Message du président de la République pour le 10 mai

« Il nous faut refuser l’oubli »

11 mai 2010

Voici quelques extraits du message du président de la République lu dans les jardins du Sénat à l’occasion de la commémoration de la Journée nationale du souvenir de l’esclavage, de la traite négrière et de leurs abolitions. Cette lecture s’est faite en présence de la présidente du Comité pour la mémoire et l’Histoire de l’esclavage, la Réunionnaise Françoise Vergès.

« Nous commémorons aujourd’hui, comme chaque 10 mai depuis 2006, la mémoire des victimes de l’esclavage et de la traite négrière. C’est une cérémonie importante, c’est une cérémonie essentielle, car elle concerne les valeurs fondamentales de notre République et de la France que nous aimons.
Commémorer aujourd’hui l’abolition de la traite et de l’esclavage, c’est refuser l’oubli et c’est affirmer une volonté.
C’est refuser l’oubli, pour ces millions d’hommes et de femmes victimes dans leur chair et dans leur âme d’un système fondé sur une injustice séculaire.
C’est refuser l’oubli du long combat de tous ceux qui n’ont jamais cédé à la déshumanisation qui leur était faite, qui ont fait leurs les idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité. C’est la fierté de la France que de pouvoir compter sur ces femmes et ces hommes qui, par leur insatiable aspiration à la dignité, ont toujours su être au rendez-vous des droits de l’Homme.
C’est affirmer une volonté, celle de la France de lutter avec détermination contre toutes les formes de survivance de l’esclavage au 21ème siècle, et ceci partout dans le monde.
Il nous faut refuser l’oubli, car un pays comme le nôtre est d’autant plus fort qu’il sait assumer son passé, tout son passé, y compris ses pages les plus sombres.
La France se grandit à regarder son histoire en face, en assumant ses parts d’ombre et d’indignité. Le vote de la loi du 21 mai 2001 a marqué une évolution importante sur ce chemin difficile mais nécessaire, en reconnaissant la traite et l’esclavage comme des crimes contre l’humanité, ineffaçables et imprescriptibles. L’instauration d’une journée nationale en 2006, et l’écho qu’elle rencontre depuis lors, démontrent l’importance que revêt pour la société française cette commémoration qui fédère de nombreuses initiatives citoyennes.
En particulier, beaucoup de villes ou de lieux associés à la traite et au commerce triangulaire ont ainsi choisi le 10 mai pour organiser des évènements importants et symboliques, porteurs d’espoir et de réconciliation. Je veux remercier les élus, les responsables associatifs et tous les bénévoles qui en sont à l’origine, et saluer leur courage et leur sens des valeurs.
Par leur action, ils contribuent à construire une mémoire lucide, mais apaisée, afin de promouvoir un idéal d’humanisme, généreux et tolérant, respectueux de chaque individu, de son aspiration à la liberté et à l’épanouissement.(…)
Nous le savons, l’esclavagisme, avec son cortège de détresses et de misères, est loin d’avoir disparu de notre monde. Il est même parfois à nos portes, sous nos yeux presque, dans une démocratie prospère où pourrait naître la légitime tentation de se croire à l’abri.
Aussi, nous devons rester vigilants, parce que nous n’avons pas le droit de transiger sur le respect de la dignité humaine, parce que nous ne pourrons jamais tolérer l’exploitation des plus faibles et des plus démunis.
Liberté, égalité, fraternité : ces trois mots, simples et ô combien forts, guident l’action de la France et fondent son combat pour la justice. La France est la France à chaque fois qu’elle porte ces valeurs universelles de respect des droits de l’homme et de l’individu. »


10 mai

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