trop souvent en drames. « Les jeunes filles ont un risque plus élevé de décéder pendant leur grossesse, et notamment leur accouchement, parce qu’elles sont davantage exposées aux complications ». La mortalité maternelle est ainsi deux fois plus élevée chez les adolescentes que chez les autres femmes. « Beaucoup ont un bassin trop étroit et peuvent rester en travail pendant des heures, voire des jours si elles n’ont pas accès aux services de soins de santé maternelle », précise Luc de Bernis. Lorsqu’elles n’en meurent pas, elles risquent de souffrir d’une fistule obstétricale.

Celle-ci survient à l’occasion d’un travail anormalement prolongé, lorsque les tissus du vagin, de la vessie et/ou du rectum sont comprimés ou ischémiés par interruption de la circulation sanguine. Il en résulte l’établissement d’une communication anormale, d’un trou entre vessie et vagin ou rectum, provoquant une incontinence urinaire ou fécale. Cette communication se fait par une sorte de canal allongé en forme de flûte (fistula en latin) que l’on appelle une fistule. Ces complications dramatiques surviennent le plus souvent lorsque la parturiente n’a pu bénéficier d’une césarienne en temps voulu. « En raison de leur état, ces jeunes femmes sont alors bien souvent abandonnées par leur conjoint, exclues de leur famille ou de leur communauté ».

En collaboration avec de nombreux partenaires et en particulier des ONG, le FNUAP a lancé en 2004 une campagne mondiale visant à éradiquer la fistule obstétricale. Luc de Bernis estime qu’il reste beaucoup à faire dans les pays en développement. « Nous devons impérativement renforcer les services de santé de reproduction », insiste-t-il. « L’accès des adolescents à l’éducation sexuelle, à la contraception, au préservatif sont des choses extrêmement importantes qui permettraient d’éviter les grossesses non désirées et celles survenant chez l’adolescente ».

Selon l’OMS, un grand nombre de ces cas pourrait être évité « en éliminant les pratiques traditionnelles nocives et en assurant l’accès aux soins obstétricaux en temps opportun ». Mais aussi en retardant l’âge de la première grossesse.

• La place des femmes dans le secteur de la santé
Les femmes représentent 51% de la population en France métropolitaine. Dans le secteur de la santé, elles sont 76%, mais seulement 39% à être médecins. Cette dernière tendance commence pourtant à s’inverser. La parité pleine et entière étant prévue, selon des études… pour 2030.

• Un peu d’Histoire
68, année révolutionnaire. Mais cette fois, il s’agit de 1868. C’est en effet à cette date que les femmes ont été autorisées à étudier la médecine. « Extrêmement bien », ce fut la mention obtenue en 1875 par Madeleine Brès à son Doctorat de Médecine. Ce qui, bien évidemment, ne changea pas radicalement le regard des hommes de l’époque sur les femmes en médecine. Jean-Martin Charcot par exemple pouvait, d’une main, signer une pétition en faveur de l’internat pour les femmes, et de l’autre, invoquer « les facteurs naturels (le manque de force par rapport aux hommes, la grossesse, les règles… - NDLR) » comme des freins à la pratique féminine de la médecine.

Petit saut dans le temps. En 1922, une certaine Marie Curie est la première femme élue à l’Académie nationale de Médecine. Plus de 70 ans plus tard, ses cendres sont transférées au Panthéon de Paris. Elle est toujours aujourd’hui la seule femme honorée au Panthéon pour son travail.

• Et aujourd’hui ?
En 2009, le Pr Monique Adolphe devient — un peu par hasard — la première, et seule, femme présidente de l’Académie nationale de Pharmacie. Une institution créée pourtant en… 1803. « J’ai pris cette nomination comme un coup de chance », nous a-t-elle expliqué. « En aucun cas cela m’est apparu comme un pas vers la parité ! Ce qui est certain, c’est qu’en tant que femme, il a fallu batailler pour ne pas risquer l’éviction ! ».

Monique Adolphe est d’ailleurs une femme de première. Outre cette nomination, elle fut également la première présidente de l’École pratique des hautes études puis la première présidente de la section Pharmacie de l’Académie nationale de Médecine. Et les femmes en médecine, elle y croit. « Je ne dois pas dire trop fort que je suis féministe. Je risquerais d’entendre sur les bancs de l’Académie, de la part de confrères masculins, que si ça continue, il n’y aura plus que des femmes… ».

• Démographie médicale : vers la féminisation
Discipline hautement qualifiée, la médecine constitue encore à ce jour un bastion masculin. En 2006, en France métropolitaine, les femmes représentaient 39,2% des médecins en activité…, mais cette proportion croît chaque année. Les femmes sont en effet majoritaires parmi les étudiants en médecine. La féminisation de la médecine devrait encore s’amplifier dans les prochaines années. Selon les dernières projections démographiques de médecins, réalisées par la Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques (DREES), en 2030, plus de la moitié des médecins seront des femmes.

Pour l’heure, les femmes restent majoritaires dans certaines catégories de profession de santé et dans le secteur para-médical, à savoir sages-femmes, orthophonistes, aides-soignants, agents de service hospitaliers, infirmiers, psychomotriciens, ergothérapeutes… qui comptent plus de 70% de femmes en leur sein. Professions auxquelles on peut rajouter pédicures-podologues ou les pharmaciens où la présence féminine est très largement représentée.

La femme sera-t-elle l’avenir du médecin ? « La question n’est pas là », conclut le Pr Monique Adolphe. « Un esprit de supériorité au profit de l’un des deux sexes ne mènerait nulle part. Le travail de concert est toujours la solution ».


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