Second roman de Bernadette Thomas

Je veux ma place au soleil

30 septembre 2005

Peintre et romancière, Bernadette Thomas aime travailler sur la matière vivante, les jeunes, les problématiques actuelles, la recherche de travail, la recherche d’avenir, le désarroi de la précarité. Dans son nouveau roman, elle traite de la souffrance pour donner de l’espoir.

Difficile de se faire une place dans la société lorsqu’on n’a aucun diplôme et qu’on rêve d’un emploi propre. L’idée qui s’impose à Maximin : chercher un trésor. Voilà en 2 phrases le propos du nouveau roman de Bernadette Thomas qui, après “Le souffle des Disparus”, fait paraître aux Éditions Grand Océan “Je veux ma place au soleil”. À travers diverses rencontres et expériences, le héros fait l’apprentissage de la vie. Le lecteur va le suivre dans son périple : côtes sauvages, ravines, quartiers en ébullition où éclatent des soulèvements populaires. Avec en toile de fond des légendes réunionnaises autour de trésors cachés dans l’île par les pirates, le roman met en scène quelques problématiques actuelles de la société : l’école, la langue, le devenir des jeunes, le chômage... Mais il rappelle également des valeurs simples qu’on a tendance à oublier dans les tourbillons de notre société de consommation : le retour de la Terre nourricière, l’écoute et le respect de la nature, l’entraide...

Donner de l’espoir

L’auteur a voulu "un roman pour se sentir mieux dans une société à plusieurs vitesses où il n’est pas toujours facile de se faire une place au soleil". L’histoire se déroule à Bras La Boue et à Bassin Rouge, quartiers de Saint-Denis. "Le premier situé en bas de la ville, dans une position symbolique, comme à un niveau inférieur, entasse dans des bidonvilles des gens venus de toute l’île et de l’extérieur, explique Bernadette Thomas, des sans travail, des sans famille, des sans orgueil ou des habitants de derrière le soleil dont la vile n’avait jamais voulu". Dans le second lieu "vit une jeunesse sans illusions et sans avenir, prête à descendre dans la rue pour faire valoir ses droits, un quartier chaud".
Il faudra que Maximim atteigne le lieu-dit Fantôme Badamier, dans le Sud de l’île pour renaître et s’accomplir, se réconcilier avec lui-même et avec les autres.

Droit du sol ?

On le voit, ce roman est en prise avec la réalité réunionnaise contemporaine. Si bien qu’il se télescope avec l’actualité. Aussi, avons-nous demandé à Bernadette Thomas son avis sur la polémique du droit du sol et du droit du sang qui stigmatisent certains d’entre nous. Pour elle, "ce sont des êtres humains, ils essaient de trouver leur place au soleil. S’ils sont partis d’où ils étaient pour venir ici, c’est qu’il n’y avait pas de soleil. Il y a dans mon livre la figure d’une Comorienne. J’essaie d’en parler avec tendresse et de dire ce qui se passe dans son cœur. Elle souhaite seulement que ses enfants apprennent à lire, et envisage de rentrer ensuite au pays pour aider ses sœurs".
Que pense-t-elle de ce qu’a pu dire Ibrahim Dindar ? "C’est un discours qui attise le racisme, il n’y a qu’à voir comment il a été attaqué. Venant de sa part, je trouvais que c’était inadmissible qu’un homme aussi haut placé et aussi intelligent puisse lancer un tel pavé... C’était évident que ça allait lui retourner à la figure. C’est vrai qu’il faut trouver des solutions mais la sienne est trop extrême".

Laïcité ?

Et que pense-t-elle de la laïcité réunionnaise ? "On baigne dans toutes les religions. À La Réunion, on arrive à jongler avec tout ça. Le problème du foulard n’a pas à se poser. Par respect pour le syncrétisme religieux, culturel, cultuel, il ne faut pas que des idées extrêmes viennent troubler la paix".

Eiffel


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