Au Port, célébration de l’anniversaire du début de la Révolution en France

« Il y a encore beaucoup de batailles à mener pour que tous les citoyens puissent avoir les mêmes droits »

15 juillet 2013

Hier matin à 9 heures, sur la place du Monument aux Morts de la commune du Port (à côté de l’église Sainte Jeanne d’Arc), a été célébré le 14 Juillet, la date anniversaire de la première grande révolution populaire de 1789 en France, qui a conduit à l’abolition du système féodal et monarchiste. Cette cérémonie a été organisée par la municipalité démocratique du Port, représentée par Mémouna Patel, adjointe au maire, qui était entourée par des représentants des pompiers, de la Marine nationale de France et de la Police nationale de France.
Après un dépôt de gerbes au pied du monument en hommage « aux enfants du Port morts pour la France », l’élue communiste a prononcé un discours très riche sur le plan idéologique à l’intention du public, en particulier des anciens combattants et des élu(e)s communaux. Nous publions ci-après le texte intégral de ce discours, avec des intertitres de ’Témoignages’, où Mémouna Patel souligne notamment les enseignements que nous avons à tirer aujourd’hui à La Réunion de cette révolution en France il y a 224 ans.

Dans le public présent à cette cérémonie, des élu(e)s de la municipalité démocratique du Port et des représentants des anciens combattants. « En ce 14 juillet, symbole de liberté, d’égalité et de fraternité, plus que jamais, nous sommes convaincus que le monde doit changer, que les gouvernances doivent revoir leurs copies et réfléchir à un modèle de société basé sur la justice, la solidarité, le partage des richesses ».

« Mesdames, Messieurs, cher(e)s ami(e)s, merci pour votre fidélité à notre traditionnel dépôt de gerbes ici, en ce lieu de mémoire et de souvenir. Merci d’être là avec nous pour manifester notre attachement aux valeurs essentielles, socles de la République, que sont la Liberté, l’Égalité et la Fraternité ; ces idéaux hérités de la Révolution française, qui aujourd’hui encore nous inspirent et guident nos actes.

Célébrer encore et toujours le 14 Juillet :

- c’est d’abord rendre hommage au Peuple, véritable héros de la Révolution ;

- c’est proclamer notre volonté de préserver l’héritage précieux légué par les fondateurs de la République ;

- c’est poursuivre l’effort, à travers nos engagements, pour que les serments de la Révolution continuent à vivre et soient un jour totalement accomplis.

Un monde moderne régi par la finance et la loi marchande

Si nous mesurons bien le chemin parcouru depuis 1789, nous sommes également conscients qu’il y a encore beaucoup de bastilles à faire tomber, beaucoup de batailles à mener pour que tous les citoyens puissent avoir les mêmes droits et que chacun puisse trouver sa place. C’est le principe de l’égalité, indispensable à l’équilibre de la société.

Après son allocution, Mémouna Patel salue les représentants des pompiers, de la Marine nationale de France et de la Police nationale de France. « Merci d’être là avec nous pour manifester notre attachement aux valeurs essentielles, socles de la République, que sont la liberté, l’égalité et la fraternité ».

La réalité quotidienne nous montre combien cet équilibre est fragile dans un monde moderne régi par la finance et la loi marchande. Nous pouvons constater, l’actualité en témoigne chaque jour, que ce mode de société basé sur le profit ne contribue pas à l’épanouissement humain. Il n’a d’écho que la misère, la frustration et la violence qu’il engendre.

Un système profondément inégalitaire

Les premiers à subir les effets de ce système profondément inégalitaire, ce sont les populations les plus démunies, celles qui vivent dans l’incertitude du lendemain, celles qui connaissent le chômage, la précarité, l’exclusion…, c’est-à-dire une grande proportion de l’humanité.

Alors que 2% de la population mondiale détiennent la moitié des richesses de la planète, un milliard de personnes sont frappées par la faim.

Aujourd’hui, la misère n’atteint pas seulement les pays pauvres. En France par exemple, 8 millions de personnes vivent en dessous du seuil de la pauvreté.

Et sur ce plan, La Réunion est loin d’être épargnée, avec les 52% de sa population qui connaissent ce même sort. À cela, il faut ajouter un taux de chômage parmi les plus élevés du territoire de la République (autour de 30% en moyenne, avec 60% chez les jeunes), sans oublier les 140.000 personnes allocataires des minima sociaux.

Nous ne pouvons nous résigner à une telle situation

Ce sont des constats implacables régulièrement rapportés par les statistiques et les médias, avec des chiffres qui en disent long sur l’état de santé de notre société, un état bien préoccupant. Et lorsque la société est malade, c’est le peuple qui souffre.

Nous ne pouvons nous résigner à une telle situation, nous, élus du Peuple, qui recueillons chaque jour les doléances de nos concitoyens, nombreux à nous faire part de leurs difficultés. Chaque jour, nous nous consacrons à essayer de trouver des solutions pour aider ces personnes, dans la mesure des moyens qui nous sont octroyés et de nos compétences.

C’est pourquoi notre municipalité, soucieuse d’améliorer les conditions de vie de la population, a intégré cette dimension sociale et humaine comme une constante dans ses projets.

Il y a encore des révolutions à espérer

Le malaise qui frappe la société aujourd’hui est profond et dépasse largement les limites de notre petit territoire communal et de notre île. Il sévit à l’échelle de la République française et partout ailleurs dans le monde. Il est la conséquence de la mondialisation économique qui tend à rendre les riches encore plus riches et les pauvres encore plus pauvres.

Alors, en ce 14 juillet, symbole de liberté, d’égalité et de fraternité, plus que jamais, nous sommes convaincus que le monde doit changer, que les gouvernances doivent revoir leurs copies et réfléchir à un modèle de société basé sur la justice, la solidarité, le partage des richesses. Plus que jamais, nous sommes convaincus qu’il y a encore des révolutions à espérer ou à éveiller dans les consciences, tant que vivra en chacun de nous l’espoir d’un monde meilleur. Je vous remercie de votre attention ».


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