Édision Kréol

Histoire pour le cœur, histoires en couleurs

29 décembre 2004

Après “Destin èk Tikout”, “Tipièr shevé touk” et le premier volume de “Zistoir Tikok”, voici le second volume, préfigurant déjà la troisième et dernière partie de l’œuvre de Christian Fontaine.

(Page 5)

Voilà 20 ans cette année que Christian Fontaine est mort. Les associations du Centre pour la promotion et le développement social, Mèt Ansanm Edision et “Inn ti manzé pou lo kër” publient de nouveau ses œuvres.
Le prêtre Christian Fontaine est pour Jocelin Lakia, de l’association Inn ti manzé pou lo kër (RE.AU.VI), un “zarboutan nout kiltir”. Bertrand Grondin de l’association Mèt Ansanm Edision, voit dans “Zistoir Tikok, Listoir tikok” "un texte fondateur de l’écriture de la langue créole". C’est, insiste-t-il "un texte fort, profondément ancré dans l’âme créole, qui figure parmi les textes d’étude".
Mèt Ansanm Édision se concentre sur la vulgarisation de la lecture de textes créoles. Elle vient de publier avec l’association Valval un autre livre intitulé “Léo Parkoman”. Attachée à tous les textes proches du quotidien réunionnais, l’association avait déjà publié Destin èk Tikout” et “Tipièr shevé touk”. Elle avait décidé de populariser davantage les zistoir écrites par Christian Fontaine, un premier volume illustré de “Zistoir Tikok” était paru en 2002. Voici le second volet, en couleurs, et un troisième est prévu pour rendre l’intégralité de l’œuvre du père Fontaine.
"L’édition originale était un livre en noir et blanc, considéré comme un livre militant ; et c’est vrai que c’est un potomitan de la kiltir kréol. Nous voulons aller plus loin encore et nous envisageons avec RE.AU.VI de réaliser un livret accompagné d’un CD, voire d’un CD-ROM. Il s’agit de faire découvrir une époque, un contexte, des façons de vivre que beaucoup n’ont pas connus".

Anrishir limanité èk nout zistoir

Le texte original était écrit dans la graphie dite 83 (Zistwar Tikok Listwar Tikok). Pour cette nouvelle édition, Mèt Ansanm a choisi d’utiliser la graphie Tangol, dite 2001. Un test selon l’éditeur, les autres graphies (77 et 83) disposant déjà de nombreuses publications.
Les livrets existants sont déjà très réussis, en grande partie grâce au dessinateur François Nativel, qui s’occupe des maquettes de chaque production de l’association, qui signe aussi les neuf numéros de Nout Lang, la seule revue en créole à La Réunion. Emploi-jeune, François Nativel entre dans une phase de pérennisation de contrat.
Le padport introduisant le recueil est signé par un autre prêtre, Janick Fontaine, qui a connu Christian et qui comme lui est un militant culturel débordant d’énergie. Il a d’ailleurs fondé le Mouvman Travayèr Krétyin La Rénion (MKTR). Il salue l’œuvre de l’auteur et nous invite à y entrer : "Kristian, parmi tout dot, la rouv in shëmin, anon rannt dëdan... anon anrishi lïmanité èk nout listoir anou, nout manièr viv, nout valèr, nout rishèss".

Eiffel


La vocation dès l’enfance

Christian Fontaine, prêtre et militant réunionnais

Christian Fontaine est né dans le quartier Carosse à Saint-Joseph, le 23 novembre 1944. Un jour, le prêtre de la paroisse est venu confier à son père, Claudomir Fontaine, et à sa mère, Ivone Clain, le désir de leur garçon de devenir prêtre.
Christian est entré au séminaire de Cilaos à l’âge de onze ans. Puis il est parti au collège Saint-Michel à Madagascar. Là-bas, il passe un baccalauréat de philosophie avant de finir son ministère en France.
En 1912 il est ordonné prêtre et parallèlement à sa recherche spirituelle dans la foi chrétienne, il œuvre aussi pour le peuple réunionnais. Sa lutte politique, culturelle, sociale, l’amène à écrire pour "Témoignage chrétien de La Réunion", au côté du père René Payet et d’Alain Lorraine. C’est là qu’il commence à écrire “Zistwar Tikok, Listwar Tikok”.
Dans les années 1975, il fonde le Fron Kiltirèl Sid. C’est à cette période qu’il lutte en tant que militant culturel, pour que le théâtre populaire et le maloya sortent du fénoir. Soucieux d’aider son prochain, il rejoint le Centre de développement et de promotion sociale. Il étudie le créole et apporte son aide à Radio Pikan. Ses histoires passent à la radio. Mais son heure arrive alors qu’il commence une émission sur la religion.
Le 10 avril 1984, il est victime d’un accident de la route, le 30 avril il décède des suites de ses blessures. À sa mort, l’édition de ses histoires était en projet. Il ne verra donc pas le recueil sortir.


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