Belle ouverture du ’Festival des Révoltés’

Hommage à nos ancêtres révoltés depuis 350 ans et vivent les révoltes du 21ème siècle pour la liberté !

9 décembre 2013

Samedi soir, au cinéma Ritz de Saint-Denis, a été ouverte la 4ème édition du festival cinématographique sur ’les révoltés de l’histoire’ organisé par l’association Protéa, présidée par l’historien réunionnais Bruno Maillard. Cette ouverture fut une grande réussite, à la fois par le grand nombre de spectateurs présents dans la salle et par la qualité des échanges qui ont suivi la projection d’un film documentaire de Laurent Médéa et Anaïs Charles-Dominique au message fort intitulé ’L’horizon cassé’.

Le festival des révoltés a été ouvert par une belle prestation de la chanteuse et fonnkézèz Ingrid Varon avec les musiciens de Bann Zanfan Lamour, Tim à la trompette et Julien à la guitare.

Ce festival a continué hier avec la projection de "Mai 67, un massacre oublié", qui rappelle la violente répression dont a été victime le peuple guadeloupéen en mai 1967 à Pointe-à-Pitre par l’État français lors d’une manifestation de travailleurs du bâtiment. Aujourd’hui et jusqu’à samedi prochain, toujours au cinéma Ritz, d’autres films impressionnants seront projetés sur le thème : "Révoltes populaires au 20ème siècle" (Voir le programme complet publié par "Témoignages" dans son édition du mercredi 4 décembre dernier. L’entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles. Réservation conseillée au 06 92 34 52 95 – www.association-protea.com ).

Revenons sur la soirée de samedi, où le public a été impressionné par le film "L’horizon cassé", qui rappelle comment en février 1991 à La Réunion, l’interdiction d’émettre prononcée les autorités parisiennes — avec la complicité d’élus réunionnais — à l’encontre de la chaîne Télé Free Dom a provoqué « des émeutes sans précédent dans le quartier du Chaudron à Saint-Denis » . Mais ce film montre également que « la durée et l’intensité de cette révolte font très tôt apparaître le profond malaise d’une jeunesse réunionnaise malmenée » et que ce grave problème est « toujours d’actualité » dans un pays où « il y a deux Réunion », selon une sociologue dans le film.

« Plus d’autonomie politique »

Le débat très intéressant qui a suivi cette projection a confirmé cette analyse et un grand nombre de personnes sont intervenues pour dire que ces « événements atroces » de 1991 peuvent se reproduire aujourd’hui dans « une société déséquilibrée » en raison de « la politique injuste menée dans le pays », selon les mots de l’historien Sudel Fuma, président d’Historun, partenaire du festival. Il a ajouté qu’ « il faut réformer la société réunionnaise, par une réponse politique adaptée, de nouvelles solutions, et que la jeunesse se fasse entendre ; il est temps de se réveiller, sinon notre société va de nouveau exploser ».

Évidemment, Jean-Jo, éducateur populaire et participant à la révolte de 1991, a plaidé dans le même but en exigeant que « soit respectée la dignité du peuple réunionnais » et que pour cela on ne peut plus accepter que « l’administration française soit au pouvoir ici à La Réunion avec la complicité de politiciens réunionnais ». Voilà pourquoi Bruno Maillard a déclaré que « de nouveaux "Chaudron" sont annoncés par la situation actuelle » et que « le système actuel est arrivé à son terme ; il faut plus d’autonomie politique pour les Réunionnais ».

Bien d’autres personnes présentes dans la salle sont intervenues dans le même sens, pour dénoncer « les inégalités sociales », « le chômage affolant et le fatalisme cultivé par les gens au pouvoir » . D’autres ont déclaré que « c’est à nous, Réunionnais, d’avoir le pouvoir de décider ce qui nous concerne dans notre pays » et que « la non reconnaissance du peuple réunionnais est la cause principale de nos problèmes sociaux ».

Ce refus de l’assimilation et des inégalités a été fortement approuvé par le public, qui a souvent applaudi les intervenants contestant le système en place. Quand on pense que depuis 350 ans le peuple réunionnais a eu des compatriotes qui ont combattu toutes les formes d’oppressions et d’injustices instaurées par la colonisation — voir par exemple la révolte de nos ancêtres esclaves dans la région de Saint-Leu en 1811 —, on peut se dire que d’autres révoltes à La Réunion comme dans le monde feront avancer la liberté dans notre pays.

L.B.

Ce soir à 19h au cinéma Ritz

"La terre parle arabe"

Un film de Maryse Gargour, Rose production, 2009, 61 mn.

En 1936, les populations autochtones de la Palestine se révoltent contre les violences de toutes sortes commises par les membres de la communauté juive, récemment immigrés. Guidés par une idéologie redoutable, ces derniers ne cherchent pas à s’intégrer sur ce territoire mais à déplacer les paysans arabes afin de les spolier de leur terre. Construit sur des archives audiovisuelles inédites et des interviews d’historiens de renom, une plongée dans les origines de la résistance du peuple palestinien contre la colonisation sioniste.
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